Vol. 78, Nº 2Reportages externes

Rassemblement d'aînés et de policiers.

Victimisation des aînés

La police de Calgary s'attaque aux délinquants

Des membres du Service de police de Calgary en compagnie de citoyens lors d'un rassemblement durant la journée mondiale de sensibilisation à la maltraitance des personnes âgées. Un Canadien sur cinq connaît un aîné victime de maltraitance. Crédit : Service de police de Calgary

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Un homme de 86 ans victime de violence physique et d'exploitation financière par son fils.

Un homme de 58 ans inculpé pour voies de fait et menaces à l'égard de sa mère âgée emménage dans son sous sol pour faire pression afin de lui soutirer de l'argent.

Une femme âgée de 79 ans aux vastes antécédents de violence physique et émotionnelle non déclarée de la part de son époux de 82 ans signale avoir été frappée, secouée et menacée par lui.

Et ce ne sont que quelques-uns des cas signalés à l'Équipe d'intervention en cas de maltraitance envers les aînés (EICMA) dans l'année écoulée.

Établie en 2011, l'Équipe constitue un partenariat entre le Service de police de Calgary (SPC), CARYA (anciennement les Calgary Family Services) et le centre Kirby. Celui-ci offre des renvois directs à l'EICMA, tandis que des travailleurs sociaux de CARYA et des membres du SPC assurent une intervention auprès des aînés victimisés. Environ 80 p. 100 des renvois se font directement à partir des demandes d'intervention de la police.

L'Institut canadien de recherche sur le droit et la famille a effectué une évaluation exhaustive du projet pilote de l'EICMA entre 2011 et 2014. Le projet a été financé à même le Safe Communities Innovation Fund. Aujourd'hui, l'Équipe est entièrement fonctionnelle.

L'Équipe a pour objectif de réduire la victimisation des aînés en offrant un éventail de services multidisciplinaires. Elle offre des services directement aux victimes de 65 ans et plus vivant à Calgary, qui ont une relation de confiance avec leur agresseur (conjoint, membre de la famille, petits-enfants, enfants adultes, soignants) et contre lesquelles on soupçonne qu'un délit criminel a ou aurait été perpétré.

Une infraction criminelle peut comprendre la violence physique ou sexuelle, la négligence, l'exploitation financière et la fraude, ainsi que la violence psychologique. Pour l'EICMA, les cas de violence envers les aînés dans une relation de confiance excluent les délits perpétrés par un inconnu.

La nature délicate de la dynamique familiale

Beaucoup de facteurs, notamment la dynamique familiale, peuvent être en cause dans ces cas : aînés aux prises avec des problèmes d'isolement, de mobilité ou de capacité cognitive, l'absence d'appuis sociaux et la dépendance d'autrui. Le SPC estime qu'une solide intervention communautaire coordonnée s'impose pour relever la sensibilisation et prévenir ces crimes ou intervenir à leur égard.

Durant le projet pilote, on a recueilli des données sur le genre de mauvais traitements signalés à la réception des dossiers : la violence verbale domine les dossiers, suivie de l'exploitation financière et de la violence émotionnelle. Plus des deux tiers des victimes âgées vivaient avec leur abuseur présumé et les abuseurs présumés les plus courants étaient les enfants adultes suivis du conjoint ou du partenaire.

L'EICMA enquête sur les dossiers ayant une dimension criminelle. Elle comprend deux policiers travaillant de concert avec deux travailleurs sociaux, ainsi que deux policiers supplémentaires qui enquêtent principalement sur les dossiers n'exigeant pas d'expertise ou de ressources en travail social. Lorsque le dossier ne relève pas du criminel, il est renvoyé aux partenaires communautaires aux fins de suivi et de soutien.

L'Équipe traite d'un éventail de cas impliquant différentes formes de maltraitance, souvent combinées.

Exploitation financière : En février 2015, l'Équipe a enquêté sur le cas d'un homme de 62 ans qui souffraient de complications postpolio et d'un ami en qui il avait confiance, âgé de 63 ans. La victime était confinée à un fauteuil roulant et l'« ami » a offert de faire ses courses. Elle a autorisé son ami à utiliser sa carte de crédit et sa carte de débit pour faire l'épicerie et acheter de l'essence en échange des courses, mais pas d'autres achats. La victime a constaté plusieurs transactions non autorisées sur ses cartes totalisant plus de 28 000 $.

L'enquête a entraîné la délivrance d'ordonnances de communication de dossiers financiers, de vidéos et d'instantanés des transactions, ainsi que le dépôt d'une accusation de vol de plus de 5 000 $. L'EICMA a communiqué avec les services de transition et de soins à domicile pour accélérer le déménagement de la victime dans un établissement de soins, puis a rencontré les membres de la famille pour faciliter une demande de procuration et, enfin, a assuré la protection du reste des fonds de la victime. L'accusé a plaidé coupable durant l'instance qui s'est soldée par une ordonnance de sursis.

Violence physique et exploitation financière : En juin 2015, l'EICMA a enquêté sur le cas d'un homme de 86 ans qui a été victime de violence physique et d'exploitation financière de la part de son fils. Les membres de l'Équipe ont transporté la victime à un foyer d'hébergement et obtenu une ordonnance de protection d'urgence.

Le fils courant toujours, l'Équipe a obtenu un mandat d'arrestation à son égard. Le fils est revenu et a forcé l'accès au logis, enfreignant l'ordonnance de protection et agressant de nouveau son père, ce qui a provoqué l'hospitalisation de ce dernier. L'EICMA a facilité l'évaluation des capacités de la victime en prenant contact avec les médecins à l'hôpital.

Comme il n'y avait personne apte ou disposé à assumer la garde de la victime, l'EICMA a contacté le Bureau du Tuteur et curateur public, qui a assumé la garde.

Exploitation financière : En août 2015, l'Équipe a pris connaissance d'un homme de 90 ans victime d'exploitation financière par un ami de confiance de 50 ans qui a dépensé plus de 160 000 $ à l'insu et sans le consentement de la victime. L'enquête a donné lieu à la rédaction et à l'obtention de plusieurs ordonnances de communication, à l'interrogation de plusieurs personnes et à la consultation de la Couronne. Elle suit son cours.

Exploitation financière : En septembre 2015, l'EICMA a enquêté sur un locataire âgé de 34 ans qui aurait volé des chèques à son propriétaire âgé. L'homme a été accusé d'usage de faux et s'est vu imposer des conditions de non-communication – directe ou indirecte – avec le propriétaire. L'EICMA suit le dossier de près; une vérification de routine auprès du propriétaire a révélé que le prévenu se cachait dans un local d'entreposage.

L'Équipe a arrêté le délinquant et porté contre lui deux chefs d'accusation de violation d'une ordonnance de probation. Elle a collaboré à l'admission de l'homme de 74 ans à l'hôpital, recommandé l'obtention d'un lieu d'hébergement et d'évaluations de la capacité cognitive, et informé la famille au sujet d'une directive personnelle et d'une procuration. Par suite de l'intervention, l'aîné a pu rentrer chez lui et vivre en sécurité, de façon épanouie et avec le soutien nécessaire au sein de la collectivité.

Violence physique et exploitation financière : Simultanément, l'EICMA a enquêté sur le cas d'un homme de 58 ans accusé de voies de fait et de profération de menaces à l'égard de sa mère de 79 ans. Peu après, la fille de la victime a informé l'Équipe que le fils vivait dans le sous-sol de sa mère, en violation de son engagement, et faisait pression sur elle pour obtenir de l'argent. L'EICMA a arrêté le fils pour violation de son engagement et expulsé une autre personne indésirable des lieux à la demande de la mère. Celle-ci demeure actuellement dans un milieu sain, exempt de violence, avec l'appui de sa famille et de ses amis.

Violence physique et psychologique : L'EICMA a enquêté sur un cas de violence au foyer entre un homme de 85 ans et sa femme de 79 ans. Il existe de vastes antécédents de violence physique et émotionnelle non signalée et un incident récemment signalé où l'agresseur a frappé, malmené et menacé la victime.

Une entrevue accusatoire a abouti à l'aveu de culpabilité et au dépôt de deux accusations criminelles. L'Équipe a maintenu son appui à la victime tandis que celle-ci a été transférée d'une maison de refuge à un logement pour aînés subventionné par l'État où elle demeure actuellement – heureuse et à l'abri de toute violence conjugale.

Conclusion

Avec un taux annuel estimatif de 9 000 aînés victimes de maltraitance à Calgary, l'EICMA joue un rôle essentiel.

Outre l'enquête sur ces crimes graves, l'Équipe participe à des initiatives avec ses partenaires communautaires afin de sensibiliser les gens à la maltraitance envers les aînés, enseigner à ceux-ci à se protéger contre la violence et la fraude, et renseigner sur les ressources communautaires disponibles.

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