Vol. 76, Nº 3Les faits

Commerce illicite d’organes

Il y a beaucoup plus de personnes sur la planète qui ont besoin d'un nouvel organe qu'il y a d'organes disponibles. Comme dans tout marché où il est possible de faire de l'argent parce que la demande dépasse grandement l'offre, on peut se tourner vers le marché noir pour obtenir ce dont on a besoin. Lorsque la vie d'une personne est en jeu, la volonté de survivre peut passer outre la morale. Les faits suivants décri-vent la face cachée du trafic d'organes.

  • Selon l'Initiative globale pour combattre la traite des êtres humains (UN GIFT), le commerce des organes touche trois catégories de personnes : les trafiquants qui forcent les victimes à donner un organe, les personnes qui, en situation financière précaire, vendent leurs organes, souvent pour ne recevoir qu'une fraction du montant promis ou rien du tout, et les victimes à qui on fait croire qu'elles doivent subir une opération pour ensuite prélever un organe à leur insu.
  • Le trafic d'organes est un crime organisé qui implique de nombreux délinquants, notamment les recruteurs qui trouvent la personne vulnérable, le transporteur, le personnel de l'hôpital ou de la clinique, les professionnels de la santé qui effectuent la chirurgie, l'intermédiaire, les acheteurs et les banques qui entreposent les organes.
  • Selon UN GIFT, il est rare qu'on puisse lever le voile sur l'ensemble du réseau.
  • Une résolution de l'Assemblée mondiale de la santé, adoptée en 2004, encourage les États membres à prendre des mesures pour protéger les groupes vulnérables contre le « tourisme de transplantation » et la vente de tissus et d'organes.
  • Le tourisme de transplantation est le moyen le plus utilisé pour faire le commerce transnational d'organes. Les receveurs se rendent à l'étranger pour subir une transplantation d'organe (Bulletin de l'OMS). Certains sites Web offrent des forfaits tout-compris, p. ex. le prix d'une greffe de rein à l'étranger varie de 70 000 $ à 160 000 $US.
  • Aucune loi canadienne n'interdit aux Canadiens de s'adonner au tourisme de transplantation, c. à-d. se rendre à l'étranger, acheter des organes, se les faire greffer et revenir au Canada.
  • Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), une transplantation sur dix est effectuée au moyen d'un organe humain issu du trafic, soit environ 10 000 par année.
  • Bien que les reins soient les organes les plus couramment vendus, il y a aussi un trafic illégal de cœurs, de foies, de poumons, de pancréas, de cornée et de tissus humains.
  • Dans un récent rapport, Global Financial Integrity affirme que le trafic d'organes, présent dans de nombreux pays, est à la hausse et qu'il génère des profits annuels de 600 millions à 1,2 milliard de dollars.
  • En Iran, le seul pays où le commerce d'organes est légal, les ventes d'organes sont étroitement surveillées et cette pratique a permis d'éliminer la liste d'attente pour les transplantations de reins, en plus d'augmenter les dons d'organes post-mortem, qui ne sont pas rémunérés en Iran.
  • Selon une étude réalisée à l'Université Harvard, les donneurs proviennent de certains pays pauvres d'Amérique du Sud, d'Asie et d'Afrique, tandis que les receveurs sont de pays comme le Canada, les États-Unis, l'Australie, le Royaume-Uni, Israël et le Japon.
  • Selon une recherche effectuée à l'université de l'État du Michigan concernant le marché noir des organes humains au Bangladesh, le prix moyen d'un rein était de 1 400 $US, mais ce prix a diminué en raison d'une offre abondante.
  • Au Bangladesh, où 78 % de la population gagne moins de 2 $ par jour, le commerce naît de la pauvreté. Les personnes vendent leurs organes pour payer des prêts et prendre soin de leur famille. Si elles reçoivent l'argent, elles le dépensent rapidement et sont souvent malades et incapables de travailler après l'opération.
  • D'après l'Association bénévole indienne pour la santé, environ 2 000 Indiens vendraient un rein chaque année. Comme le trafic d'organes est un crime transnational, les services d'application de la loi internationaux doivent collaborer au-delà des frontières pour éliminer ce crime.

— Rédigé par Deidre Seiden

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