Vol. 81, Nº 4Reportages

Un policier de la GRC en uniforme assis devant un ordinateur.

À l’affût des cyberprédateurs

Intervenir rapidement pour secourir des enfants

Les groupes de la LIEE de la GRC misent sur la technologie et les techniques d'enquête spécialisées pour cibler les pédoprédateurs en ligne. Crédit : RCMP

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Partout au Canada, les groupes de répression de l'exploitation en ligne d'enfants reçoivent plus de signalements, misent sur de nouvelles technologies et nouent des partenariats pour contrer la diffusion en ligne d'images de sévices pédosexuels.

« À mon arrivée, on menait un peu plus de 200 enquêtes par année, mais aujourd'hui, on frise les 500 », note le s.é.‑m. Scott Lambie de la GRC, qui supervise le groupe de la Lutte intégrée contre l'exploitation des enfants (LIEE) de la Saskatchewan depuis près de quatre ans.

L'an dernier, le Centre national des crimes d'exploitation d'enfants (CNCEE) de la GRC a reçu plus de 61 000 plaintes, ce qui représente une hausse de 616 p. 100 depuis 2014.

Des partenariats fructueuxs

Pour s'attaquer à ce phénomène grandissant, les policiers travaillent en collaboration. Les groupes de la LIEE réunissent des agents de la GRC et de services de police municipaux, ce qui permet la mise en commun des ressources d'enquête.

« Ce modèle assure une collaboration à l'échelle de la province », explique le s.é.‑m. Lambie, dont le groupe compte des policiers de Prince Albert, de Saskatoon et de Regina.

En Colombie-Britannique, le groupe de la LIEE a établi une stratégie provinciale pour donner une formation et des conseils aux détachements locaux de la GRC sur les enquêtes visant des cas de cyberexploitation d'enfants, ce qui l'aide à gérer sa lourde charge de travail.

« Nous essayons de préparer les membres pour qu'ils aient la formation et le savoir requis pour faire enquête lorsque ce genre de dossier aboutit sur leur bureau », précise la serg. Natalie Davis, enquêtrice au groupe de la LIEE de la Colombie-Britannique.

Le partage de ressources s'avère particulièrement utile lors des perquisitions.

« Les articles recherchés peuvent être tout petits, comme des clés USB. Il est important d'avoir suffisamment d'agents pour mener la perquisition et recueillir les éléments de preuve correctement », souligne le serg. Chad Norman, du groupe de la LIEE de Terre-Neuve-et-Labrador, qui compte des agents de la Royal Newfoundland Constabulary.

Si les policiers trouvent un dispositif pouvant contenir des images d'enfants exploités sexuellement, des technologues judiciaires recueillent les données et les analysent au moyen d'un logiciel qui catégorise les images afin que les policiers y soient exposés le moins possible.

Les méthodes policières traditionnelles gardent tout de même leur importance.

« Il faut savoir mener des interrogatoires, recueillir des déclarations, rédiger des mandats de perquisition et suivre la preuve, nuance le s.é.‑m. Lambie. La technologie n'est qu'un outil. »

L'infiltration en ligne

Les renseignements transmis aux groupes de la LIEE viennent souvent du CNCEE, qui reçoit certaines informations du National Centre for Missing and Exploited Children des États-Unis, auquel les sites Web américains doivent signaler les soupçons de contenu illégal.

Beaucoup d'enquêtes partent de ces renseignements, mais les groupes de la LIEE travaillent aussi de façon proactive en se faisant passer pour des jeunes ou pour des prédateurs dans les clavardoirs, les médias sociaux et divers autres lieux virtuels.

« Si un prédateur sait que des enfants visitent un site Web donné, il s'en servira pour les leurrer ou pour commettre d'autres infractions », fait valoir la serg. Davis.

Les opérations d'infiltration sont efficaces, mais exigeantes. L'enquêteur doit être prêt à poursuivre l'échange sous son identité fictive en tout temps, y compris à partir de chez lui.

« Il doit faire preuve de souplesse et être bien formé », ajoute le serg. Norman.

Tout au long de l'opération, le policier suit le protocole d'enquête, évite d'inciter son interlocuteur à commettre une infraction et tient son superviseur au courant.

« Presque tous les dossiers découlant de ce travail sont urgents et doivent être traités immédiatement », constate la serg. Davis.


L'immense nombre de cas oblige la police à donner la priorité aux incidents qui exposent un enfant à un danger imminent. Elle agit alors sans tarder, comme lors de la mobilisation générale déclenchée pour sauver deux enfants canadiens en péril.

Quelques jours après le signalement, les groupes de la LIEE de la Saskatchewan et de l'Alberta ont secouru les enfants et fait deux arrestations dans des villes à 1 000 km l'une de l'autre.

« Nous avons identifié les prédateurs et mis les enfants en sécurité en moins d'une semaine, résume le s.é.‑m. Lambie. C'était extraordinaire. »

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