Avec l'appui de la GRC, bien des communautés autochtones au pays ont lancé des initiatives de planification de la sécurité pour améliorer la vie de leurs résidents.
Pour certaines, le travail va bon train. Pour d'autres, dont la Première Nation d'Esgenoopetitj au Nouveau-Brunswick, l'initiative est relativement récente.
Chaque fois, la GRC ou la police locale collabore avec des partenaires : autorités de la santé, écoles, jeunes et représentants des aînés, entre autres, toujours afin de créer un endroit sûr où vivre tout en respectant la culture et les besoins de chacun.
« Cette planification aidera les communautés à cerner les risques et à dresser un plan pour les atténuer », explique la surint. Shelly Dupont, chef du district Nord‑Est de la GRC au N.-B., qui a participé à une réunion de planification en 2019.
« C'est une démarche efficace, parce que menée sous l'impulsion de la communauté. »
Kyna Kingbird est coordonnatrice du programme de sécurité communautaire à Esgenoopetitj, aussi connue sous le nom de Burnt Church.
« Nous visons la sécurité globale de la communauté; il nous faut donc examiner les enjeux et les résoudre afin d'aider les gens à s'épanouir, dit‑elle. Nous voulons collaborer avec la GRC et créer une stratégie qui soutient tous les éléments de la communauté, notamment en coopérant de façon honnête et transparente avec tous nos partenaires. »
Une approche sur mesure
Le projet, connu officiellement comme l'Initiative en matière de planification de la sécurité des collectivités autochtones (IPSCA), a débuté en 2010 avec un facilitateur financé par Sécurité publique Canada et a été renouvelée en 2014 dans le cadre du Plan d'action pour contrer la violence familiale et les crimes violents à l'endroit des femmes et des filles autochtones.
Grâce à l'élaboration d'un plan, les collectivités autochtones mettent en œuvre des démarches adaptées aux besoins. Un facilitateur de Sécurité publique Canada tient des réunions de travail pour aborder les antécédents et les besoins de la collectivité et fixer les priorités. Le processus se poursuit jusqu'à l'élaboration d'un plan.
La première rencontre à Esgenoopetitj a eu lieu en février 2019.
« Au cours de l'atelier de deux jours, tout le monde s'est exprimé et a été entendu », précise la surint. Dupont, ajoutant qu'on a abordé un vaste éventail de sujets : toxicomanie, violence, prostitution, contrôle des animaux et nécessité de lampadaires supplémentaires.
Mme Kingbird, qui a amorcé son travail en juillet, sait que sa localité est aux prises avec ces problèmes, entre autres, et qu'il incombe de se pencher sur leurs causes profondes.
Le fond des choses
Entre 1999 et 2002, les se sont échauffés lors de la crise de Burnt Church; les membres de la collectivité ont revendiqué le droit de capturer et de vendre le homard hors‑saison, source d'affrontements violents entre les pêcheurs autochtones et non autochtones.
« Le conflit ne s'est jamais dissipé et nécessite encore une médiation », explique Mme Kingbird.
Il y a aussi le cas d'Hilary Bonnell, une fille de 16 ans qui a disparu et a par la suite été retrouvée assassinée en 2009. La victime et l'homme inculpé du meurtre étaient membres de la Première Nation d'Esgenoopetitj.
« L'affaire a ébranlé la communauté, surtout les adolescents », souligne Mme Kingbird.
Les initiatives pour sensibiliser jeunes et aînés à l'histoire de la communauté doivent aussi être soutenues pour prévenir les comportements néfastes chez les deux groupes.
Le serg. Pierre Chiasson, de la GRC, qui participe à la planification de la sécurité dans la communauté, souligne le désir des policiers d'établir des liens concrets avec tous les partenaires.
« Nous devons établir des relations solides parce que la planification de la sécurité est le pilier de la prévention », ajoute‑t‑il.
L'efficacité du plan ne peut se mesurer à l'aide d'une simple liste de vérification.
« Nous sommes déterminés à concrétiser les initiatives, mais il faut d'abord nous assurer que tous les membres de la communauté souscrivent au processus. »