La cap. Stacy Morton et le gend. Jeff Prevett achevaient une longue journée de patrouille à la frontière canado-américaine lorsqu'ils ont remarqué quelque chose d'inhabituel.
« Nous naviguions quand j'ai remarqué un point du coin de l'œil, lance le gend. Prevett, du Détachement de la GRC à Thunder Bay. Nous avons ralenti et pris les jumelles, mais nous ne pouvions pas voir ce que c'était. Nous avons donc décidé d'aller sur la rive pour vérifier.
»
Le duo avait passé la semaine à appliquer les règlements sur les douanes, l'immigration et la sécurité nautique avec la garde côtière américaine sur des lacs chevauchant la frontière entre l'Ontario et le Minnesota. Par un après-midi ensoleillé d'août dernier, ils patrouillaient les eaux parsemées d'îles du Lake of the Woods, près de Kenora (Ont.), au nord-ouest de Thunder Bay.
Comme il n'y pas de chalets et très peu de bateaux dans ce secteur, les agents de la GRC furent surpris d'observer autre chose qu'un arbre ou une roche. En approchant de l'île, ils ont compris que le point était un bateau chaviré sur une plage de sable. Rendus à proximité, ils ont vu deux hommes agitant frénétiquement les mains.
« J'ai commencé par leur demander s'ils allaient bien, explique la cap. Morton, aussi du Détachement de la GRC à Thunder Bay. Ils ont répondu oui et nous ont dit qu'ils étaient échoués depuis trois jours. Ils ont vu passer 40 bateaux, mais nous étions les premiers à s'arrêter.
»
Échoués
Trois jours plus tôt, Bob Brott et son cousin Gary Soucie étaient partis à la pêche au doré sur le Lake of the Woods. Ils retournaient à Long Point (Minn.) lorsque la catastrophe est survenue.
Ils manœuvraient leur bateau de pêche de 17 pieds sur des eaux agitées avec des vagues de trois à quatre pieds lorsque M. Soucie a remarqué une infiltration d'eau. Il a vérifié la pompe de cale, servant à évacuer l'eau du fond du bateau, et celle-ci était bouchée. Le bateau se remplissait vite.
« J'ai saisi un seau et commencé à vider l'eau, mais l'eau montait trop vite, affirme M. Brott. Les vagues frappaient les côtés du bateau.
»
M. Soucie a tenté de composer le 911, mais son cellulaire ne fonctionnait pas. Ils ont tous deux réussi à revêtir leur gilet de sauvetage avant que le bateau ne chavire.
Les deux hommes se sont cramponnés au bateau chaviré, qui a dérivé vers la frontière de l'Ontario. Six heures plus tard, à la nuit tombée, ils ont abouti sur la rive sablonneuse d'une île.
Le lendemain, en cherchant de la nourriture, ils ont trouvé une vieille canette pour faire bouillir de l'eau. Le briquet de M. Brott a servi à allumer un feu pour rester au chaud et signaler leur présence. Ils ont écrit le mot « Help » sur le sable à l'aide de branches, dans l'espoir d'être repérés.
Après une deuxième nuit sur l'île, MM. Brott et Soucie se sentaient désespérés. De nombreux bateaux avaient passé du côté américain de la frontière, mais ils étaient tous trop loin pour leur faire signe. Ils ont alors fabriqué un radeau de fortune pour s'approcher des voies de navigation.
Sauvetage
Avant que MM. Brott et Soucie aient eu l'occasion de faire l'essai de leur radeau, les agents de la GRC ont précédé à leur sauvetage.
« Je n'ai jamais été aussi heureux de voir quelqu'un, confie M. Brott
».
La cap. Morton et le gend. Prevett affirment que le bateau chaviré leur a sauvé la vie.
« Lorsqu'on est sur la rive, on s'attend à être visible, explique le gend. Prevett. Mais nous ne pouvions pas voir les hommes, le signe d'aide ou le feu. Nous avons seulement vu le reflet du soleil sur le bateau peint vert clair.
»
Même si les hommes étaient partis depuis plus de trois jours, leur disparition n'a jamais été signalée. La cap. Morton rappelle aux plaisanciers de toujours informer quelqu'un de l'endroit où ils vont et du moment de leur retour à la maison.
« Une journée de plus et le sauvetage aurait pu se transformer en mission de récupération, lance la cap. Morton. Ils ont eu de la chance.
»
La cap. Morton et le gend. Prevett incitent les policiers à rester vigilants lors de patrouilles.
« Cherchez des trucs qui sortent de l'ordinaire, insiste la cap. Morton. Observez tout ce qui vous entoure et prenez le temps de faire un suivi; vous ne savez jamais ce qui vous attend.
»