Vol. 80, Nº 4Reportages

Sous un soleil radieux, montée sur son vélo de travail, une policière de la GRC portant des verres fumés et un casque gris salue les passants qu'elle croise.

Une police au visage avenant

Le contact en personne réduit la criminalité et aide les sans-abri

La gend. Erin Stevenson pratique la patrouille à vélo à Cranbrook City (C.-B.) pour tisser des liens avec les gens et mieux contrer la criminalité dans les secteurs congestionnés. Crédit : Photo fournie par le serg. Chris Newel

Par

Patrouiller à pied et à vélo permet aux policiers de la GRC d'améliorer leurs relations avec les citoyens et contribue à faire échec à la criminalité de rue.

La tactique policière du contact en personne, grâce à laquelle les agents circulent aisément dans les rues engorgées et les stationnements et secteurs commerciaux achalandés, est courante dans les centres urbains densément peuplés – mais elle est aussi en usage dans les banlieues.

Selon la gend. Erin Stevenson, agente de liaison en santé mentale au Détachement de Cranbrook (C.-B.), voir les policiers se déplacer autrement qu'en autopatrouille rend les gens plus réceptifs et favorise de bonnes relations. Bien qu'il n'y ait à Cranbrook pas de brigade à vélo permanente, la gend. Stevenson arpente les 7 km2 du centre-ville dès que les ressources et le temps le permettent.

« L'autopatrouille pose une véritable barrière, constate la gendarme. Quand les gens voient une voiture de police, ils prennent peur – c'est l'instinct qui parle. Supprimez la voiture et ils deviennent aussitôt beaucoup plus faciles d'approche. »

Lorsqu'elle patrouille à pied ou à vélo, raconte-t-elle, les gens l'arrêtent pour parler, et ce contact régulier crée de bonnes relations avec les commerçants, les clients et les résidents, si bien qu'elle obtient souvent de l'information sur des crimes qu'elle n'aurait pas recueillie autrement.

Rapports positifs

À Richmond (C.-B.), où les policiers de la GRC patrouillent le centre-ville à vélo de montagne à longueur d'année, les membres de la brigade à vélo ont eux aussi remarqué qu'un agent cycliste est plus accessible.

« Le gens n'ont pas tout le temps envie de signaler un méfait à la police, observe le cap. Dean Etienne, chef de la brigade à vélo du Détachement de Richmond. Dans un contact en personne, ils sont plus susceptibles de nous dire : "Hé, vous savez ce qui est arrivé?" »

À Richmond, les patrouilles à vélo ont permis de nouer des liens avec les employés des refuges et des logements communautaires, ce qui s'est avéré utile pour retrouver des itinérants, souvent aux prises avec des troubles de santé mentale, qui étaient portés disparus.

Quand on roule à vélo, il se développe naturellement des rapports positifs avec les itinérants, car ils circulent eux-mêmes à pied ou à vélo, rapporte le cap. Etienne. Abordés dans la rue ou lors d'une visite routinière dans un refuge ou une cantine populaire, ils conversent volontiers et sont ensuite plus disposés à coopérer avec la police et à lui faire confiance lorsqu'elle fait enquête.

Récemment, le cap. Etienne a eu un échange pénible avec un itinérant qu'il a connu en faisant ses rondes habituelles. Tout son bric-à-brac était devenu un pro-blème pour la Ville, et on l'a sommé de faire le ménage ou alors de s'en aller.

« Le fait qu'on se connaît déjà facilite les choses, précise le cap. Etienne. Au lieu d'arriver en force avec des autopatrouilles pour le contraindre à bouger, on peut l'inviter gentiment à se trouver un autre endroit où demeurer. »

Pour le Détachement de Kimberley (C.-B.), à environ 1000 km à l'est de Richmond, accroître la visibilité de la police est une priorité, ce pourquoi on encourage les agents à patrouiller à pied.

En moyenne, deux membres du détachement déambulent dans les rues une fois par jour, parfois même durant leurs pauses-café.

« Parce qu'ils ont ce rapport informel avec les policiers, les gens se sentent à l'aise et en sécurité en leur présence, déclare le serg. Chris Newel, chef du Détachement de Kimberley. Ici, nous avons pris le temps de bâtir de tels rapports. Nous sommes accessibles. »

Patrouiller à pied et à vélo est aussi un bon moyen de pincer ceux qui textent en conduisant ou arrêtés à un feu rouge, de même que ceux qui consomment de l'alcool ou de la drogue en public.

« Difficile de se cacher quand on est dans une voiture de police, note la gend. Stevenson. On nous repère tout de suite. Alors qu'à vélo, on ne me voit pas venir. Ça peut leur prendre une minute avant de s'apercevoir que je suis de la police, mais trop tard pour eux, je suis déjà là! »

Engager la conversation

Au Détachement régional de Codiac, à Moncton (N.B.), l'effectif à vélo change tous les jours. D'avril à novembre, les policiers formés à la cyclopatrouille quadrillent un vaste territoire urbain composé du grand Moncton, de Riverview et de Dieppe.

Se déplacer à vélo simplifie le contact avec la population pour les membres de Codiac, qui n'hésitent pas à en descendre pour marcher, déclare le s.é.-m. Jamie Melanson, chef de veille au détachement.

« Pouvoir ainsi engager la conversation avec les gens est un moyen très efficace d'accroître la sécurité de la collectivité et de cultiver de bonnes relations », conclut le s.é.-m. Melanson.

La cyclopatrouille ne convient pas à tout le monde, mais les policiers qui ont de l'entregent, qui sont d'un naturel curieux et ont le sens de l'observation sont tout désignés pour en faire.

« Pas besoin d'être super doué à vélo, commente le cap. Etienne. Suffit de savoir observer ce qui se passe tout autour sans entrer en collision avec les passants et autres usagers de la route. »

Date de modification :