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Elle a bravé le feu

Hommage rendu 50 ans après l'incendie

Le s.é.-m. (à la retraite) Garth Hampson échange avec Celine Natoway-Marlowe et le bébé maintenant adulte qu'elle a sauvé il y a 50 ans. Crédit : Brad Hampson

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Au petit matin du 1er janvier 1961, un incendie s'est déclaré dans une cabane de bois de Lutsel K'e, dans les TNO.

Le feu, qui a commencé sous le poêle, s'est rapidement propagé à toute la maison dans laquelle dormaient quatre jeunes enfants. Leur gardienne, Celine Natoway-Marlowe, neuf ans, n'a pas hésité. Elle les a réveillés et a conduit les trois aînés à l'extérieur.

En se rendant compte que le bébé de huit mois était resté dans son lit, elle est ren-trée dans la maison en flammes pour l'en extirper.

Une étincelle

Affecté à l'époque à Fort Reliance, le s.é.-m. (à la retraite) Garth Hampson assurait alors la relève du congé des Fêtes à Lutsel K'e.

Il se souvient avoir été tiré du sommeil par des cris « Au feu! ». En approchant de la porte, il a vu que la maison juste derrière était embrasée.

« En l'absence de pompiers volontaires, on a pris ce qu'on avait — de la neige — pour essayer d'éteindre, mais il n'est rien resté de la maison, se souvient Hampson. Ce n'est qu'après qu'on a su qu'une fillette de neuf ans en avait fait sortir trois enfants et y était retournée pour en sauver un quatrième. »

Impressionné par autant de courage, Hampson a voulu qu'elle en soit récompensée. À l'époque, la GRC ne remettait pas de prix à des civils, aussi il a communiqué avec le gouvernement territorial à Ottawa, mais cela n'a rien donné non plus.

En 2011, Hampson est revenu à Fort Reliance accompagné de son fils. Ils ont pris part à un rassemblement spirituel à quelque 140 km de là et son fils en a profité pour demander si quelqu'un se rappelait de la fillette qui avait sauvé quatre enfants d'un incendie. Le hasard a voulu que Celine Natoway-Marlowe elle-même soit alors à ses côtés.

« Je n'arrivais pas à le croire, s'exclame Hampson. J'y ai vu un signe que quelque chose devait se passer. »

Tombé dans l'oubli

Avec le surint. pr. (à la retraite) Ron Mostrey, qui était le commandant de la Direction générale, Hampson a entrepris d'obtenir pour Natoway-Marlowe la Citation du Commissaire pour bravoure, faisant d'elle le premier non-membre de la GRC à en être décoré dans les Territoires du Nord-Ouest.

Le cap. Jesse Gilbert, chef du Détachement de Lutsel K'e, a organisé la cérémonie sur les lieux. Ami de la famille, il connaissait Natoway-Marlowe depuis quelque temps déjà, et pourtant, il n'avait jamais entendu parler de cette histoire, comme la plupart des gens, d'ailleurs.

« J'ai été surpris de voir combien de gens ne savaient rien de ce sauvetage, surtout dans un endroit où ne vivent qu'environ 320 personnes, » s'étonne Gilbert.

Natoway-Marlowe n'en avait même jamais parlé à sa famille. « Je n'en ai jamais parlé. Ce n'est que maintenant que je leur dis comment ça s'est passé et où c'était. Mes enfants me disent "Mais maman, tu n'avais que neuf ans!" et je leur dis "oui". »

Mais à la cérémonie, on s'est rendu compte qu'Hampson n'était pas le seul à n'avoir pas oublié cet exploit vieux de plus de 50 ans.

Gilbert raconte : « La chef en second s'est levée et a parlé au nom de la chef, qui n'était pas présente ce jour-là. Elle a lu son discours et y a ajouté une note personnelle : "Je tiens à vous remercier personnellement, parce que les gens que vous avez sauvés sont ma famille." On a pu voir que l'héroïsme de cette fillette avait touché beaucoup de gens. »

Une boucle bouclée

Hampson, à la retraite depuis 24 ans, était heureux de voir Natoway-Marlowe rece-voir enfin l'honneur mérité. Cela le travaillait depuis 53 ans.

Pour Natoway-Marlowe, qui enseigne à l'école locale, cette journée a surtout donné un après-midi de congé à ses élèves afin d'assister à la cérémonie. Toujours aussi discrète au sujet de l'acte et de l'honneur, sa voix s'anime quand elle explique ce que cela signifiait pour elle de compter sur la présence de ses élèves.

« En classe, je répète toujours à mes élèves qu'il faut avoir du respect pour tous, explique-t-elle. Je leur rappelle qui ils sont et d'où ils viennent. "Soyez fiers de qui vous êtes" leur dis-je souvent. En me voyant recevoir ce prix, je crois bien qu'ils étaient fiers de qui je suis. »

Reproduit avec la permission du Pony Express ().

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