Vol. 79, Nº 3À l'avant-scène

Garçon contrarié appuyé sur un mur de briques.

Récentes études policières

Les enfants dont les parents ont maille à partir avec la justice font face à une foule de difficultés, par exemple tension psychologique, comportements antisociaux et activité criminelle.

Par

Les extraits suivants d'études récentes en matière de justice et d'application de la loi reflètent les points de vue et opinions des auteurs, mais pas nécessairement celles des organismes pour lesquels ils travaillent.

Résumé de l'évaluation du « Youth Inclusion Program » — Canada Atlantique

Par Danièle Laliberté

Le YIP est un programme localisé qui vise à réduire la criminalité dans des quartiers où elle est très présente en ciblant 50 jeunes de 13 à 16 ans parmi les plus à risque de délinquance. Complexe et intensif, le programme repose sur un plan d'action adapté à chaque participant qui cible les facteurs de risque qui lui sont propres.

Concrètement, le YIP vise à améliorer les facteurs de protection, l'assiduité et le rendement scolaire et à réduire les facteurs de risque, la délinquance et les démêlés avec la justice. Trois projets financés par Sécurité publique Canada ont été lancés en Atlantique et ont fait l'objet d'une évaluation d'impacts par le privé : le Northside YIP à Sydney Nord, en N.-É. (janvier 2010 – juin 2013); le Seeds of Change YIP à Spryfield, en N.-É. (septembre 2010 – novembre 2012) et le ONE Change YIP à St-Jean, au N.-B. (avril 2010 – janvier 2014).

Ces trois sites ont admis ensemble 257 jeunes au programme. De manière générale, ils ont bien rejoint les groupes visés. Puisque le YIP est conçu pour des secteurs à risque, le quartier a figuré au nombre des principaux facteurs de risque des trois projets. Les autres facteurs de risque variaient d'un site à l'autre, et comprenaient le style de vie, la façon de penser et le comportement, l'école et les études et les relations familiales et personnelles.

Le personnel scolaire, les policiers et les représentants de divers organismes de services sociaux que nous avons interrogés ont confirmé que le YIP rejoignait les jeunes ciblés, que le programme semblait mieux accueilli par les jeunes dont le niveau de risque était plus modéré qu'élevé, et qu'il valait mieux ne pas cibler les jeunes déjà bien engagés dans l'appareil judiciaire. On avait prévu un minimum de cinq heures d'intervention par semaine (entre 5 et 10).

Au site ONE Change, certains jeunes ont profité d'une intervention YIP avant d'y être admis officiellement, de sorte qu'il est difficile de déterminer dans quelle mesure on peut attribuer les résultats à l'intervention. Cette situation illustre combien il est important de bien arrimer le recrutement au programme, l'intervention et les résultats à mesurer. Autre constatation, les jeunes qui ont participé plus intensivement au programme en ont bénéficié davantage. Le fait que 67 p. 100 de tous les participants affichent un niveau de risque total réduit selon l'outil d'évaluation ONSET traduit l'atteinte des résultats à court terme de l'intervention YIP. Mentionnons aussi des progrès à l'égard de résultats intermédiaires liés aux indicateurs scolaires.

On a observé une réduction de la délinquance chez beaucoup de participants, surtout à Northside et à Seeds of Change, où respectivement 59 et 50 p. 100 des jeunes ont eu moins de démêlés avec la police à titre de suspects ou d'accusés entre la fin du YIP et la fin de la deuxième année après le programme. Vingt-cinq pour cent des commerces de Northside ont noté une diminution des incidents de nature criminelle pendant la durée du programme. La majorité des représentants d'entreprises de Northside ont attribué au programme, en tout ou en partie, la réduction des comportements antisociaux chez les jeunes.

Hidden consequences: the impact of incarceration on dependent children (en anglais seulement)

Par Eric Martin

Les familles des détenus sont souvent appelées les « victimes cachées », celles de l'appareil judiciaire qui n'ont nulle part où être reconnues, entendues. Les enfants de parents pris dans les filets de la justice, en particulier, vivent une foule de difficultés : tension psychologique, comportements antisociaux, suspension ou expulsion de l'école, précarité financière, activité criminelle. Il est difficile de prédire comment un enfant se tirera d'affaire quand un de ses parents est incarcéré, de manière continue ou intermittente, et les études menées sur les facteurs de risque de ces enfants donnent des résultats mixtes.

Les recherches laissent cependant entendre que la solidité ou la fragilité du lien parent-enfant et la qualité du filet de soutien social de l'enfant et de la famille comptent pour beaucoup dans la capacité de l'enfant à rebondir et à réussir dans la vie. Par conséquent, les travailleurs du milieu correctionnel doivent établir de solides partenariats avec les policiers, les écoles publiques et les services d'aide à l'enfance afin de bien comprendre la dynamique de la famille en cause et d'assurer un filet social à l'enfant et une réinsertion réussie à celui des parents qui est incarcéré.

L'article expose l'éventail des facteurs de risque pour les enfants de parents incarcérés. Il met en garde contre les solutions universelles qu'on pourrait tenter d'appliquer à ces facteurs de risque sans tenir compte des besoins particuliers de l'enfant, de son lien avec son père ou sa mère et des autres réseaux de soutien à sa disposition.

Bien que chaque cas soit unique et que chaque enfant réagisse différemment, les recherches ont prouvé que l'incarcération du père ou de la mère comporte des menaces variées pour le bien-être émotionnel, physique, éducationnel et financier de l'enfant.

Les travailleurs du milieu policier et des services à l'enfance ont déjà souvent affaire avec l'enfant avant que l'appareil correctionnel n'ait affaire avec le père ou la mère, de sorte qu'une communication accrue et simplifiée entre les divers organismes gouvernementaux pourrait maximiser la chance de fournir à l'enfant tout le soutien possible.

Par exemple, une recherche financée par le NIJ propose le concept « une famille, un juge » dans lequel seraient regroupés les dossiers de services à l'enfance et de justice juvénile afin de simplifier et de régulariser les services à l'enfant et à la famille. Si les services de l'ordre, les services à l'enfance, le milieu scolaire et le service correctionnel pouvaient mettre en commun leurs renseignements sur l'enfant et sur la famille qui vivent l'incarcération d'un des parents, l'enfant à risque de précarité soutenue, d'échec scolaire ou d'activité criminelle profiterait probablement d'une intervention rapide. Les travailleurs du milieu correctionnel et les gestionnaires de la réinsertion connaîtraient aussi mieux la situation de l'enfant et sa relation avec son père ou sa mère avant l'incarcération, et pourraient ainsi favoriser son bien-être.

Cela étant, améliorer la communication entre les travailleurs du milieu correctionnel et les autres fournisseurs de services semble une bonne façon de renforcer le filet de sécurité de l'enfant et de faciliter la réinsertion réussie du parent remis en liberté.

Violent extremism in Australia: An overview (en anglais seulement)

Par Shandon Harris-Hogan

L'Australie abrite une des plus grandes diversités culturelles et linguistiques au monde. La variété des bagages et des croyances des Australiens n'a pourtant pas empêché l'histoire récente du pays d'être relativement paisible. Certes, l'extrémisme violent fait plus ou moins partie intégrante des sociétés occidentales, mais il pose une menace relativement faible en Australie. La menace y existe, pourtant, depuis longtemps.

Ce sont plus de 150 actes d'extrémisme violent qui ont été planifiés ou perpétrés en Australie depuis la Deuxième Guerre mondiale, bien que peu aient réussi. Dans cette étude, on présente brièvement les diverses formes d'extrémisme violent qui ont frappé l'Australie et on analyse en quoi elles se distinguent de ce que connaissent d'autres pays relativement comparables.

Les groupes intéressés par la politique internationale ou l'indépendance sont cou-ramment appelés les ethno-nationalistes. L'aile australienne de la Fraternité révolutionnaire croate, par exemple, a commis entre 1967 et 1973 dix attentats à la bombe en Australie.

L'extrémisme de droite est actif depuis longtemps en Australie, et plusieurs incidents violents lui sont attribués depuis l'an 2000. Ainsi, Jack Van Tongeren et quatre associés ont été condamnés pour avoir planifié une campagne de violence qui devait frapper quatre restaurants chinois à Perth en 2004. Ce même Tongeren, dans les années 1980, dirigeait l'Australian Nationalists' Movement et les attentats planifiés devaient coïncider avec la parution de son livre sur ce groupe.

La violence à motivation unique est associée à une cause particulière, comme la protection de l'environnement ou la lutte contre l'avortement. Le plus souvent, le comportement criminel associé à une cause est perturbateur et relève de la menace et des dommages criminels dans le but de promouvoir un groupe ou un message particulier.

Depuis quelque temps, la principale menace d'extrémisme violent qui pèse sur l'Australie provient des jihadistes. Bien que les auteurs d'actes de violence jihadiste invoquent des interprétations littérales et sélectives de textes islamiques traditionnels pour les justifier, leur réelle motivation est surtout politique.

Depuis 2003, les incidents jihadistes en Australie sont moins financés et dirigés par des organisations internationales et davantage fomentés sur place. Cette évolution n'avait pas d'équivalent ailleurs dans des pays comparables, et elle s'explique par la suppression de facilitateurs clés du réseau jihadiste australien qui avaient des liens importants outre-mer.

La menace pèse plus lourd encore, maintenant que de plus en plus d'Australiens partent se battre en Syrie et en Irak, le lien ayant été établi entre le combat aux côtés d'insurgés à l'étranger (en passant par un camp d'entraînement) et la perpétration d'actes d'extrémisme violent en Occident.

Ce n'est pourtant pas là la seule menace potentielle. On ne saurait sous-estimer les extrémistes de droite, présents depuis longtemps en Australie. Leur potentiel de violence a été démontré dans des attentats à l'étranger, comme ceux commis par Wade Michael Page, Anders Breivik et David Copeland. D'autre part, des groupes à motivation unique et ethno-nationalistes demeurent actifs en Australie et ils resteront probablement un enjeu de sécurité dans l'avenir.

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