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Un technicien place une carte avec un échantillon d'ADN dans une machine pour que celui-ci soit analysé.

Le Programme national de données génétiques pour les personnes disparues : un outil pour les enquêteurs de partout au pays

Depuis son lancement en 2018, le Programme national de données génétiques pour les personnes disparues a donné lieu à plus de 50 concordances, aidant ainsi à identifier des personnes disparues et des restes humains. Crédit : GRC

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Lorsqu'ils ont fait la découverte de restes humains dans une région rurale d'Alberta en 1995, les policiers avaient peu d'indices pour poursuivre leurs recherches. Ils considéraient la mort suspecte, mais sans pouvoir identifier les restes, leur enquête était dans une impasse. Après le lancement du Programme national de données génétiques pour les personnes disparues (PNDGPD) à la GRC en 2018, un profil génétique a été téléchargé dans la Banque nationale de données génétiques pour y être comparé à d'autres profils. L'analyse n'a révélé aucune concordance.

L'affaire a pris une autre tournure l'an dernier lorsque l'agent Evan Nelson, enquêteur responsable des cas de disparition au Service de police de Calgary, a commencé à examiner un dossier datant du début des années 1990. Il a retrouvé un membre de la famille de la personne disparue et lui a demandé un échantillon biologique pour qu'une analyse soit faite au PNDGPD.

La concordance de l'échantillon avec le profil de la personne disparue a permis à la police d'établir l'identité de celle-ci et de poursuivre son enquête.

« Grâce à la correspondance obtenue, le dossier fait maintenant l'objet d'une enquête active pour homicide », affirme l'agent Nelson.

Depuis son lancement en 2018, le Programme national de données génétiques pour les personnes disparues a donné lieu à plus de 50 concordances, aidant ainsi à identifier des personnes disparues et des restes humains.

Fichiers de profils génétiques à usage humanitaire

Avec les 50 concordances qu'il a permis d'obtenir depuis son lancement en 2018, le PNDGPD s'est révélé fort utile aux enquêteurs, en les aidant à faire avancer leurs dossiers, ainsi qu'aux familles de personnes disparues, en les aidant à tourner la page.

« Le PNDGPD a notamment pour objectif d'aider aux enquêtes afin que les autres laboratoires publics puissent se concentrer sur les enquêtes criminelles », explique Chris Askew, chef technique de programme à la Banque nationale de données génétiques (BNDG).

Géré par la BNDG et le Centre national pour les personnes disparues et les restes non identifiés (CNPDRN) de la GRC, le PNDGPD compte trois fichiers de profils génétiques à usage humanitaire. Un logiciel compare les fichiers quotidiennement, à la recherche de concordances.

Les fichiers à usage humanitaire comprennent :

  • le Fichier des personnes disparues (FPD), qui contient les profils génétiques de personnes disparues;
  • le Fichier des parents de personnes disparues (FPPD), qui renferme les profils génétiques fournis volontairement par les proches de personnes disparues;
  • le Fichier des restes humains (FRH), qui contient des profils génétiques établis à partir de restes humains.

Les profils génétiques du FRH et du FPD sont comparés à ceux des dossiers criminels de la BNDG, qui en contient plus de 600 000, mais pour des raisons de confidentialité, les profils du FPPD sont comparés uniquement à ceux du FRH et du FPD.

Des enquêtes qui avancent

L'agent Braden Blais, enquêteur des crimes graves au Service de police de Prince Albert en Saskatchewan, a travaillé avec des agents du PNDGPD pour faire avancer une enquête concernant une personne disparue à l'automne 2020.

À l'été 2021, les enquêteurs ont retrouvé des restes humains dans un secteur boisé à l'extérieur de la ville et ont pensé qu'il pouvait s'agir de ceux de la personne disparue quelques mois plus tôt, mais en raison de l'état des restes, ils ne pouvaient en être sûrs. Ils ont alors fourni un échantillon aux agents du PNDGPD et une concordance a confirmé leurs soupçons.

« Le programme de données génétiques a été crucial parce qu'il a permis d'identifier les restes », affirme l'agent Blais. Grâce à cette concordance, le policier a pu confirmer l'identité de la victime avec l'aide du coroner, informer la famille et poursuivre l'enquête en traitant cette affaire comme un homicide.

« Les données génétiques sont importantes, elles nous ont permis d'établir un lien avec d'autres pièces à conviction saisies et de corroborer des déclarations », ajoute–t-il. « C'est un gros morceau qui aide à assembler le casse-tête. »

L'agent Nelson affirme que le PNDGPD peut être particulièrement utile lorsque d'autres méthodes d'identification, comme les analyses dactyloscopiques ou odontologiques, sont impossibles. « L'analyse génétique est parfois notre seule option. »

Le programme peut également être utile pour résoudre des affaires datant d'avant les percées de la génétique et de son utilisation généralisée par les services de police.

« C'est un excellent outil pour faire avancer des enquêtes policières et surtout, pour permettre aux familles de tourner la page », fait remarquer l'agent Nelson. « Les proches peuvent ainsi avoir la confirmation du décès, c'est généralement mieux pour eux que de rester dans l'inconnu. »

Géré par la Banque nationale de données génétiques et le Centre national pour les personnes disparues et les restes non identifiés de la GRC, le Programme national de données génétiques pour les personnes disparues compte trois fichiers de profils génétiques.

Avancées technologiques

Au cours de la dernière année, la BNDG a considérablement amélioré son processus d'extraction de données génétiques de tissus durs, comme les os. Le programme connaît déjà du succès, mais on espère qu'avec les nouvelles technologies, comme l'analyse d'ADN mitochondrial, il sera possible de résoudre encore plus d'affaires.

« L'analyse d'ADN mitochondrial peut être pratique quand l'ADN des restes humains est de mauvaise qualité ou qu'on a uniquement accès à un parent maternel éloigné », explique Chris Askew. « Cette nouvelle technologie permettra de faire avancer plus d'enquêtes. »

Il y a actuellement plus de 1 700 profils génétiques dans les trois fichiers à usage humanitaire du PNDGPD. L'ajout de profils au fil du temps donnera plus souvent lieu à des concordances.

« C'est bien de voir l'effet boule de neige », fait remarquer M. Askew. « Les enquêteurs sont de plus en plus nombreux à constater l'utilité du programme. Nous recevons donc plus de demandes d'autres services de police. »

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