Lorsque la GRC est appelée à gérer une crise au Nouveau-Brunswick ou à l'Île-du-Prince-Édouard, c'est la surint. Lucie Dubois qui décide quand dépêcher un véhicule tactique, une escouade antibombe ou une équipe cynophile sur les lieux. Elle est l'une des six commandants des interventions critiques (CIC) qui se chargent du déploiement de ressources spécialisées dans la région. Patricia Vasylchuk s'est entretenue avec elle sur son rôle et les défis qu'il comporte.
À quel moment un incident devient-il une crise?
Il y a crise quand une menace de haut niveau exige la planification stratégique d'une intervention tactique allant au-delà des fonctions de police générales, par exemple lorsqu'il faut le soutien du Groupe tactique d'intervention (GTI) ou d'une équipe spécialisée dans les explosifs.
Quel sont les incidents les plus courants?
On voit surtout des sièges armés. C'est habituellement une personne barricadée qui menace de se suicider ou de s'en prendre à des otages.
En quoi consiste le travail du CIC?
Le CIC est responsable des interventions pendant le déroulement de l'incident. Dans un premier temps, je reçois l'appel du répartiteur, qui explique la situation et les démarches faites jusque-là par les policiers. Je fais alors une évaluation des risques pour déterminer s'il y a lieu de faire appel à des équipes spécialisées. Quand la situation l'exige, je déploie toutes ces équipes, par exemple le GTI et les Services cynophiles, ainsi que le matériel nécessaire. Le CIC s'occupe de toutes les interventions planifiées des équipes spécialisées et de toutes les décisions sur le terrain.
Que se passe-t-il sur les lieux de l'incident?
On établit un triangle de commandement doté du personnel et de la technologie nécessaires. Le chef du GTI, le chef de l'équipe de négociation et le CIC en représentent les pointes. Ensemble, on décide des mesures à prendre. Le corps policier local participe à l'intervention aussi. On est là pour lui donner du soutien, mais après le départ de la GRC, c'est lui qui poursuivra l'enquête.
Comment prenez-vous les décisions?
La priorité est la sécurité de tous, y compris la personne à l'origine de la crise. On évalue donc les menaces, en tenant notamment compte des antécédents du suspect, de son état d'esprit, des armes en présence, du risque pour le public, du lieu et de l'heure de la journée. Je pense aussi à mes policiers. Ils ont beau être bien formés et compétents, je les mets quand même en danger. On aborde chaque situation selon une approche mesurée, donc aussi peu agressive que possible.
Comment le lieu influe-t-il sur l'intervention?
Le lieu présente souvent des défis, qu'il soit dans un secteur rural ou urbain. Il est très important que les équipes spécialisées soient capables de composer avec des facteurs tels que la distance, le manque de service cellulaire ou les zones accessibles uniquement par bateau, comme l'île Grand Manan. Elles collaborent en permanence avec des organismes partenaires tels que d'autres corps policiers et des fournisseurs de services cellulaires pour établir des plans de secours ou utiliser une technologie différente en cas de besoin. On s'adapte et on intervient en conséquence.
Quel rôle les conditions météo jouent-elles?
On peut intervenir aussi bien en hiver qu'en été, mais lorsque des gens sont encerclés quelque part pendant qu'on négocie, il faut tenir compte du passage du temps et du froid.
Combien d'appels recevez-vous?
Ça varie. On peut recevoir trois appels en sept jours ou n'en recevoir aucun pendant des semaines. L'an dernier, il y a eu une vingtaine d'interventions à déploiement complet au Nouveau-Brunswick.
Combien de temps faut-il pour régler un incident?
Selon mon expérience, le délai va de quatre à vingt-quatre heures.
Quelle est la clé de votre efficacité?
La collaboration est vitale. On a une équipe de professionnels hautement qualifiés et de groupes spécialisés qui travaillent bien ensemble. On n'y parviendrait jamais sans eux. J'ai une confiance absolue en l'équipe.