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Dans cet entretien, le comm. Mike Duheme dit s'être donné pour mission de faire de la GRC un employeur de choix

Dans un entretien donné à la Gazette, le comm. Mike Duheme déclare que la simplification du processus de recrutement et le soutien aux opérations comptent parmi ses principales priorités. Crédit : Andrew Marshall, RCMP

La carrière de Mike Duheme l'a mené des services généraux, en Nouvelle-Écosse et à l'Île-du Prince-Édouard, au Groupe tactique d'intervention et à la protection des PDM, à Ottawa. Il a travaillé aux Affaires spéciales I, à la sécurité nationale et au Service de protection parlementaire, puis a été nommé commandant de la Division nationale. Avant sa nomination au poste de commissaire de la GRC, en mars 2023, il occupait les fonctions de sous-commissaire à la Police fédérale. Le commissaire Duheme s'est entretenu avec Katherine Aldred, rédactrice à la Gazette, pour parler de ses priorités et de ce qu'il veut que les Canadiens sachent au sujet de la GRC.

Vous avez jusqu'ici occupé une grande variété de postes à la GRC. Si c'était à recommencer, suivriez-vous un parcours professionnel différent?

Mon seul regret est de n'avoir jamais travaillé dans le Nord. Je devrai sans doute revenir comme réserviste pour le faire. J'en ai eu l'occasion, une fois, mais ça ne cadrait pas avec ma situation familiale. Cela dit, j'ai visité le Nord à titre de commissaire, et j'ai adoré. Les difficultés auxquelles font face nos confrères dans ces régions sont considérables, et leur aptitude à trouver des solutions me remplit d'admiration.

Vous êtes commissaire depuis un certain temps déjà. Quel est le plus grand défi que vous avez rencontré jusqu'à présent?

Je dirais que c'est celui d'arriver à communiquer avec 30 000 personnes de telle sorte que toutes rament dans la même direction. Nous avons plusieurs défis à relever, bien sûr, mais la première chose qui me vient à l'esprit, mis à part le recrutement, c'est la difficulté de mobiliser efficacement tout le monde sans exception, de la côte Est à la côte Ouest, de la région subarctique aux zones frontalières du Sud.

Il y a peu, vous avez informé les employés que la GRC avait revitalisé ses valeurs fondamentales : agir avec intégrité, faire preuve de respect, faire preuve de compassion, assumer ses responsabilités et servir avec excellence. Quelle importance revêt cette revitalisation?

J'estime qu'il est sain, pour toute organisation, de réexaminer ce qui est en place depuis plusieurs années, et nous avons senti qu'il était temps, pendant le mandat de la commissaire Lucki, de revisiter ces valeurs. Désormais, elles ne renvoient plus à des notions, mais à des actions, et nous devrions tous exiger les uns des autres d'y rester fidèles, sans quoi ce ne sont que des mots creux.

Vous venez de répondre à ma prochaine question en affirmant que vous comptez faire de ces mots des réalités tangibles. Donc, vous disiez que chaque employé devrait incarner ces valeurs?

Oui, y compris les employés de la haute direction, à commencer par moi. L'État-major supérieur que je préside est composé de membres au grade de sous-commissaire ou d'un niveau équivalent, et vu l'autorité dont nous sommes investis, nous devrions tenir chacun responsable de ce qu'il fait et, lorsque quelque chose ne va pas, le signaler et tâcher d'y remédier. Le lieu de travail devrait être un milieu sain. Qu'il y ait des jours plus éprouvants que les autres, c'est normal, mais globalement, chaque journée de travail devrait comporter sa part de positif.

Dans un entretien donné à la Gazette, le comm. Mike Duheme parle de ses priorités et des moyens qu'il entend prendre pour faire de la GRC un employeur de choix

Dans votre première allocution, vous avez énoncé un certain nombre de priorités, notamment le recrutement et le soutien aux opérations. Quels genres de progrès comptez-vous faire dans ces deux dossiers?

Nous n'avons toujours pas trouvé la recette magique pour le recrutement. C'est un domaine où la concurrence est vive, et de moins en moins de gens souhaitent joindre les rangs des organismes d'application de la loi. Or la GRC a beaucoup à offrir en matière de perspectives de carrière. Comme je le disais, notre effectif compte 30 000 employés. Il est possible de travailler sur la côte Est les cinq premières années, puis d'être muté sur la côte Ouest. On peut être affecté dans le Nord. Nous participons à des déploiements à l'étranger et contribuons largement aux missions de maintien de la paix. Les avenues qu'on peut emprunter au cours de sa carrière – je pense notamment aux rôles spécialisés – sont presque infinies. Bref, il est vraiment nécessaire que nous précisions notre vision des moyens à employer pour faire de la GRC un employeur de premier choix. D'autres organismes semblent avoir adopté une approche plus simple en matière de recrutement. Nous devons examiner et revoir notre processus de recrutement, y compris les conditions à remplir. Parmi celles-ci, la mobilité en est une d'importance, car les gens sont de moins en moins mobiles.

Un groupe formé de commandants divisionnaires a récemment présenté un document portant sur les façons dont les divisions de la GRC pourraient mieux soutenir la stratégie globale de recrutement. Ce que nous voulons, essentiellement, c'est alléger le processus, faire en sorte que les postulants soient admis ou rejetés le plus rapidement possible sans pour autant renoncer à la moindre exigence. Ce que nous voulons, c'est un effectif sur le terrain qui soit apte à soutenir le personnel des détachements.

D'un point de vue opérationnel, il s'agit simplement de grossir les rangs du personnel de première ligne dans les plus brefs délais. Nous avons la réputation de lancer des projets pilotes les uns après les autres sans jamais aboutir, et je pense qu'il y a d'autres façons de nous assurer que notre effectif dispose de l'équipement qui convient – par exemple des caméras d'intervention et un uniforme amélioré – pour accomplir son travail. Ici aussi, nous pouvons simplifier les processus. Si nous cherchons à acquérir une pièce d'équipement qu'un autre organisme d'application de la loi possède déjà, et que cette pièce a fait l'objet d'une étude, ne pourrions-nous pas en profiter? Peut-être y a-t-il lieu d'y apporter quelques modifications pour l'adapter aux exigences du travail dans le Nord, mais je ne crois qu'il faille toujours réinventer la roue.

Il y a donc des défis à relever. D'après vous, qu'est-ce que la GRC peut offrir qu'on ne trouve nulle part ailleurs?

Permettez que je revienne sur ce que l'organisation a à offrir : vous pouvez passer trois ans dans un poste de durée limitée, être affecté à l'étranger, vous engager dans la protection rapprochée, vous joindre à un groupe d'intervention tactique, participer aux enquêtes dans certaines divisions. Je crois que la GRC est le pourvoyeur d'une grande variété d'emplois.

Je reviens tout juste d'un séjour en Saskatchewan. Il y a là-bas un groupe consacré à lutter contre le vol de bétail, formé d'enquêteurs sur les animaux d'élevage, dont j'ignorais le rôle prépondérant encore aujourd'hui. Il suffit de parler aux locaux : il existe un besoin réel pour ce genre d'activités. Notre organisation est incomparablement riche dans sa diversité.

Vous avez évoqué la difficulté de mobiliser 30 000 employés. Quelle approche adoptez-vous pour leur parler de questions importantes et pour prendre acte de leurs préoccupations?

J'ai eu la chance d'aller en Nouvelle-Écosse, j'ai passé quelque temps en Alberta ainsi qu'en Saskatchewan, et l'une des choses qui m'ont le plus marqué, c'est le contact direct avec le personnel des détachements et les échanges à cœur ouvert que j'ai eus avec lui. Je ne prétends pas détenir toutes les solutions, et nous ne réglerons pas tous les problèmes en un seul jour. Mais pour moi, il est important d'établir un contact personnel avec les membres et d'écouter ce qu'ils ont à dire.

En Saskatchewan, j'ai visité quelques détachements dont les membres vivent vraiment dans des conditions très difficiles. Certains sont enlisés dans le processus d'emménagement – nous devons apprendre à faire plus vite, sinon c'est nous qui en pâtirons. Dans certains lieux, il n'est pas facile de promouvoir des membres, car ils ont entendu parler de ce problème. Il faut commencer à réfléchir aux façons d'améliorer la situation.

Mais j'ai un réel plaisir à me retrouver en compagnie des nôtres et à converser avec eux au sujet de ce qui les préoccupe vraiment, car je peux assurer le suivi auprès de l'État-major supérieur. Par exemple, et je me réfère encore à mon séjour en Saskatchewan, où l'on comparait les différents modèles de tuques hivernales. On comparait celles que nous utilisons avec celles qu'il nous faudrait. C'est sans doute mineur, mais ce n'en est pas moins une réelle source d'irritation, car notre personnel ne dispose pas de l'équipement dont il a besoin pour accomplir ce qu'il est censé accomplir.

Je crois fermement aux vertus de la communication. Je m'efforce de diffuser des messages pertinents pour notre personnel et d'aller droit au but, sans tergiverser, de manière à me faire clairement comprendre.

Vous avez été fort occupé depuis votre assermentation. Pouvez-vous nous citer quelques-unes des pratiques de mieux-être que vous suivez pour ne pas crouler sous les exigences de votre travail?

C'est une question intéressante. Mon appui le plus solide est ma femme Nathalie. Le week-end, je prends le temps de relaxer, et rares sont les soirs où je ne m'assois pas avec elle pour discuter de certaines affaires en cours, de certains défis auxquels nous sommes confrontés, car elle aussi travaille pour la GRC. Je crois que si je réussis assez bien à gérer mon stress, c'est parce que j'ai grandi au sein de l'organisation. Évidemment, il n'y a pas deux personnes identiques. Il y en a qui optent pour une séance de jogging ou une autre activité physique – dans mon cas, une bonne discussion avec Nat me fait le plus grand bien. Est-ce que certains jours de travail génèrent du stress? Bien sûr. Mais savoir comment on tend à réagir dans certaines situations et, en conséquence, recourir aux outils adéquats, voilà le secret.

S'il y avait une chose, plus que toute autre, que vous souhaiteriez que les Canadiens sachent au sujet de la GRC, quelle serait-elle?

Que notre effectif compte 30 000 employés qui tous, j'en ai l'intime conviction, donnent chaque jour le meilleur d'eux-mêmes pour assurer la sécurité des Canadiens. M'étant jusqu'ici rendu dans ces quelques divisions et ayant rencontré des membres réguliers, des membres civils et des employés de la fonction publique, j'ai pu constater combien remarquable était l'activité déployée jour après jour dans les petits détachements comme dans les plus gros. Le travail effectué dans les divisions, compte tenu des problèmes de recrutement, est excellent. Notre personnel est passionné, très passionné. Et je m'estime privilégié de me trouver à la tête de cette organisation.

Avec un éventail de plus de 150 spécialisations, la GRC offre à ceux qui veulent y faire carrière des possibilités d'apprentissage et de croissance continus. Consultez l'éventail des carrières possibles à la GRC pour voir ce que celle-ci a à offrir.

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