Il y a 20 ans, le 11 septembre 2001, les États-Unis étaient frappés par des attentats terroristes. Ces événements ont eu des répercussions dans le monde entier : des vols ont été déroutés, la sécurité a été renforcée et les frontières ont été fermées. Paul Northcott, rédacteur pour la Gazette, a recueilli le récit d'employés de la GRC sur cette journée fatidique et celles qui ont suivi. Découvrez ci-dessous la 3e partie de notre tétraptyque.
Lorsque les avions se sont encastrés dans les tours du World Trade Center, le gend. Manny Pizarro se trouvait à 5000 km de là, au Détachement de la GRC à Gibsons (C.-B.).
« J'ai immédiatement pensé que je devais m'y rendre
», relate ce natif de Montréal qui a de la parenté dans la banlieue de New York.
À l'époque, il faisait partie des Opérations secrètes de la GRC en Colombie-Britannique et, par chance ou hasard, il devait se rendre à Montréal quelques jours plus tard afin de discuter d'une opération d'infiltration. Maîtrisant l'espagnol, il avait été sollicité pour participer à celle-ci.
Mais arrivé à Montréal, il a appris que l'opération était annulée puisque tous les efforts étaient à présent concentrés sur la gestion des conséquences des attaques terroristes aux États-Unis. La GRC au Québec avait donc mis sur pied un centre de commandement.
« J'étais là, mais je n'avais rien à faire puisque l'opération avait été annulée
», se souvient celui qui est aujourd'hui affecté à Salaberry-de-Valleyfield (Qc).
Comme les autorités de New York cherchaient des volontaires pour aider à la sécurité et au déblaiement du site, le gend. Pizarro a immédiatement appelé le centre de commandement pour se porter volontaire.
« Je leur ai dit quelles étaient mes compétences et la personne à l'autre bout du fil m'a dit de me rendre à New York
», raconte celui qui parle aussi le français et a de l'expérience dans la recherche et le sauvetage en montagne.
Arrivé à New York le 16 septembre, il a été affecté à une des nombreuses équipes de quatre personnes qui, munies de seaux, étaient chargées de fouiller méthodiquement les débris des tours jumelles à la recherche d'effets personnels des victimes.
« C'était comme un amas d'argile, donc difficile à défaire. Mais tout ce que nous trouvions – portefeuilles, bijoux, tout effet personnel – était remis au FBI à la fin de la journée
», ajoute-t-il.
De temps en temps, un mégaphone crépitait et le travail s'arrêtait.
« Parfois, on entendait "On a trouvé un frère". Quelqu'un se pressait alors vers l'endroit avec un drapeau et le silence s'installait... un lourd silence.
»
Le gend. Pizarro a pu mettre à profit ses habiletés d'alpiniste lorsqu'on lui a demandé de descendre 45 mètres en rappel dans une cage d'ascenseur pour rechercher des victimes.
« Je n'ai trouvé personne, mais j'étais heureux de le faire parce que c'était dans mes cordes
», confie-t-il.
Il est resté cinq jours à Ground Zero, se nourrissant de repas-minute et dormant sur place. Le travail était monotone et parfois macabre. On découvrait souvent des corps et des fragments humains.
Il a senti que son travail était apprécié.
« Personne ne se souciait de savoir si nous travaillions deux heures par jour ou douze. Les New-Yorkais étaient heureux d'avoir de l'aide
», dit celui qui a rencontré des dizaines d'Américains venus apporter leur aide.
« Nous étions unis dans la tâche, conclut-il; une tâche que peu de gens voudraient faire.
»