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Homme assis à un bureau tenant dans ses mains le portrait d'une femme.

De menus détails permettent de résoudre une disparition

La patience et la minutie de deux policiers de la GRC ont permis d'identifier les restes d'une femme du Nouveau-Brunswick disparue depuis 1974 et de rapatrier sa dépouille. Crédit : GRC du Nouveau-Brunswick

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La persévérance de deux policiers de la GRC a porté fruit. Au terme d'une enquête de deux ans, ils sont parvenus à retrouver une femme autochtone disparue du N.‑B.

En octobre 2017, le cap. Merl Millier a pris connaissance du cas de Martina Marion Sabbatis, originaire de la Première Nation de Kingsclear, vue pour la dernière fois au début des années 1970 mais dont la disparition n'a jamais été signalée à la police.

Le mois suivant, le cap. Millier a ouvert un dossier de personne disparue pour elle, et l'enquête a été confiée au cap. Peter Lach.

« On avait bien une femme disparue puisque personne ne savait où elle était, se souvient le cap. Millier. Elle méritait que la police la cherche. »

« Ça allait être tout un défi, confie le cap. Lach, pour qui les chances de faire la lumière sur cette affaire étaient minces. J'ai quand même suivi toutes les pistes que j'avais et c'est ce qui nous a permis de la retrouver. »

En plus de devoir déterminer si Mme Sabbatis avait disparu, les cap. Millier et Lach devaient confirmer son identité.

En partant de renseignements de base obtenus de sa famille, ils ont fouillé longuement toutes les bases de données possibles, du Centre d'information de la police canadienne aux Archives du N.‑B. Ils ont réuni des données de l'état civil, une description et des détails sur la date à laquelle on a perdu sa trace.

Ils ont fini par créer un profil. En août 2018, Mme Sabbatis était inscrite sur Disparus Canada, le site Web du Centre national pour les personnes disparues et les restes non identifiés (CNPDRN).

Un peu plus d'un mois plus tard, une information cruciale a été reçue. Une Manitobaine, qui consulte le site de temps à autre, a établi un lien entre le profil de Mme Sabbatis et un cas à Toronto datant de 1974.

Il s'agissait du cas d'une femme décédée sur laquelle on avait très peu d'information.

« Elle a été enterrée sous un nom qu'on pensait être le sien – pas celui de Martina Sabbatis, explique le cap. Millier. Mais les descriptions étaient semblables. »

Le cap. Lach a communiqué avec la section des personnes disparues de la Police provinciale de l'Ontario.

Il s'est arrangé pour obtenir des échantillons d'ADN de la famille de Mme Sabbatis au N.‑B. ainsi que l'autorisation d'exhumer le corps de la femme décédée à Toronto aux fins de comparaison.

En septembre 2019, le Service de médecine légale de l'Ontario a confirmé que la personne enterrée à Toronto en 1974 était Martina Sabbatis. Les cap. Millier et Lach ont accueilli la nouvelle avec des sentiments mitigés.

« D'emblée, j'étais soulagé, confie le cap. Lach. D'un autre côté, c'était triste : je connaissais son style de vie, le milieu où elle vivait et comment personne ne savait rien à son sujet lorsqu'elle est morte. À l'époque, il aurait été très difficile de la trouver. Il aurait été impossible de faire le lien comme ça. »

Le cap. Millier ne se contente pas d'avoir résolu le dossier Sabbatis; il veut s'assurer que d'autres personnes portées disparues puissent être retrouvées.

C'est pourquoi il s'est mis à examiner quotidiennement les dossiers de personnes disparues au N.‑B. Il a aussi consulté le CNPDRN pour s'assurer que les profils sont le plus complets possible.

À la suite de sa démarche, une équipe du CNPDRN s'est rendue au N.‑B. pour examiner des cas et fournir des conseils sur leur publication et l'obtention d'échantillons d'ADN. Cet examen – le premier du genre – a mené à des pratiques exemplaires que le CNPDRN utilisera dans d'autres provinces.

« C'est grâce à la publication du profil que nous avons pu résoudre cette affaire, affirme le cap. Millier. Dans n'importe quelle enquête, il vaut mieux avoir trop d'information. Chaque détail, aussi infime soit‑il. »

Des dispositions sont prises en vue de rapatrier la dépouille de Martina Sabbatis afin que sa famille puisse l'enterrer.

« Tout le monde mérite de retrouver les siens, conclut le cap. Lach. Et c'est ce que nous avons fait pour Mme Sabbatis. »

Les deux policiers ont reçu une citation du chef de commandement pour leur travail.

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