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Des agents de la GRC aident à stabiliser un tonneau à l'aide d'un câble. Une géomembrane est également visible.

La GRC élucide l’affaire du tonneau

La GRC considère que la rigueur du travail d'enquête a été d'une importance capitale dans l'affaire Chad Davis, qui a finalement abouti à deux condamnations pour meurtre au premier degré. Crédit : GRC

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Lorsque le cadavre d'un narcotrafiquant porté disparu a été découvert dans un tonneau qui flottait à la surface d'une rivière au Manitoba, la GRC a lancé une enquête qui misait sur la collaboration entre services de police, l'aide de témoins clés et le soutien de la famille de la victime.

Le 23 juillet 2008, cinq mois après que le Winnipégois Chad Davis eut été vu pour la dernière fois, son corps a été repêché de la rivière Lee, à 115 kilomètres au nord-est de Winnipeg. Il avait été enveloppé de plastique et enfoui dans un tonneau.

Le Service de police de Winnipeg (SPW) a mené une enquête initiale exhaustive au moment de sa disparition, puis la GRC a pris le dossier en charge lorsque le cadavre a été découvert sur son territoire.

Beaucoup d'éléments ont favorisé le succès de l'enquête policière sur le meurtre de Chad Davis.

Selon les enquêteurs de la GRC, leur relation avec la famille Davis, leurs interactions avec des témoins clés et le travail effectué antérieurement par le SPW ont tous joué un rôle crucial dans l'élucidation de l'affaire.

Le travail méthodique des enquêteurs a mené à l'arrestation de Kris Brincheski et de Corey Tymchyshyn, deux hommes qui avaient un lien avec la victime et qui ont finalement été reconnus coupables de meurtre au premier degré le 26 février 2014.

Une macabre découverte

« Un travail rigoureux a été effectué dans le cadre de cette enquête », affirme le s.é. m. Chris Rouire, chef d'équipe au sein du Groupe des crimes majeurs de la GRC. « L'abondante information dont nous disposions au départ nous a vite menés vers de nouveaux éléments de preuve qui ont permis de déposer des accusations. »

Lorsque Chad Davis avait été porté disparu plusieurs mois auparavant, les agents du SPW affectés au dossier s'étaient tout de suite mis à creuser sur lui. Ils n'ont pas tardé à découvrir un possible motif de meurtre : Corey Tymchyshyn lui devait beaucoup d'argent pour une affaire de drogue.

En fouillant le véhicule de Chad Davis, les agents ont aussi trouvé des éléments de preuve qui permettraient plus tard à la GRC d'établir un lien avec les tueurs.

Quand le cadavre a été trouvé, l'information au dossier a été transmise à la GRC pour qu'elle poursuive l'enquête.

« Le SPW avait fait beaucoup de travail, il nous en a fait le compte rendu et nous avons pu continuer à faire avancer l'enquête », précise le s.é. m. Rouire.

Quelque 70 agents de la GRC ont participé au dossier, y compris des experts en criminalistique, des enquêteurs affectés aux crimes majeurs, des analystes et des membres de l'Équipe de récupération sous-marine.

« Au début, notre plus grand souci était de préserver la preuve », se souvient la serg. Janna Amirault, qui était l'enquêtrice principale. « Le tonneau avait été enveloppé de draps, puis d'une géomembrane imperméable pour empêcher le contenu de s'en échapper. »

L'autopsie a confirmé que le décès semblait avoir été causé par un coup à la tête avec un objet contondant, et les enquêteurs ont pu déterminer quel genre de vêtements la victime portait.

Quand le corps a été retiré du tonneau, la police a trouvé des retailles de plastique noir provenant apparemment des trous qui avaient été percés dans le tonneau afin qu'il coule au fond de l'eau.

Gestion des témoins et des démarches d'enquête

Le s.é. m. Rouire faisait partie du groupe d'agents de la GRC qui a annoncé le sort de Chad Davis à sa famille.

« C'était un moment difficile, mais le début d'une relation importante que nous avons maintenue en communiquant ouvertement avec la famille, en la traitant avec respect et établissant un lien de confiance avec elle », explique le s.é. m. Rouire. « Elle a pu donner à la police des renseignements dont personne d'autre n'avait connaissance. »

D'autres témoins et démarches d'enquête ont révélé que Chad Davis avait laissé sa voiture avec Corey Tymchyshyn. Au moment de la récupérer, le père de Chad a trouvé une boîte de produits de nettoyage qui contenait aussi, comme la police le constaterait plus tard, des retailles de plastique noir semblables à celles qui se trouvaient dans le tonneau.

Ces retailles et d'autres éléments de preuve, dont des taches de sang, une perceuse sans fil et des mèches, ont amené les enquêteurs à conclure que Chad Davis avait été tué dans le garage de Corey Tymchyshyn. Pour obtenir les renseignements pertinents auprès des témoins, ils avaient dû communiquer efficacement avec eux dans un climat de confiance et de respect.

« Il faut essentiellement les amener à vous trouver sympathique et à vous faire confiance », précise la serg. Amirault en parlant de ses interactions avec les témoins. « Ils doivent comprendre à quel point l'enquête est sérieuse et être conscients qu'elle ne sera jamais abandonnée. »

La serg. Amirault et le s.é. m. Rouire ont travaillé à l'enquête du début à la fin, brassant des idées entre eux et se rappelant l'un à l'autre les tâches à accomplir, notamment quant aux ordonnances de communication qui leur permettraient d'obtenir de l'information de la part de tiers à l'appui de l'enquête.

Grâce à une telle ordonnance particulièrement importante, ils ont pu mettre la main sur les relevés d'appels téléphoniques et de messages texte pour les cellulaires utilisés par les tueurs et par la victime le jour du meurtre.

« Les messages texte ont révélé que [Corey Tymchyshyn] communiquait avec [Kris Brincheski] pour lui dire que [Chad Davis] l'accompagnait au garage. Ils se préparaient à le tuer », conclut le s.é. m. Rouire.

Les deux enquêteurs de la GRC estiment que cette affaire constitue un bel exemple de collaboration interpolices.

« Une enquête sur un homicide n'est jamais menée par une seule personne », fait valoir la serg. Amirault. « Il faut une équipe, et dans ce dossier, c'est grâce à la collaboration de deux corps policiers et au travail de nombreux agents que les suspects ont été condamnés. »

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