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Un groupe de personnes portant des gilets de sécurité marchent dans une zone herbeuse et arborée; à leur droite on aperçoit une vaste étendue boisée et à leur gauche, une route.

La persévérance mène à la condamnation d’un tueur en série

En 2014, Cody Legebokoff a été reconnu coupable de quatre meurtres. Malgré d'intenses efforts, le corps de Natasha Montgomery n'a jamais été retrouvé. Crédit : GRC

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Les enquêteurs de la GRC ont passé des milliers d'heures à chercher les preuves qui ont mené à la condamnation de Cody Legebokoff pour quatre meurtres – ce qui fait de lui l'un des plus jeunes tueurs en série du Canada.

Ce travail a commencé sur une route déserte de Colombie-Britannique à la fin novembre 2010, lorsque M. Legebokoff, alors âgé de 20 ans, a été intercepté par la GRC au volant de son véhicule au moment où il sortait en trombe d'un chemin forestier.

Un an plus tard, M. Legebokoff était accusé du meurtre de trois femmes et d'une adolescente.

« Les policiers se sont fiés à leur flair », explique le s.é.-m. Todd Cruch, enquêteur principal dans cette affaire et aujourd'hui chef de veille à Prince George (C.-B.).

Un bon instinct

Le 27 novembre 2010, lorsqu'un policier intercepte le meurtrier, il voit du sang sur lui et un sac à dos de fille dans sa camionnette, mais celui-ci dit avoir braconné; or, c'est le corps meurtri de sa dernière victime, Loren Leslie, qu'un agent de conservation trouvera plus tard.

M. Legebokoff est alors arrêté, puis accusé du meurtre de la jeune fille de 15 ans.

Pour les policiers, un plus un font deux, mais le suspect a une autre explication.

« Il a dit avoir trouvé le corps et paniqué, relate le s.é.-m. Greg Yanicki, qui a interrogé le meurtrier, mais je n'y ai pas cru. »

Plus tard, M. Legebokoff avoue à un deuxième interrogateur et à sa petite amie avoir frappé la victime avec une clé à molette, mais nie l'avoir tuée, prétendant qu'elle était déjà morte des suites de blessures qu'elle s'était infligées.

« Il n'a rien trouvé de mieux pour s'expliquer », ajoute le surint. Dadwal, qui l'a aussi interrogé.

À peu près à la même époque, un policier fait un lien entre Loren Leslie et Cynthia Maas, 35 ans, dont le corps avait été découvert plusieurs mois auparavant.

Chef d'équipe et chef du Groupe des crimes majeurs du district du Nord, l'insp. Lorne Wood se rend sur les lieux où le corps de l'adolescente a été retrouvé; or, il connaît bien l'affaire Maas.

En voyant les blessures, la position du corps et les vêtements de la jeune Loren, il a un pressentiment et décide de communiquer avec les policiers qui enquêtent sur le meurtre de Mme Maas.

M. Legebokoff a prétendu ne pas connaître cette dernière, sans toutefois convaincre les policiers.

Creuser plus loin

Les enquêteurs ont recueilli des objets dans la camionnette et au domicile de M. Legebokoff. Des vêtements et des armes présumées ont été soigneusement transmis à des laboratoires judiciaires nord-américains pour trouver des traces d'ADN, et des photos ont été prises et examinées pendant qu'on rouvrait les rapports d'autopsie et sur la scène de crime.

« On a notamment fait analyser un bout de moquette taché de sang provenant de son appartement, se souvient le serg. Wood. Et le laboratoire m'a appelé pour me dire que le sang était celui de Natasha Montgomery. »

La jeune femme avait été vue pour la dernière fois en août ou septembre 2010.

« C'était la première fois qu'on établissait un lien entre elle et M. Legebokoff », poursuit le serg. Wood.

L'ADN de Cynthia Maas et de Jill Stuchenko a également été retrouvé dans l'appartement de M. Legebokoff.

Mme Stuchenko, 35 ans, est morte de plusieurs coups à la tête et son sang a été retrouvé sur un canapé appartenant à M. Legebokoff. Un sapi – outil de foresterie – et une hache ont été saisis.

« Le sapi recelait des traces d'ADN de Mme Maas et la hache, celui de Mme Montgomery », détaille le s.é.-m. Cruch, qui ajoute que des membres du Service de l'identité judiciaire ont trouvé sur le sol de la cuisine une empreinte du pied de M. Legebokoff tachée du sang de Mme Montgomery.

Mmes Stuchenko, Maas et Montgomery travaillaient dans l'industrie du sexe et leur meurtrier les utilisait pour se procurer de la drogue. M. Legebokoff et la jeune Loren Leslie s'étaient rencontrés sur le réseau social Nexopia.

« Certains volets de l'enquête se sont poursuivis pendant des mois et des années après le dépôt des accusations », conclut le serg. Wood.

Plus de 4000 personnes ont été contactées et la police a cité 195 témoins et présenté 95 000 pages de preuves.

Lors de son procès, qui a débuté en juin 2014, M. Legebokoff a déclaré que Mmes Stuchenko, Maas et Montgomery avaient été tuées par un trafiquant de drogue qu'il refusait de nommer.

Le procès s'est terminé le 10 septembre 2014. Il a été reconnu coupable de quatre chefs d'accusation de meurtre au premier degré et a été condamné le lendemain.

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