Vol. 81, Nº 3Profil d'un détachement

Policière de la GRC debout, face à un lac, près d'un véhicule dont la portière est ouverte.

«  Prêts à tout  »

Vernon-North Okanagan, une région bien occupée

Les membres de la GRC à Vernon-North Okanagan connaissent bien les denses forêts et les cours d'eau enchanteurs des terres intérieures de la Colombie-Britannique. Crédit : GRC

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Les jours se suivent et ne se ressemblent pas au Détachement de Vernon-North Okanagan.

L'an dernier, ses membres ont participé à une opération de recherche et de sauvetage de douze heures, ont sécurisé le secteur où se trouvait une grenade artisanale et ont salué des pêcheurs sur glace croisés pendant leurs patrouilles régulières.

Situé à l'intérieur des terres britanno-colombiennes, le détachement compte cinq bureaux et dessert plusieurs collectivités de North Okanagan, y compris Vernon, où habite la moitié des 84 000 résidents de la région. Les autres bureaux se trouvent à Armstrong, Lumby, Enderby et Falkland.

La surint. Shawna Baher, officière responsable du détachement où travaille une centaine d'employés, attribue au caractère régional de celui-ci la variété des situations auxquelles la police est confrontée.

« En ville, la criminalité liée à la toxicomanie, à la sécurité personnelle et à l'itinérance est monnaie courante. En région aussi, il y a des problèmes, mais la sécurité routière et la délinquance juvénile sont des enjeux plus pressants », explique la surint. Baher.

À l'extérieur de Vernon, il arrive aux membres de circuler sur des voies de service au plus profond de la forêt et d'avoir à rouler durant une heure entre deux interventions.

« Les policiers en zone rurale doivent être autonomes et prêts à tout en tout temps, déclare le serg. Glen Caston, affecté au bureau d'Enderby. L'arrivée de renforts, des pompiers ou des ambulanciers peut être retardée par les particularités géographiques de la région. »

Au dire du serg. Caston, les régions rurales sont aux prises avec les mêmes ennuis que les centres urbains, par exemple le trafic de drogues, mais à plus petite échelle.

« Les gens d'ici y voient un vrai pro-blème, explique le serg. Caston. Ayant choisi de vivre ici plutôt qu'en ville, ils sont mécontents d'avoir les mêmes problèmes que dans les métropoles. »

Collaboration

Au détachement régional – chargé de la sécurité de Vernon ainsi que des villages et communautés autochtones avoisinants – se réunissent les membres éparpillés sur 7 500 km2.

Le partage de ressources est essentiel en haute saison estivale. À Vernon, le tourisme est considérable : en 2016, il a rapporté 190 M$ à l'économie locale.

« Lors des événements spéciaux, on fait ce qu'on a à faire sans s'inquiéter que tel membre vient d'Enderby et tel autre d'Armstrong », commente le serg. David Evans, qui a déjà travaillé dans le détachement rural et la ville de Vernon.

À Vernon, un surcroît de visiteurs appelle une plus grande présence policière.

L'escouade du centre-ville de Vernon patrouille à pied et à vélo pour accroître sa visibilité, et pendant l'été, elle fait des rondes supplémentaires tous les vendredis et samedis soir.

« Il faut sortir et nous faire voir », lance le serg. Evans, qui coordonne l'unité du centre-ville.

La GRC surveille les environs des lacs pour coincer les conducteurs en état d'ébriété et autres types de contrevenants, et elle patrouille en VTT près des terrains de camping au milieu des bois.

Dans les secteurs ruraux environnant Armstrong, Lumby, Enderby et Falkland, les policiers participent aux opérations de recherche et de sauvetage qui visent les randonneurs, cyclistes ou skieurs qui ont besoin de secours.

« Nous faisons l'interface entre les organismes de secours et les familles et amis », résume le serg. Caston.

Un fléau sans frontières

La pittoresque région n'est pas épargnée par ce problème malheureusement trop répandu : la consommation de drogues et les surdoses.

« La crise des opioïdes a fait des ravages dans notre communauté », reconnaît la surint. Baher.

En 2014, il y a eu six surdoses mortelles à Vernon. D'après un rapport des services du coroner de la Colombie-Britannique, ce nombre est grimpé à 24 en 2018.

Le détachement a récemment mis sur pied un projet pilote visant à offrir aux toxicomanes sous garde de la police des vidéos éducatives, des services de soutien et de la na-loxone, une substance qui neutralise l'effet des opioïdes. Dans un deuxième temps, le projet visera à offrir des thérapies de remplacement des opioïdes aux individus en détention.

« Le détenu qui le souhaite peut entamer une thérapie de remplacement. S'il est dans un état stable grâce à la suboxone, il risque peu d'être en manque une fois relâché, et il risque donc peu d'enfreindre la loi pour se procurer de la drogue », analyse la surint. Baher, dont l'engagement dans le projet lui a valu une distinction de l'Ordre du mérite du gouverneur général.

Des initiatives comme ce projet pilote visant les opioïdes reposent sur la mobilisation communautaire et la prise en compte des inquiétudes des résidents.

À Vernon, la police va à la rencontre des associations du centre-ville et de ses partenaires communautaires pour connaître leurs préoccupations; à l'extérieur, elle entretient des liens étroits avec les municipalités et les réserves autochtones de Splatsin et d'Okanagan.

« Voilà un bel exemple d'action qui ne se limite pas à l'application des lois », conclut le serg. Evans.

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