Vol. 76, Nº 1À l'avant-scène

Récentes études policières

Les chercheurs ont interrogé des survivants masculins de sévices sexuels pour connaître leur expérience et le degré de soutien obtenu des services communautaires et des autorités policières.

Par

Les extraits suivants d'études récentes en matière de justice et d'application de la loi reflètent les vues et les opinions des auteurs, mais pas nécessairement celles de leur organisation d'attache. Les rapports intégraux sont accessibles au site Web indiqué à la fin de chaque résumé.

Survivants masculins de violence sexuelle : leurs expériences

DLa présente étude porte sur les expériences de survivants masculins de sévices sexuels à l'enfance (SSE) et à l'âge adulte (SSAA).

Les chercheurs ont travaillé étroitement avec le personnel de deux centres de soutien pour hommes. Les intervenants ont fait des commentaires sur l'outil de sondage, collaboré au recrutement de répondants et offert des séances de counselling à ces derniers, au besoin.

On a diffusé une lettre d'information et de consentement aux participants. Les chercheurs ont réalisé 59 entrevues semi-dirigées, d'une durée moyenne de 45 minutes par séance.

Résultats

Des 59 participants, les deux tiers avaient entre 36 et 54 ans, et les trois quarts étaient de race blanche. Le degré de scolarité variait de l'école élémentaire au diplôme d'études supérieures. Le tiers des répondants souffraient d'un handicap physique. Et près de la moitié touchaient un revenu annuel inférieur à 25 000 $.

Presque tous les participants ont déclaré avoir été agressés sexuellement à l'enfance et la plupart ont dit que l'agresseur était une personne en qui ils avaient confiance, notamment un membre de la famille. Un nombre moindre des participants ont signalé avoir été agressés à l'âge adulte, et la majorité de ceux-ci ont subi des sévices à de multiples reprises et ont affirmé avoir aussi été agressés à l'enfance.

Les participants ont souligné le peu de soutien dont ils ont joui enfants et le rôle prépondérant des centres de soutien pour hommes dans leur vie d'aujourd'hui. La plupart des participants ont dit avoir souffert de dépression, et certains, d'un trouble de stress post traumatique.

Juste un peu plus du quart de ceux qui ont subi des SSE l'ont déclaré à la police ou en ont parlé à quelqu'un qui a par la suite signalé l'incident aux autorités. Parmi les hommes qui ont subi des SSAA, deux sur 10 l'ont déclaré à la police ou en ont parlé à quelqu'un qui a par la suite averti les autorités.

Nombre des participants ont signalé les sévices parce qu'ils estimaient devoir agir ou parce qu'un intervenant, un membre de la famille ou un ami le leur a conseillé, ou encore parce qu'ils avaient besoin d'exprimer leurs sentiments. La raison principale pour ne pas le déclarer à la police tenait notamment à la pensée que personne ne les croirait, au sentiment de honte, au fait d'ignorer qu'ils pouvaient le faire et à l'absence de tout soutien de leur famille.

Les participants recommandent que le gouvernement ou des défenseurs fassent une campagne de sensibilisation sur le problème, estimant qu'il y a encore de nombreux mythes sur les agressions sexuelles perpétrées contre des hommes, à l'enfance et à l'âge adulte.

De même, les participants recommandent une formation pour les intervenants en justice pénale sur la dynamique des sévices sexuels, ainsi que sur les techniques d'entrevue et d'enquête.

Pour consulter le rapport intégral : www.justice.gc.ca.

Developing an evidence-base for local policing in Scotland (en anglais seulement)

Par Elizabeth Aston, Ph. D. et le professeur Kenneth Scott

Certains aspects de la police locale ont retenu l'attention dans les publications policières récentes. La police communautaire, notamment, a fait l'objet de nombreuses recherches tant au pays qu'à l'étranger.

La police locale recouvre tout un éventail d'activités au sein du mandat de la police écossaise : les interventions spéciales, le maintien de la loi dans les secteurs de la vie nocturne, la sécurité routière, les enquêtes sur la criminalité, le maintien de l'ordre aux événements publics d'envergure, l'exécution de mandats et autres fonctions liées à la justice pénale, la gestion des troubles locaux et des comportements antisociaux, ainsi que certains aspects de la protection publique.

Le présent rapport d'étude se fonde sur un projet d'échange de connaissances financé par le Scottish Institute for Policing Research (SIPR) dans le cadre du programme IMPAKT (Improving Police Action through Knowledge Transfer), qui découle d'un projet de recherches postdoctorales du SIPR sur la police locale écossaise.

Le nouveau projet se veut le prolongement des recherches en vue de soutenir le processus de réforme de la police écossaise, notamment sur le plan de la police locale.

L'évaluation des travaux initiaux permet d'envisager l'utilisation possible des données de recherche en vue d'approfondir certains thèmes de la police locale et d'élaborer de nouveaux modèles d'exécution.

On a créé une base de données alimentée par un vaste éventail de sources, assorties d'un résumé avec un lien aux données originales et aux sources intégrales.

Il reste maintenant à évaluer la pertinence de la base de données pour Police Scotland, la Scottish Police Authority et les partenaires communautaires dans le contexte de la réforme policière après la fusion structurelle initiale des milieux policiers.

Pour consulter le rapport intégral : www.sipr.ac.uk.

Youth gangs in a remote Indigenous community: Importance of cultural authority and family support (en anglais seulement)

Par Teresa Cunningham, Bill Ivory, Richard Chenhall, Rachael McMahon et Kate Senior

On a dit de la communauté autochtone de Wadeye dans le Territoire du Nord (Australie) qu'elle était sous le siège d'une violence continue de la part de gangs.

Ceux-ci, apparus au début des années 80, se composent essentiellement de jeunes unis par des liens culturels, familiaux ou de clan au sein de groupes aux usages américa-nisés, avec des liens symboliques à la musique heavy métal et des territoires nettement délimités.

Si les membres se livrent à la distribution lucrative, mais à relativement faible échelle de drogue (principalement le cannabis), ces gangs épousent une structure soit offensive, soit défensive.

La présente étude repose sur les données recueillies par un sondage auprès de jeunes impliqués dans des gangs à Wadeye et sur des entrevues de membres des gangs incarcérés au centre correctionnel de Darwin.

L'émergence de gangs de jeunes à Wadeye

Entre 2002 et 2004, il y avaient 14 gangs distincts en activité dans la région de Wadeye. Les membres de gangs plus jeunes avaient entre 7 et 14 ans, mais chez les gangs plus vieux et plus puissants, l'âge variait entre 15 et 25 ans.

En ce qui concerne l'incidence de l'adhésion à un gang sur les réseaux familiaux et communautaires, le modèle causal donne à penser que l'adhésion résulte habituellement d'une rupture entre les jeunes et leur famille et leur communauté.

Le relâchement des liens conventionnels pose un risque accru de comportement antisocial et d'intériorisation de valeurs antisociales. Les gangs de jeunes à Wadeye évoluent dans un milieu défavorisé sur le plan social et économique.

La communauté a atteint un moment décisif : si elle fait l'objet d'un financement accru pour les infrastructures et les programmes, ces initiatives ne seront bénéfiques que si on résout la dépendance des adultes envers les prestations de bien-être social et si on offre à la population active des possibilités de gagner un revenu plutôt que d'être de simples consommateurs de ressources.

La formation des gangs, qui favoriserait le capital social de leurs membres, constitue-rait autant une réaction à l'environnement social que la cause de celui-ci.

Les gangs sont généralement associés au comportement criminel, même s'ils sont constitués de membres qui ne font que passer du temps entre eux, plutôt que de se livrer à des crimes graves et violents.

L'étude de cas de Wadeye vient enrichir la perception générale à l'égard des activités typiques des gangs, marquées par la consommation de drogues et des comportements violents, en montrant le soutien que les gangs apporteraient aux jeunes en tant que réseau social, dans leur passage à l'âge adulte au sein d'un environnement multiculturel turbulent.

Analyse

Les aspects criminels des gangs impor-teraient moins que des facteurs comme la construction de l'identité, l'expérimentation du leadership et la recherche incessante de connaissances sur la culture et l'histoire.

On a également constaté des différences entre les valeurs des gangs établis et celles des gangs émergents. Les membres des gangs plus vieux fondent leur structure sur la culture et les valeurs traditionnelles; ils se considèrent membres d'une tribu plutôt que d'un gang. Les gangs plus jeunes, par contre, sont davantage axés sur les attitudes et les valeurs occidentales.

L'importance continue de la famille pour les membres de gangs et le fait que ceux-ci évoquent la famille et les amis comme élément primordial du gang soulève la nécessité d'aborder les jeunes autochtones dans leur contexte familial, vu l'importance du gang dans la vie des jeunes.

Par conséquent, il faut fonder les interventions sur la notion de gang comme famille, et aborder cet élément non pas comme un problème strict, mais dans la perspective d'un réseau familial.

Les conséquences pour les politiques et les programmes de justice pour les jeunes sont évidentes : il faut soutenir les aînés et les mentors de jeunes adultes dans leur rôle d'orienter les jeunes vers des activités constructives pour les gangs, une approche plus utile que l'incarcération et la gestion du récidivisme, fort coûteux.

Pour consulter le rapport intégral : www.aic.gov.au.

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