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Trois agents de la GRC se tiennent debout dans une tente au milieu de matériel.

Plongée dans les abysses pour rendre le corps d’un homme à sa famille

En février, trois policiers du Centre national de formation en récupération sous-marine de la GRC ont utilisé un véhicule téléguidé pour récupérer le corps d'un travailleur dont le bulldozer s'était enfoncé sous la glace. Crédit : GRC

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Un conducteur de matériel lourd, père de deux jeunes enfants, est décédé en janvier lorsque son bulldozer s'est enfoncé sous la glace de l'Arctique près d'une mine dans l'ouest du Nunavut.

Personne ne voulait le laisser sous la glace.

Quelques jours après l'accident, on a donc fait appel à des plongeurs de la GRC en Colombie-Britannique, à plus de 2000 km de là, afin de tout tenter pour rendre le corps à la famille.

« Ses proches savaient que l'homme était mort, mais ils voulaient le voir une dernière fois, lui dire qu'ils l'aimaient et lui faire leurs adieux », résume le cap. Steve Wells, membre du Centre national de formation en récupération sous-marine (CNFRS) de la GRC. « Nous ne pouvions pas les décevoir. »

Conditions extrêmes

L'engin gisait à 159 mètres de profondeur – une profondeur qui dépasse les capacités des plongeurs de la GRC. Certains sont toutefois formés à l'utilisation de véhicules sous-marins téléguidés (VTG) équipés d'un GPS, d'un sonar, de caméras vidéo haute définition et d'un éclairage spécialisé résistant au froid extrême.

L'Équipe de récupération sous-marine de la GRC en C.-B., dont fait partie le gend. Tim Cucheran, allait récupérer le corps à une profondeur jamais égalée par une équipe de la GRC et il s'agissait d'une première pour un VTG au-delà du cercle polaire.

L'équipe a travaillé près du projet Back River de la Sabina Gold and Silver Corp., et la victime était amie avec de nombreux employés. Les exploitants de la mine ont installé une tente chauffée pour permettre aux plongeurs de se protéger des températures extérieures qui oscillaient entre
-20 C et -50 C. Lors d'une des premières tentatives de récupération en février, le VTG s'est emmêlé dans une corde qui devait servir à guider l'appareil, de la taille d'un sac de hockey. « Jusqu'à ce que nous puissions voir le bulldozer, il y avait beaucoup d'inconnues », se souvient le gend. Cucheran.

Ce qu'il savait par contre, c'est qu'il aurait besoin d'un autre VTG pour sortir le premier et récupérer le corps.

Une répétition grandeur nature

Le gend. Cucheran a demandé le VTG du CNFRS pour récupérer le corps de la victime et le premier VTG coincé. Plus moderne, le VTG du CNFRS comprend un bras robotique articulé à cinq axes qui est davantage polyvalent pour les tâches sous-marines.

En tant que coordonnateur-superviseur, le gend. Cucheran a décidé d'organiser une répétition grandeur nature de l'opération de récupération en C.-B.

« Étant donné la façon dont le bulldozer était positionné, je savais qu'une répétition serait le meilleur moyen de se préparer », dit celui qui est basé à Delta (C.-B.).

Il s'est donc organisé pour que le VTG soit suspendu par une grue au-dessus du même modèle de bulldozer chez un concessionnaire à Surrey (C.-B.), afin que le cap. Wells, l'opérateur du VTG, puisse simuler une approche comme s'il se trouvait dans l'océan.

Durant l'essai, ils ont repéré les parties du bulldozer sur lesquelles le VTG pouvait prendre appui, ont appris à se déplacer autour de la cabine et, surtout, ont localisé un verrou extérieur qui devait être abaissé pour que la porte de la cabine reste ouverte.

« Si le VTG était entré dans la cabine et que la porte s'était refermée, cela aurait posé un autre problème », explique le cap. Wells.

Le lendemain, les trois policiers s'envolaient vers le Nord et, dans l'après-midi même, plongeaient le VTG du CNFRS dans l'océan Arctique pour sonder les lieux.

Une tâche délicate

Les cap. Todd Kaufmann et Steve Wells, de l'équipe du CNFRS, étaient aux commandes du VTG surnommé « Fab » à la mémoire du gend. Fabrice Gévaudan, un plongeur de récupération sous-marine tué lors de la fusillade de 2014 à Moncton.

En utilisant l'une des pinces du bras munie d'une lame, le cap. Kaufmann a sectionné la corde qui entravait le premier VTG.

La deuxième journée, ils se sont concentrés sur la récupération du corps de la victime.

Tandis que le cap. Wells était aux commandes du VTG du CNFRS, le cap. Kaufmann guidait avec précision le bras du robot pour extirper délicatement de la cabine l'homme, vêtu de lourds vêtements de travail, et le ramener à la surface. Cela a pris un peu plus de deux heures.

« Pendant toute l'opération, je fixais l'écran et maintenais le VTG en place pour que Todd puisse faire son travail », explique le cap. Wells, qui attribue le succès de l'opération à l'exercice de répétition sur la terre ferme. « Nous avons ressenti un énorme soulagement lorsque nous avons sorti l'homme de la cabine et l'avons remonté à la surface. »

Vous voulez en savoir plus

Notre Entretien avec deux plongeurs de l'Équipe de récupération sous-marine de la GRC pourrait vous intéresser.

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