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Entrevue : Le serg. Ryan Case et l’aspect scientifique de la reconstitution de collisions

Le serg. Ryan Case recourt aux lois de la physique en sa qualité d'expert en reconstitution de collisions. Crédit : Christine Ross

Des conditions météo dangereuses au spectacle poignant de victimes de la route, nombreux sont les défis que doivent relever les experts en reconstitution de collisions. Le serg. Ryan Case, gestionnaire du Programme de reconstitution des collisions de la GRC en Saskatchewan, explique à Deidre Seiden comment il arrive, en procédant avec méthode et en appliquant les lois de la physique, à trouver la cause des accidents mortels.

Qu'est-ce qu'un enquêteur en reconstitution de collisions?
C'est un membre spécialement formé dans le domaine de l'analyse des collisions, c'est-à-dire le versant criminalistique de l'enquête menée sur les lieux d'un accident de la route. On fait appel à lui dans les cas de collisions ayant occasionné la mort ou des blessures graves et chaque fois qu'un chef enquêteur ou un enquêteur a besoin d'aide. Son travail consiste à reconstituer ce qui s'est passé et à déterminer les causes et facteurs responsables d'une collision.

Dans quelle mesure ce travail est-il fondé sur la science?
Les enquêtes et le travail de reconstitution sur les collisions s'appuient sur la science physique. On s'intéresse à la manière dont les véhicules se sont entrechoqués, à leur trajet après-collision et à d'autres choses de ce genre. Il n'y a pas une seule de nos enquêtes qui ne recoure aux lois de la physique.

Quel genre d'indices recherchez-vous sur les lieux d'un accident?
En tout premier lieu : les traces de pneus. Les traces avant-collision sont très utiles parce qu'elles révèlent le sens de déplacement et l'emplacement des véhicules impliqués avant qu'ils n'entrent en collision. Ces informations nous aident à déterminer qui quel est le conducteur responsable de l'accident. Les traces de pneus saprès-collision indiquent avec précision le trajet que les véhicules ont parcouru avant de finir par s'immobiliser dans la position où on les a trouvés. Ces traces sont essentielles à nos calculs de vitesse. Nous tâchons d'établir, par leur observation, si elles ont été produites par un véhicule en train de freiner, c'est-à- dire dont les roues sont bloquées pendant qu'il dérape, et, le cas échéant, s'il s'agissait de freins traditionnels, dont tous les véhicules sont équipés, ou de freins anti-blocage. Cela éclairci, on calcule la vitesse en conséquence.

Combien de temps faut-il pour trouver la cause d'un accident?
Dès que l'enquête sur place est terminée, on a une bonne idée de ce qui s'est passé. Cependant, il m'est déjà arrivé, après réflexion et assemblage de tous les éléments, de changer quelque peu d'opinion quant au déroulement des événements. Il faut compter au moins deux ou trois mois pour tout prendre en compte et pouvoir présenter des conclusions solides au chef enquêteur.

Pouvez-vous déterminer avec précision la cause d'un accident?
Dans la vaste majorité des cas, nous sommes capables de produire des conclusions en béton. Il peut toutefois arriver qu'un aspect de l'enquête nous échappe en raison du manque d'éléments probants sur les lieux de l'accident. J'ai l'habitude de dire que ce que nous produisons, ce sont des conclusions ou des opinions éclairées, car elles sont fondées sur des preuves.

Comment faites-vous progresser les enquêtes?
Nous sommes des collecteurs de données en temps réel. Traquant les véritables causes et facteurs contributifs de ces horribles accidents mortels qui surviennent sur nos routes, nous sommes en mesure, par exemple, de dire que tel véhicule roulait à telle vitesse et que celle-ci a donc joué un rôle, ou de déduire de tel ou tel fait que le conducteur ne portait pas de ceinture de sécurité, ce qui a contribué à son décès. Après quoi il revient aux enquêteurs d'adopter la démarche policière qui convient ou de mettre au point une stratégie de réduction des accidents mortels. Nous leur fournissons des données qui leur permettent d'affirmer que tel type d'accident s'explique par telles ou telles raisons et qu'ils peuvent faire ceci ou cela pour améliorer les choses.

Pourquoi avez-vous choisi de faire ce travail?
Ceux qui le font vous diraient sans doute tous la même chose : pour relever le défi. Ce travail ne convient pas à tout le monde. Nous avons le sentiment de contribuer à faire œuvre utile : en établissant les faits, nous permettons parfois aux proches de la victime de tourner la page. Je n'aime pas trop l'expression « que justice soit faite », mais c'est bien ce à quoi nous collaborons quand nous démontrons que telle ou telle infraction est à l'origine d'un accident.

Reproduit avec la permission du Pony Express ().

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