Vol. 77, Nº 1Reportages

Des initiatives qui portent leurs fruits

L'engagement canadien dans des partenariats uniques

L'agente Johanne Lesage du SPVM conseille des policières rwandaises sur la conduite d'un véhicule 4x4. Crédit : Cap. Tai Chang

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Comme la police canadienne prend part à des missions de paix partout dans le monde depuis plus de 25 ans, elle est souvent appelée à participer à des programmes internationaux. Son travail acharné et son dévouement au fil des ans ont valu au Canada une réputation de chef de file en matière de maintien de la paix.

Par l'intermédiaire du Développement policier international (DPI) de la GRC, la police canadienne maintient actuellement trois partenariats qui ont des répercussions mondiales : elle aide les Nations Unies à augmenter l'effectif féminin des missions de maintien de la paix, elle fait partie d'une équipe internationale qui aidera le Cambodge à enquêter sur des crimes commis durant l'ère des Khmers rouges et, depuis peu, elle contribue à un programme unique de perfectionnement des cadres policiers supérieurs en collaboration avec plusieurs pays européens.

L'effectif féminin en mission

À l'automne 2014, sept policiers de quatre services de police du Canada étaient en Afrique pour le projet de formation de l'Équipe d'assistance pour l'évaluation et la sélection (SAAT) de l'ONU visant à accroître le nombre de policières dans les missions de paix.

L'Équipe passe une semaine dans des pays qui affectent des policiers à des missions et évalue les compétences des postulants (compréhension de l'anglais ou du français, rédaction de rapports, tir et conduite, compréhension du contexte de l'ONU et entrevue d'emploi).

En 2013, en vue d'accroître le nombre de femmes en mission, l'ONU a mis sur pied une évaluation de la SAAT destinée exclusivement aux femmes. Le faible taux de réussite initial a poussé l'ONU à demander au Canada de fournir des instructeurs pour offrir une formation de deux semaines afin que les candidates acquièrent les compétences nécessaires aux missions avant d'être évaluées par la SAAT.

Entre septembre et novembre 2014, les sept policiers spécialement formés du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), du Service de police de la Ville de Québec, de la Police provinciale de l'Ontario et de la GRC se sont rendus au Rwanda, au Burkina Faso et au Cameroun pour donner cette formation, en collaboration avec des représentants de la Division de la police de l'ONU.

En tout, les instructeurs ont travaillé avec quelque 400 policières de ces trois pays.

« Comme j'ai déjà participé à une mission en Afrique, je comprenais le besoin d'augmenter le nombre de policières en mission afin, par exemple, d'aider les femmes et les enfants victimes de crimes, explique le s.é.-m. Marc Charron, un instructeur au Rwanda et au Burkina Faso. J'étais fier de participer à ce projet, qui a entraîné une hausse du nombre de policières envoyées en mission de maintien de la paix. »

Jusqu'à présent, le projet a donné des résultats impressionnants. Le taux de réussite est passé de 35 à 80 p. 100 au Rwanda et de 36 à 80 p. 100 au Burkina Faso (l'analyse des résultats au Cameroun est en cours).

« Cette formation nous a permis non seulement de transmettre notre savoir-faire à ces policières, mais aussi de leur donner la confiance nécessaire pour participer aux missions de paix et représenter leur pays, comme le font leurs collègues masculins, signale l'agente Johanne Lesage du SPVM, qui a donné de la formation dans les trois pays. Ce fut une expérience incroyable que d'avoir une si grande influence positive sur elles. »

La formation a bel et bien permis d'accroître la participation des femmes aux missions : l'ONU a autorisé le déploiement de 90 postulantes du Rwanda et de 16 postulantes du Burkina Faso, et étudie la possibilité d'en déployer cinq du Cameroun.

La GRC examine actuellement le projet afin d'établir le rôle de la police canadienne dans de telles initiatives à venir.

Des enquêtes sur des crimes majeurs

Établie en Suisse, l'Intervention rapide au service de la justice est une organisation intergouvernementale qui gère le déploiement rapide de professionnels de la justice pénale inscrits sur une liste. Ces professionnels, qui viennent des quatre coins du monde, sont qualifiés pour enquêter sur des génocides, des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité et de graves violations des droits de la personne, y compris la violence sexuelle et sexospécifique (VSS).

Depuis 2012, cinq policiers canadiens ont réussi le Cours d'enquête sur la VSS comme crime international de l'Intervention rapide au service de la justice. Pour être inscrits sur la liste de l'organisation et de l'ONU Femmes sur la VSS, les candidats doivent suivre une formation intensive de deux semaines. Deux autres policiers canadiens suivront la formation prochainement.

Ces policiers peuvent maintenant être appelés à intervenir rapidement afin d'enquêter sur des violations des droits de la personne ou des crimes internationaux, y compris des crimes de violence sexospécifique, n'importe où dans le monde.

En octobre 2014, l'Intervention rapide au service de la justice a demandé au Canada d'affecter des enquêteurs sur les crimes internationaux aux Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) aux fins d'enquêtes sur des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre et des génocides qui auraient été commis au Cambodge entre 1975 et 1979 sous le régime des Khmers rouges. Trois enquêteurs (du Service de police d'Ottawa, du Service de police de Vancouver et de la GRC) inscrits sur la liste de l'Intervention rapide au service de la justice ont été choisis et mobilisés en janvier 2015.

Le leadership en mission

Dans plusieurs pays comme le Canada, des policiers dévoués et talentueux veulent venir en aide aux pays émergents et en développement. Toutefois, ils peuvent se retrouver en désavantage concurrentiel lorsqu'ils postulent aux missions internationales en raison de leur manque d'expérience liée aux dossiers multinationaux et culturels.

Pour remédier au problème, la GRC participe depuis trois ans au cours des maîtres du conseil stratégique supérieur sur la réforme policière dans un contexte international de réforme des systèmes de sécurité.

Ce programme novateur prépare les conseillers supérieurs de la police à des déploiements stratégiques à l'étranger en leur permettant d'acquérir les compétences et les connaissances nécessaires pour offrir des services policiers efficaces et responsables.

Le cours des maîtres a été lancé en 2010 par la police nationale des Pays-Bas et l'Équipe internationale de conseil au secteur de la sécurité du Centre pour le contrôle démocratique des forces armées de Genève (Suisse). Les deux pays ont sollicité la collabo-ration du Canada, du Royaume-Uni et de la Norvège en vue d'élaborer un programme de perfectionnement international pour les cadres policiers. Chaque pays doit fournir un programme axé sur un domaine d'expertise précis et, à tour de rôle, donner le cours de deux semaines chez lui.

Mis à l'essai au Royaume-Uni en 2011 et en 2012, le cours est maintenant offert tous les ans : il a été donné en Suisse en 2013, puis en Norvège en octobre 2014.

Le programme vise à approfondir les connaissances des participants sur les principes de la réforme du secteur de la sécurité (RSS) afin qu'ils soient capables d'adapter ces principes à divers contextes. On y enseigne des stratégies pour rester calme, pour conserver un point de vue stratégique et pour optimiser l'efficacité du travail dans divers contextes, en prenant en considération la culture du pays et de l'organisation.

Les participants analysent des cas précis et leur propre expérience pour dégager les compétences (y compris les compétences interpersonnelles), les attributs et les démarches utiles au rôle de conseiller stratégique de la police dans le contexte de la réforme de la police internationale.

Quatre policiers canadiens ont assisté à la dernière séance : le surint. Andris Zarins (directeur du DPI), la surint. Joanne Crampton et le surint. Guy Rook de la GRC ainsi que le chef de police adjoint Sylvain Lemay du SPVM. Des représentants de l'Australie, de la Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et de l'Égypte ont également pris part à l'événement.

« Le cours des maîtres permet aux participants et aux instructeurs d'échanger des pratiques exemplaires et de parler de leurs expériences, en s'appuyant sur les solides compétences qu'ils possèdent déjà, explique le surint. Zarins. En approfondissant nos connaissances sur les aspects politiques et techniques de la RSS, nous sommes mieux outillés pour accomplir une transition réussie des fonctions de policier dans notre pays à celles de conseiller international. »

Jusqu'à présent, plus de 80 représentants de 10 pays ont participé au cours. Le programme a fait ses preuves puisque d'anciens participants ont obtenu des postes de conseillers supérieurs de la police. Par exemple, le chef adjoint Lemay a récemment été affecté à la Mission des Nations Unies en Haïti.

Par l'entremise de l'Arrangement sur la police au Canada, la GRC continue de participer activement à l'élaboration du cours des maîtres et à la sélection de policiers canadiens qui assisteront aux prochaines séances. Le cours sera donné aux Pays-Bas en 2015.

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