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Un dentiste médico légal examine une radiographie dentaire.

L'odontologiste judiciaire collabore à l'identification des restes humains dans les enquêtes de la GRC

Pour identifier des restes humains, les dentistes médico légaux analysent les dents ou encore d'autres structures identifiables du crâne à l'aide de radiographies et de fiches dentaires. Crédit : Shutterstock

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Lorsqu'il est nécessaire d'identifier des restes humains et qu'on a épuisé les moyens d'établir le nom de la personne décédée, la GRC fait souvent appel à un spécialiste, le dentiste médico légal.

Aussi connu sous le nom d'odontologiste judiciaire, ce professionnel compare les fiches dentaires ante mortem et post mortem pour déterminer l'identité du disparu.

« Chaque certificat de décès doit reposer sur une identification formelle », explique le Dr William Blair, dentiste médico légal établi à Calgary. « Et si nous disposons d'une dentition, les probabilités sont élevées que nous pourrons identifier le sujet.»

La GRC ne compte pas d'odontologiste judiciaire parmi son personnel, mais fait appel à un tel spécialiste, puisqu'il collabore avec le coroner ou le médecin légiste provincial pour identifier des restes humains.

Le travail de l'odontologiste comprend l'analyse des dents, des tissus durs et des tissus mous de la bouche, des dispositifs dentaires, voire d'autres structures du crâne et de la mâchoire inférieure permettant une éventuelle identification, en examinant des fiches écrites et des radiographies, ou en procédant à un examen visuel.

Le spécialiste participe à l'identification de personnes visées par une enquête criminelle, de victimes d'une catastrophe d'envergure et de sujets portés disparus. L'odontologiste judiciaire collabore aussi à l'identification de personnes dont l'identité ne peut être établie de façon visuelle ou par les empreintes digitales.

Le Dr Blair évoque le cas d'un accident d'autobus ayant fait de nombreuses victimes en 1980 : 26 personnes ont péri dans une collision avec un autre véhicule dans le sud ouest de la Saskatchewan. Le spécialiste explique que la collecte d'éléments probants sur les victimes posait des difficultés.

« Au début, je comparais les dents à la mauvaise fiche dentaire qu'on m'avait fournie, précise le Dr Blair. Une fois obtenue la fiche pertinente, j'ai pu établir l'identité. »

Le Dr Lowell Riemer a pris sa retraite d'une pratique dentaire privée à Edmonton il y a 13 ans, mais il demeure actif à titre d'odontologiste. En moyenne, il réalise environ 20 examens dentaires judiciaires par année.

« Nous tâchons de réaliser une identification positive, mais nous ne disposons pas toujours des éléments probants à l'appui. Les autres conclusions d'une comparaison seraient une identification possible, l'absence de preuves suffisantes et l'exclusion », explique le spécialiste.

Le Dr Riemer a témoigné au procès pour meurtre de Shawn Wruck, en 2016, à l'issue duquel ce dernier a été déclaré coupable du meurtre au second degré de sa petite amie, Shannon Collins, en janvier 2017.

L'odontologiste judiciaire a attesté qu'il avait établi une correspondance entre les dents trouvée dans les restes et la fiche dentaire de Shannon Collins, consignée avant son décès.

« Je me souviens surtout de ce qui s'est passé après mon témoignage, explique t il. La famille de la victime est venue à moi pour me remercier, notamment pour m'être porté à la défense de leur fille et de la famille. Ce qui m'a évidemment réjoui. »

En Colombie Britannique, une équipe de dentistes médico-légaux, la Forensic Odontology Response Team ou BC-Fort, a pris l'initiative volontaire de tenir une base de données dentaire judiciaire provinciale. Celle ci compte le profil dentaire de plus de 1 100 personnes disparues connues.

« Lorsqu'on retrouve le corps d'une personne inconnue sur le territoire de n'importe quel service de police de la province, la fiche dentaire du sujet peut être versée dans la base de données et comparée aux profils dentaires des personnes disparues », précise la cap. Jennifer Sparkes, coordonnatrice du groupe des personnes disparues de la GRC dans le district du Sud Ouest de la C. B.

La cap. Sparkes souligne la qualité du travail des spécialistes judiciaires qui entretiennent la base de données.

« Sans leur dévouement, nous ne disposerions pas d'une telle ressource pour procéder à l'identification des personnes disparues », ajoute t elle.

Les enquêteurs de police et les dentistes médico légaux font partie d'une équipe multidisciplinaire qui s'appuie sur chacune des parties pour résoudre des dossiers, estime la cap. Gillian Dunn, membre du Groupe des personnes disparues de l'Alberta.

« Il revient aux policiers de recueillir les éléments probants nécessaires afin que les dentistes médico légaux puissent faire leur examen et en consigner le résultat, de façon à résister à l'épreuve des tribunaux, explique la cap. Dunn. Nous formons une équipe motivée par un seul et même but, retrouver les victimes et procéder à leur identification. »

La famille des victimes compte désormais sur le travail de ces spécialistes pour tourner la page.

« Quand nous parvenons à identifier des restes humains, nous apportons un immense réconfort à la famille, souvent plongée dans l'incertitude durant des années, voire des décennies, quant au sort de l'être bien aimé », conclut la cap. Dunn.

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