Articles récents

Une artiste définit les traits de sa sculpture au stylet.

L’art au service de l’identité judiciaire

Les étudiants ont fait preuve de retenue dans leur expression artistique pour laisser la forme du crâne dicter leur travail. Crédit : Charity Sampson, RCMP

Par

La police canadienne espère que la participation de la GRC à l'atelier annuel de reconstitution faciale de la New York Academy of Art mènera à de nouvelles pistes dans 15 dossiers de restes non identifiés.

Selon la cap. Charity Sampson, spécialiste en identification de victimes à la GRC, cette technique est souvent employée en dernier recours, après que d'autres méthodes ont échoué.

« Nous voulons donner une identité à ces personnes », explique-t-elle.

En janvier, la cap. Sampson a remis 15 modèles de crânes imprimés en 3D à la New York Academy of Art, où des artistes ont passé cinq jours à y appliquer de l'argile pour donner à chacun un visage dont les traits correspondraient aux renseignements connus sur le défunt.

Sculpter des visages

Les artistes ont travaillé sous la direction de Joe Mullins, un expert en reconstitution judiciaire qui a plus de 20 ans d'expérience dans le domaine.

Il leur a montré comment tenir compte de facteurs comme l'âge et l'ascendance pour tenter de rendre l'apparence du sujet à partir de la forme naturelle de son crâne.

« Il faut être artiste plasticien avant de devenir artiste judiciaire », note M. Mullins, qui a établi le programme en 2015. « Tout part du crâne. C'est un peu comme la peinture à numéros. »

Jusqu'à maintenant, le programme a donné lieu à quatre identifications visuelles de personnes disparues aux États-Unis. Par le passé, les étudiants ont travaillé à des dossiers du bureau du médecin légiste de New York, à des cas historiques de décès à la frontière américano-mexicaine, ainsi qu'à l'identification de deux soldats tués lors de la guerre civile.

En déployant leurs talents, les artistes approfondissent leur connaissance de l'anatomie faciale.

« On ajoute de l'argile, on sculpte, puis tout à coup, un visage se révèle », dit Anita Clipston, l'une des artistes qui ont travaillé au projet.

Joe Mullins souligne que ses étudiants doivent faire preuve de retenue dans leur expression artistique pour suivre une démarche scientifique.

« Il faut essayer de rendre fidèlement l'apparence de la personne », explique Adam Lupton, un autre artiste qui a participé à l'atelier. « J'ai travaillé à un dossier qui remonte à 1996. Il y a des familles qui cherchent des réponses depuis plus de 20 ans. »

L'objectif n'est pas de produire une sculpture identique au visage du sujet, mais d'en capter suffisamment les traits pour que son entourage puisse voir la ressemblance.

« On espère que quelqu'un reconnaîtra un proche ou une connaissance, conclut la cap. Sampson. Plus la personne est disparue depuis longtemps, plus il peut être difficile de l'identifier. »

Cette année, les dossiers soumis au programme concernent des restes trouvés entre 1972 et 2019. Quatorze viennent de la Colombie-Britannique, et un, de la Nouvelle-Écosse. Le service des coroners de la Colombie-Britannique et le bureau du médecin légiste de la Nouvelle-Écosse ont choisi les dossiers pour lesquels ils avaient un crâne complet en bon état.

Faire imprimer des modèles

Avant l'étape de la sculpture, le Conseil national de recherches du Canada (CNRC) a numérisé les crânes et en a imprimé des reproductions en 3D.

Selon Tom Kay, technologue en modélisation surfacique au CNRC, des technologies de pointe ont été utilisées pour produire des modèles identiques aux crânes fournis par la police.

Les techniciens ont porté un soin particulier aux éléments complexes, dont les orbites et la mâchoire, et ont employé de nouvelles techniques qui ont ramené de quelques jours à quelques heures le temps de préparation à l'impression.

« Il fallait repousser les limites pour réaliser ce projet. Pari réussi », affirme M. Kay.

La cap. Sampson estime que les travaux de préparation et l'atelier illustrent l'importance des partenariats entre organismes et entre pays.

« Nous avons tous collaboré à ce projet qui offrait l'occasion unique d'obtenir 15 reconstitutions en seulement cinq jours  », observe-t-elle.

Tout a commencé lorsqu'elle a suivi un cours d'imagerie numérique donné par Joe Mullins, où elle a appris que ce dernier avait utilisé presque tous les crânes convenables fournis par le médecin légiste pour son atelier de reconstitution judiciaire et qu'il en cherchait d'autres en prévision de la prochaine édition de l'atelier, en janvier 2020.

La cap. Sampson en a parlé à ses collègues au Centre national pour les personnes disparues et les restes non identifiés, qui ont bien accueilli l'idée. Un partenariat international en est né.

Les reconstitutions sont présentées dans le site Web Disparus-Canada avec les autres détails pertinents. Quiconque possède des informations d'intérêt est prié de communiquer avec la police.

Galerie de photos

Date de modification :