Vol. 77, Nº 2Les faits

Passage de clandestins

Entreprise lucrative et peu risquée, le passage de clandestins consiste à déplacer illégalement des personnes d'un pays à un autre, souvent parce qu'elles tentent désespérément de fuir la pauvreté, une catastrophe naturelle, un conflit ou l'instabilité politique. Des actions indifférentes ou délibérées des passeurs coûtent la vie à des milliers d'immigrants clandestins chaque année. Comme le montrent les faits suivants, il s'agit d'une entreprise de plus en plus organisée et meurtrière.

  • Le passage de clandestins se distingue de la traite de personnes. L'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) le définit comme l'obtention, en vue d'en tirer un avantage financier ou matériel, de l'entrée illégale dans un État d'une personne qui n'est ni un ressortissant ni un résident permanent, tandis que la traite de personnes est l'acquisition de personnes par des moyens inappropriés, tels que la force, la fraude et la tromperie.
  • Selon le Rapport sur le développement humain 2009 du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), on estime à 50 millions les migrants étrangers en situation irrégulière dans le monde, et un grand nombre d'entre eux ont payé des passeurs pour traverser illégalement les frontières.
  • L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime qu'au cours des neuf premiers mois de 2014, au moins 4 077 migrants clandestins sont décédés. Ce chiffre dépasse de 70 % le nombre total de décès enregistrés en 2013.
  • L'OIM indique que ces chiffres ne reflètent pas le nombre réel de victimes, car il y a des cas de disparition et il est difficile de signaler et de confirmer les décès.
  • En 2014, 75 % des décès de migrants sont survenus dans la région méditerranéenne. Le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) affirme qu'au moins 207 000 personnes ont traversé cette région au début de cette année-là.
  • Selon un article publié dans The Guardian en janvier 2015, plus de 45 000 migrants ont risqué leur vie sur la Méditerranée pour se rendre en Italie et à Malte en 2013 et 700 sont morts en mer. Le nombre de décès a plus que quadruplé en 2014 pour atteindre 3 224.
  • Le passage de clandestins peut se faire par voie aérienne, maritime ou terrestre, souligne l'ONUDC. La majorité des décès de migrants surviennent en mer, mais il y en a qui meurent aussi dans les déserts, dans les pays de transit et à la suite de mauvais traitements subis aux mains des passeurs.
  • D'après les chiffres fournis par l'UNHCR, les quatre traversées maritimes les plus meurtrières de 2014 sont les suivantes : la mer Méditerranée (3 419 décès), le golfe du Bengale (540 décès), le golfe d'Aden et la mer Rouge (242 décès) et la mer des Caraïbes (71 décès).
  • Selon INTERPOL, le passage de clandestins a lieu à tous les niveaux. Toutefois, la portée internationale de ce crime le rend surtout attrayant et lucratif pour les réseaux organisés.
  • Sur le site Web de l'ONUDC, on signale que les deux principales filières pour le passage de clandestins, celle de l'Afrique de l'Est, du Nord et de l'Ouest vers l'Europe et celle de l'Amérique du Sud vers l'Amérique du Nord, rapportent aux criminels de ces régions quelque 6,75 milliards de dollars par an.
  • Encore selon l'ONUDC, on estime que trois millions de personnes entreraient chaque année illégalement sur le territoire américain.
  • Une fiche d'information de l'ONUDC indique que le prix payé par les migrants varie considérablement selon le point de départ. Ceux qui franchissent la frontière mexicano-américaine paient environ 2 000 $, mais ceux qui viennent d'un autre pays que le Mexique peuvent payer jusqu'à 10 000 $.
  • Selon INTERPOL, les réseaux qui se livrent au passage de clandestins modifient souvent leurs itinéraires et leurs méthodes en fonction des mesures législatives et policières. Les itinéraires qu'ils utilisent peuvent être simples et directs, ou détournés. Entre le départ et l'arrivée, il peut s'écouler quelques jours, plusieurs mois, voire même des années.
  • Des incidents impliquant de gros navires non commerciaux transportant des centaines de migrants sont aussi survenus au Canada, signale l'ONUDC. On se souviendra du Sun Sea, intercepté au large des côtes de la Colombie-Britannique le 12 août 2010 avec 492 passagers du Sri Lanka à son bord.
  • L'ONUDC indique aussi qu'en 2010, 6 555 migrants irréguliers sont arrivés en Australie par voie maritime, dont la majorité ayant été déposés au large des côtes.

— Rédigé par Katherine Aldred

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