Vol. 77, Nº 1Reportages

Outils du métier

Renforcement des capacités à l'étranger

Un formateur de la police marocaine présente une attestation de formation de la GRC à une policière. Crédit : Direction Générale de la Sûreté Nationale

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Lorsque le serg. Rabih Abdallah a été nommé agent de liaison (AL) à Rabat, Maroc, il avait, pour mission, de se rendre dans les 25 pays qui constituent sa zone de responsabilité (ZR).

Ce qu'il a constaté dans les services de police des pays d'Afrique centrale et occidentale, c'est un manque de ressources financières, de formation et d'équipement de base.

« Définir le mot de base dans ce contexte est difficile vu que, pour un Canadien, l'idée est relativement claire. Mais cette idée est souvent 100 fois mieux que la réalité du terrain », affirme-t-il.

Une aide mutuelle

Alors, pour voir ce qu'il pouvait offrir à ses partenaires, il s'est dirigé vers le Programme de renforcement des capacités de la GRC.

Ce programme, qui relève des Services spéciaux fédéraux et internationaux, est un groupe de gestion et de coordination qui cible les régions et les organismes étrangers pouvant bénéficier de projets de renforcement des capacités à l'appui des priorités stratégiques de la GRC.

Du mentorat et de la formation à la fourniture d'équipement, chaque projet vise à aider les organismes d'application de la loi étrangers à améliorer les compétences et les connaissances nécessaires à la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale.

« C'est un excellent moyen pour les AL de prêter main-forte aux organismes étrangers en échange de leur collaboration », précise Mihaela Pavel, analyste auprès du Programme.

Souvent amené par la nature de son travail à solliciter de l'aide ou de l'information de ses partenaires, l'AL trouve, dans les ressources utiles et tangibles à sa disposition, quelque chose à leur offrir en retour.

« Le Programme est l'un des seuls outils dont les AL peuvent tirer parti pour rendre service aux pays étrangers ou à leurs relations sur place et entretenir des liens avec ces dernières », confie le s.é.-m. Steeves Veilleux, gestionnaire du Programme.

Des techniques améliorées

En considérant les compétences de base qui profiteraient aux policiers des pays de sa ZR leur carrière durant, ainsi que les techniques qu'ils pourraient employer lorsque leur assistance serait sollicitée à l'appui d'enquêtes canadiennes, le serg. Abdallah a retenu les techniques d'entrevue.

« J'ai surtout remarqué que les policiers interrogeaient les suspects en hurlant et croyaient pouvoir faire parler les gens en les intimidant par leur statut », explique-t-il.

« Ce temps-là est derrière nous; on peut mieux faire aujourd'hui. »

De concert avec les responsables du Programme, une proposition de projet a été élaborée en vue d'obtenir le soutien financier du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement. Comme justification, le serg. Abdallah a évoqué l'intérêt particulier que revêtent, quoique peu nombreux, les dossiers de sa ZR tou-chant le Canada.

Des fonds ont été approuvés pour sept séances d'une semaine ayant accueilli chacune 24 participants notamment du Maroc, de la Mauritanie, du Burkina Faso, du Niger et du Tchad. Le projet, entrepris en janvier 2013 et achevé l'automne dernier, suivait la méthode de formation des formateurs.

Il est parfois difficile de libérer des experts en la matière pour ce genre de projets. Mais, d'après le gend. Eric Boissoneault, instructeur en techniques d'entrevue de la GRC originaire du Québec présent lors des deux dernières séances, la GRC en tire un net profit.

« Nous étions là pour leur apprendre des techniques d'entrevue de calibre mondial », précise le gend. Boissoneault. « Ainsi, quand on leur demandera des renseignements, ils les obtiendront de la manière souhaitée et dans le respect des droits de la personne. »

Action pour le changement

Le serg. Abdallah souligne que l'efficacité du projet a été particulièrement remarquable au Maroc. Au début de la formation, il s'était rendu compte que la législation du pays ne permettait pas l'utilisation de certaines techniques.

Il a alors invité une relation au ministère de la Justice à observer une séance pour cons-tater leur bien-fondé. Un an et demi plus tard, la législation a été modifiée, ouvrant la voie à l'intégration de ces techniques dans l'Institut de police.

Le s.é.-m. Veilleux précise que la réussite du projet au Maroc correspond à ce que la GRC espère accomplir grâce au Programme de renforcement des capacités.

« C'est un simple profit que nous récolterons. En dotant les services de police étrangers de techniques et de connaissances améliorées en matière d'enquête, nous nous garantissons une meilleure collaboration », conclut-il.

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