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Silhouette d'une femme tenant un enfant dans ses bras dans un parc.

À force de ténacité, une mère retrouve son fils

Marie et Sam sont de retour à Toronto où ils réapprennent à vivre ensemble. Crédit : Service de police de Toronto

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En janvier 2020, une femme signale la disparition de son fils au Service de police de Toronto (SPT). Le père n'a pas déposé l'enfant à l'école comme prévu.

La famille s'est installée au Canada en 2017, mais Marie se sépare peu après de son conjoint en raison de la violence qu'il lui inflige. Le couple définit lui-même les modalités de la garde partagée de leur fils de quatre ans, Sam, et lorsque Marie décroche un nouvel emploi, le père accepte de déposer le petit à l'école. Seulement voilà, au bout de quelques mois, le père s'enfuit à l'étranger en emmenant l'enfant.

Saisi du dossier, le gendarme-détective Jason Ferreira du SPT obtient rapidement confirmation de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien que Sam et son père ont bien quitté le pays et se trouvent en France, pays dont ils ont tous deux la nationalité.

L'enquête prend une dimension internationale

« D'emblée, la question du ressort se pose et nous avons presque immédiatement demandé de l'aide », relate le gend.-dét. Ferreira, habitué à enquêter sur des cas d'agression sexuelle et de violence familiale et sur des délits impliquant des jeunes à la Division 51 du SPT (centre-ville).

Après avoir parlé à Marie, il communique avec le Centre national pour les personnes disparues et les restes non identifiés (CNPDRN) de la GRC, qui a l'habitude des dossiers complexes d'enlèvements internationaux d'enfants.

« Nous avons établi un partenariat étroit dès le départ », confirme la gend. Yelena Handy, enquêtrice au CNPDRN. « Le gend.-dét. Ferreira cherchait des solutions et voulait savoir comment nous pouvions l'aider. »

Les enquêteurs du CNPDRN ont joué un rôle déterminant en mettant leurs connaissances spécialisées, leur réseau à l'étranger et leur expérience en matière d'enquête au profit de ce dossier multinational complexe.

« Difficile de savoir par où commencer lorsqu'on est face à son premier cas d'enlèvement parental international », analyse la gend. Handy. « Notre centre est ouvert 24 h sur 24 à longueur d'année. Si un corps policier a besoin d'aide immédiate parce qu'un parent vient d'enlever son enfant et qu'ils sont tous deux à bord d'un avion, nous sommes là pour aider. »

Le gend.-dét. Ferreira confirme que le CNPDRN a apporté une aide précieuse.

« Ils ont des contacts que je n'ai pas et ont communiqué avec des organismes que je n'aurais pas pu joindre nécessairement », fait-il remarquer. « Nous avons travaillé main dans la main. »

Des hauts et des bas

Avec l'aide d'Interpol et de la police française, les policiers canadiens ont réussi à localiser Sam et son père en France. Mais lorsque, munie d'une ordonnance judiciaire ontarienne, Marie a voulu récupérer son fils en mars 2020, les choses se sont compliquées sur le plan procédural.

Les policiers et Marie se sont alors tournés vers l'Autorité centrale pour la Convention de La Haye en Ontario. Signé par plus de 80 pays, le traité de la Convention offre aux parents un mécanisme civil qui leur permet de ramener leurs enfants à la maison.

Par l'intermédiaire de l'Autorité centrale, Marie a obtenu une autre ordonnance judiciaire pour le retour de Sam, mais ses espoirs se sont envolés lorsque le père s'est de nouveau enfui avec l'enfant au lieu de prendre le vol qui devait ramener Sam au Canada.

« C'était comme des montagnes russes, » se souvient la gend. Handy. « Parfois ça avançait, puis quelque chose se passait et on reculait. »

La gend. Handy et le gend.-dét. Ferreira ont travaillé avec Interpol à la publication de notices visant à empêcher le père de quitter la France avec l'enfant. L'affaire est ensuite restée au point mort jusqu'à ce que Marie apprenne six mois plus tard qu'ils se trouvaient au Cameroun où, croit la police, ils seraient entrés clandestinement.

Un tournant a finalement eu lieu en juin 2021, lorsque Marie s'est rendue au Cameroun et a rencontré des responsables de la police locale. Deux mois plus tard, elle serrait enfin dans ses bras son fils Sam, désormais âgé de six ans, lors de retrouvailles émouvantes, plus d'un an et demi après son enlèvement.

« C'est la nouvelle que tout enquêteur espère : apprendre que l'enfant a été retrouvé et qu'il est retourné auprès du parent qui en a la garde », confie le gend.-dét. Ferreira. « Il m'est arrivé de ne plus y croire et le mérite revient à la mère, qui n'a jamais abandonné. »

Tout au long de l'enquête, les policiers ont reçu l'appui de l'Agence des services frontaliers du Canada, Immigration et Citoyenneté Canada, d'Affaires mondiales Canada, des agents de liaison de la GRC, de la Police nationale française, de l'ambassade de France à Yaoundé et de la Gendarmerie nationale camerounaise.

Retour au bercail

En septembre, Marie et Sam étaient enfin en route vers le Canada.

La gend. Handy, qui s'est occupée de leur retour dans le cadre du programme de réunification du CNPDRN, a suivi la progression du vol sur son écran à Ottawa.

« Nous étions très impatients de les voir revenir », s'exclame-t-elle. « Tout le monde avait tant travaillé et il y avait eu tellement d'émotion durant ces 18 mois. »

Le gend.-dét. Ferreira a accueilli Marie et Sam à leur arrivée à l'aéroport, point d'orgue d'une affaire à laquelle il avait consacré tant d'énergie pendant plus d'une année et demie.

Le père est toujours visé par un mandat pancanadien; il est passible de poursuites pour enlèvement parental s'il revient un jour au Canada.

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