Vol. 80, Nº 3Entretien

Policière assise à un bureau, qui regarde vers le côté.

« À mon tour de redonner quelque chose à l’organisation »

La commissaire Brenda Lucki présente sa vision de la GRC

La comm. Brenda Lucki dit vouloir que les employés soient responsables envers soi et devant les autres, et qu'ils soient fiers de la Gendarmerie. Crédit : Serge Gouin, RCMP

Polyvalente, la commissaire Brenda Lucki a mené des enquêtes antidrogue à Granby (Québec), participé à une mission de la Force de protection des Nations Unies en ex-Yougoslavie, formé des gardiens de la paix, enseigné à l'École de la GRC (Division Dépôt) et exercé divers rôles opérationnels au Manitoba, en Saskatchewan et en Alberta avant d'être nommée commandante de la Division Dépôt. Lors d'un entretien avec Katherine Aldred, rédactrice de la Gazette, elle a parlé de sa vision de l'organisation et de son nouveau rôle, le plus beau à ce jour, estime-t-elle.

Qu'est-ce qui vous a incitée à briguer le poste de commissaire?

J'ai toujours été attirée vers des postes qui m'offraient la possibilité d'apporter des changements positifs. Quand j'étais commandante de la Division Dépôt, j'avais vraiment le sentiment que la vie m'avait fait le plus beau cadeau, mais j'avais tort, parce que ce cadeau, c'est maintenant que je l'ai. Je crois que j'ai été très chanceuse tout au long de ma carrière et que la GRC m'a beaucoup donné. C'est maintenant à mon tour de redonner quelque chose à l'organisation.

Dans votre premier discours, vous avez promis de moderniser la GRC. Qu'est-ce que cela signifie pour vous?

Je vois deux éléments à cet objectif : les personnes et les collectivités. Pour moderniser la GRC, je dois m'assurer qu'elle possède les bonnes ressources pour faire son travail, et ce, en quantité suffisante. Nous devons rémunérer nos employés équitablement, veiller à leur santé physique et mentale, assurer la sécurité des Canadiens et renforcer les liens de confiance au sein des collectivités et avec les peuples autochtones. C'est ainsi que nous devons nous moderniser.

L'organisation a plusieurs défis internes et opérationnels à relever. Comment entendez-vous les affronter?

Je suis du genre à voir le verre à moitié plein, alors pour moi, les défis sont plutôt des occasions à saisir. Et je pense qu'il faut prendre notre temps. Si nous éprouvons des problèmes, ils ne sont pas survenus du jour au lendemain et ils ne se régleront pas en criant ciseau. C'est comme quand on prend du poids : les kilos s'accumulent graduellement et ne fondent pas tout d'un coup. Il faut examiner les enjeux un à la fois, voir comment ils se rapportent les uns aux autres et demander l'avis de tous les employés, car je veux que chacun embrasse les mesures dont nous déciderons. J'ai une philosophie de leadership très axée sur la consultation.

Parlant de leadership, quel genre de dirigeante aspirez-vous à être?

Je veux que les gens puissent s'identifier à moi. Être authentique, crédible, bienveillante et créative. Ne pas craindre la vulnérabilité — ce que je trouve très important chez un leader. Comme je l'ai dit tantôt, j'accorde beaucoup d'importance à la consultation. Je n'ai pas à avoir toutes les réponses puisque je peux compter sur l'aide de gens extraordinaires, mais je ne dois pas me gêner pour poser des questions. Voilà le genre de leader que je veux être.

Certaines questions préoccupent beaucoup les membres de la GRC, dont la rémunération et la syndicalisation. Comment entendez-vous faire avancer ces dossiers?

J'ai vraiment hâte de m'attaquer aux dossiers des postes vacants, de la rémunération et des avantages sociaux avec les nouveaux agents négociateurs. Ils défendront activement les intérêts de nos membres et employés. Un nouveau cadre régira les échanges, mais je pense que ce sera positif car l'organisation pourra mieux faire entendre sa voix. Et je crois vraiment que les membres et les employés méritent que leur travail soit rémunéré à sa juste valeur.

Comment entendez-vous communiquer avec les employés sur les questions importantes et rester à l'écoute de leurs inquiétudes?

La taille de l'organisation complique toujours les choses, mais je compte me rendre dans les divisions aussi souvent que possible. Je préfère les échanges en personne. Je constate cependant que les temps ont changé.

Quel est le conseil le plus utile que vous ayez reçu en tant que policière? Comment l'appliquerez-vous dans votre rôle de commissaire?

Je disais quatre choses à tous les nouveaux gendarmes à la fin de leur formation. Apportez des améliorations dans chaque collectivité où vous passez; faites preuve de gentillesse et veillez les uns sur les autres; prenez soin de votre santé mentale, physique et spirituelle; et surtout, amusez-vous. C'est la philosophie que j'ai l'intention de suivre dans mon nouveau rôle.

Et avez-vous commencé à vous amuser?

Oui, même s'il est un peu tôt pour le dire!

Que tenez-vous à faire savoir aux employés en ce début de mandat?

Nous sommes une organisation formidable, il ne faut pas l'oublier. Nous faisons énormément de choses très habilement. C'est grâce à l'excellent travail que chaque employé accomplit de jour en jour. Je veux surtout que chacun demeure responsable envers soi, tout en ayant le courage de l'être devant les autres. Que tous s'approprient leur Gendarmerie et en soient fiers.

Dans votre premier communiqué, vous avez dit : « Un employé peut changer les choses, mais chacun devrait essayer de le faire. » Que vouliez-vous dire?

Chacun de nous peut apporter de petits changements, mais l'essentiel n'est pas de changer quelque chose, c'est de se lancer, de faire l'effort, d'aller un peu plus loin pour devenir celui qui y parvient.

Où souhaitez-vous que l'organisation soit rendue dans un an?

Je veux qu'elle soit plus agile et plus compétente. Plus inclusive, plus respectueuse et plus tolérante. Et que les collectivités qu'elle sert lui fassent davantage confiance.

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