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Le policier cowboy

Il se retire après 45 ans de service

Cap Dave Heaslip, enquêteur de bétail retraité, dans sa ferme avec ses chevaux. Crédit : Jeffrey Heyden-Kaye

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Le cap. Dave Heaslip n'a que sept ans lorsqu'il accompagne son père chez un compagnon d'armes, loin de se douter que cette rencontre allait changer sa vie.

« Il était responsable d'un détachement de la GRC. C'était un grand gaillard sympathique », se souvient-il.

Sur le chemin du retour, installé à l'arrière du véhicule de son père, il porte une casquette de policier que l'homme lui a offerte.

À un moment donné, son père remarque une file de voitures derrière eux.

« Il roulait toujours à la vitesse permise », raconte le cap. Heaslip. « En apercevant ma casquette, il a compris pourquoi ces gens ne le dépassaient pas. »

Sa mère voulait qu'il devienne dentiste. Mais ce jour-là, en voyant le respect qu'inspirait la casquette, il a tout de suite su qu'il voulait devenir gendarme.

Le cap. Heaslip a suivi le droit chemin et, à 18 ans, il passait les épreuves de sélection de la GRC. À 19 ans, il commençait sa formation.

« Et je suis toujours heureux de mon choix », s'enthousiasme-t-il.

Une carrière inoubliable

À sa retraite, au printemps dernier, il comptait 45 années et 120 jours de service.

« Il aimait son travail et y était dévoué jour et nui », confie le serg. Chris Van Imschoot, ancien superviseur du cap. Heaslip, aujourd'hui aux Normes professionnelles de la Div. K.

À part sa participation au Carrousel dans les années 1970 et sa dernière affectation à titre d'enquêteur de bétail en Alberta, il a toujours assumé le rôle de policier de première ligne.

« C'est un travail stimulant, car on ne sait jamais à quoi s'attendre », reconnaît le cap. Heaslip. « Chaque année m'apportait son lot de défis, et j'éprouvais un réel plaisir à plonger dans un bon dossier. »

Il se rappelle avec humour une réunion au Dét. de St. Paul, où il travaillait à la sécurité routière. On y passait en revue le nombre de contraventions données durant l'année.

« Le patron de l'époque avait parlé de manque de production », commente-t-il.

Il a dit qu'un membre avait émis, en tout et pour tout, cinq contraventions.

« Tout le monde savait que c'était moi. Et le plus surprenant, c'est que ces cinq contraventions étaient destinées au même conducteur du même véhicule. J'ai levé la main et dit : "Ben, le gars me tapait sur les nerfs" », plaisante-t-il.

Il a également été responsable de détachements. Une année, à Rocky Mountain House, il y a eu trois homicides.

« Et voilà que j'enquêtais sur trois homicides – à l'époque, on était livré à nous-mêmes. Mais j'ai bien obtenu trois condamnations », souligne-t-il.

Une place bien à lui

Ses moments les plus forts, il les a connus vers la fin de sa carrière, il y a environ 12 ans, en qualité d'enquêteur de bétail, mêlant sa passion pour le bien-être des animaux au travail policier.

Dans ce rôle, le cap. Heaslip avait la liberté d'être lui-même.

« Il portait des Wranglers, une chemise boutonnée à col et des bottes et un chapeau de cowboy pour travailler », raconte le serg. Leonard McCoshen, s.-off. resp. du Groupe des crimes graves d'Edmonton. « Un vrai cowboy, comme on en voit dans les dictionnaires illustrés. »

Le cap. Heaslip était chargé de tout ce qui concernait le bétail, de l'errance à la cruauté en passant par les affaires internationales de fraude, et collaborait souvent avec des partenaires comme les Texas Rangers et le FBI.

Deuxième industrie en Alberta, le bétail est un marché lucratif. Certaines enquêtes très médiatisées portaient sur des affaires de plusieurs millions de dollars.

« À la GRC, on dit qu'on attrape toujours son homme », explique le cap. Heaslip. « Un enquêteur de bétail dirait qu'il finit toujours par attraper la bête volée ».

Outre ses fonctions habituelles, le cap. Heaslip a créé un programme de remorque d'urgence dans la province pour secourir le bétail en cas de retournement ou d'accident. Son travail et son dévouement lui ont valu un prix de leadership de l'Alberta Farm Animal Care, un organisme œuvrant pour le bien-être des animaux.

Bien qu'il se soit retiré de la GRC, il y reste attaché par de gros projets. Il dirigera le programme des cavaliers qu'il a contribué à officialiser en 2008 en Alberta.

Dans le cadre de ce programme, il a représenté la GRC à la Wrangler National Finals Rodeo de 2012 à Las Vegas et, aux côtés de son collègue enquêteur de bétail le cap. Chris Reister, il a guidé le cheval lors des funérailles du gend. David Wynn.

Il veillera à ce que les membres à cheval soient des cavaliers compétents, qui connaissent bien les politiques et le protocole de la GRC en la matière, ainsi que l'attirail utilisé. Il évaluera la santé des montures et s'assurera qu'elles ont la robe sombre.

Des airs de cowboy

Le cap. Heaslip a commencé à s'illustrer comme référence pour les dossiers de bétail lorsqu'il est entré au service du Dét. de Ponoka (Alb.), alors capitale du bovin canadien.

« J'ai grandi dans une ferme; naturellement, je m'intéresse au bétail », précise-t-il. « Les gens me consultaient toujours pour savoir quoi faire ou me demandaient de prendre un dossier. »

Il était le candidat idéal pour le poste d'enquêteur de bétail.

Selon le serg. Van Imschoot, le cap. Heaslip a continué à forger sa réputation de poli-cier aux airs de cowboy, allant même jusqu'à rétablir les relations avec plusieurs organismes partenaires.

« J'ai reçu plus d'éloges sur Dave que sur tous mes employés réunis », se réjouit le serg. Van Imschoot. « Les gens étaient honnêtement satisfaits de son travail. »

Le serg. McCoshen convient que le cap. Heaslip se distingue par son entregent.

« Il y en a qui négligent leurs animaux pour des raisons financières ou à cause des temps difficiles », affirme-t-il. « Dave était capable de leur parler et de gagner leur confiance. »

Cette qualité relève de sa philosophie personnelle qu'appuie le code de conformité de l'Alberta : la répression est nécessaire, mais doit rester une solution de dernier recours.

« Inutile de porter des accusations si on voit que la personne a appris de son erreur », soutient le cap. Heaslip. « Comme toute chose dans la vie, on a l'option de travailler avec les fautifs pour faire en sorte qu'ils ne recommencent plus. »

Le serg. McCoshen ajoute que le cap. Heaslip est irremplaçable.

« Il comprenait tous les piliers de l'organisation », dit-il. « Il parlait simplement. Il avait ce qu'il fallait. »

Le cap. Heaslip admet que, du début à la fin de sa carrière, il n'a rien connu d'aus-si palpitant que de mettre la main sur un escroc.

« Jusqu'à ma dernière journée au travail, je voulais attraper un voleur. Mais le plus important, c'est que j'ai accompli beaucoup de choses à la GRC et j'ai eu des collègues, hommes et femmes, extraordinaires. »

Comme tout cowboy possédant une demi-douzaine de chevaux, il attend impatiemment de pouvoir se consacrer à son activité favorite.

« J'adore grimper les pieds de montagne à cheval et je compte y aller aussi souvent que possible », conclut-il.

Reproduit avec la permission du Pony Express ().

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