Vol. 77, Nº 2Reportages

Mieux vaut prévenir…

Le Programme de sécurité nationale mise sur l'intervention rapide

Les équipes de sensibilisation des EISN de la GRC participent à des activités et tissent des liens dans leur communauté pour prévenir la radicalisation menant à la violence. Crédit : Steve Denny, GRC

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Ces dernières années, de plus en plus de jeunes Canadiens sont impliqués dans des attentats terroristes intérieurs ou quittent le pays pour se joindre aux combattants étran-gers. De toute évidence, l'extrémisme violent est une menace de plus en plus préoccupante.

En tant que service de police national, la GRC a un rôle à jouer dans la lutte, mais aussi la prévention du terrorisme.

Besoin d'information

La surint. Shirley Cuillierrier, directrice générale des Partenariats et des Relations extérieures de la Police fédérale de la GRC, signale qu'un programme de prévention a été lancé l'an dernier lors d'une conférence nationale destinée à 125 policiers de première ligne et cadres intermédiaires.

« Le message était bien clair : les poli-ciers doivent comprendre la radicalisation menant à la violence et savoir comment la reconnaître et quoi faire s'ils reçoivent un appel d'un parent ou d'un ami inquiet pour un proche », dit la surint. Cuillierrier.

Les équipes intégrées de la sécurité nationale (EISN) sont responsables des enquêtes relatives à la sécurité nationale. Toutefois, les policiers de première ligne dans les communautés ne connaissent pas toujours les indicateurs comportementaux d'une personne qui se radicalise.

Selon la surint. Cuillierrier, les policiers qui ont participé à la conférence avaient soif d'information. Avec son équipe, elle a donc élaboré plusieurs outils pour eux.

Un de ces outils est le Programme de prévention du terrorisme (PPT), qui a pour but d'empêcher la radicalisation menant à la violence en enseignant aux policiers à reconnaître les individus à risque et en donnant aux collectivités des conseils et du soutien pour intervenir et réorienter une personne qui a des idées violentes.

« Nous avons constaté que tous les jeunes dont on a entendu parler étaient vulnérables, précise la surint. Cuillierrier. Une personne vulnérable est plus susceptible d'être appelée par une telle vocation. »

Pour trouver et réorienter les personnes qui n'ont pas encore commis un crime, la GRC doit collaborer avec la communauté et ses partenaires. C'est à cette étape que les équipes de sensibilisation interviennent.

Se rapprocher des collectivités

Les équipes de sensibilisation des EISN présentent le PPT à la population.

Selon le serg. Derek McDonald, agent d'information de la lutte antiterroriste et de sensibilisation communautaire de l'une des deux EISN en Ontario, son travail en est essentiellement un de police communautaire dans un contexte de sécurité nationale.

« Je suis policier depuis 28 ans et je me souviens encore que mon instructeur me disait que la police ne résout pas les crimes, ce sont les citoyens qui lui disent qui est le coupable, raconte le serg. McDonald. Lorsqu'il est question de terrorisme, il faut que tous les Canadiens, pas seulement les policiers, soient vigilants et collaborent.

Son homologue au Québec, le serg. Hakim Bellal, est d'accord. D'après lui, la clé du succès de la prévention est la mobilisation de la communauté. Les responsables de la sensibilisation communautaire participent à des activités locales et transmettent petit à petit de l'information sur les préoccupations liées à la sécurité nationale.

« Quand les gens vous font confiance, ils croient en vos idées, vous écoutent et veulent vous aider », dit le serg. Bellal.

Pour l'EISN du Québec, la prévention est une priorité. Une de ses politiques prévoit que pour chaque dossier de répression ouvert, il faut chercher d'autres possibilités d'intervention.

« La plupart de ces jeunes ont des parents, des frères, des sœurs et des amis, qui sont des victimes aussi, ajoute-t-il. Ils pourraient prendre le même chemin et nous pourrions les perdre aussi. Il faut les aider.»

Selon la surint. Cuillierrier, une fois la confiance de la communauté gagnée, on peut accomplir des choses extraordinaires. Depuis que la sensibilisation du public est devenue une priorité il y a quelques années, les sergents Bellal et McDonald ont déjà remarqué que leur relation avec les communautés où ils travaillent a beaucoup changé.

Bien que l'efficacité de la prévention ne puisse pas être mesurée de façon précise, le fait que les membres des EISN reçoivent maintenant des appels de parents et d'amis pour signaler les comportements préoccupants de leurs proches est très positif.

« Mieux vaut prévenir que guérir, dit le serg. McDonald. Les jeunes ne sont pas toujours faciles d'approche. Mais s'ils passent un peu de temps avec un policier dans un contexte quelconque, ils peuvent se sentir à l'aise et en confiance, puis se tourner vers nous. »

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