Vol. 77, Nº 1À l'avant-scène

Récentes études policières

Les extraits suivants d'études récentes en matière de justice et d'application de la loi reflètent les vues et les opinions des auteurs, mais pas nécessairement celles de leur organisation d'attache. Les rapports intégraux sont accessibles au site Web indiqué à la fin de chaque résumé.

Rédigé par Katherine Aldred

Same-sex intimate partner homicide in Australia [En anglais seulement]

Alexandra Gannoni et Tracy Cussen

Selon le dernier rapport annuel du National Homicide Monitoring Program (NHMP ou programme australien de surveillance des homicides), on a recensé plus de 6 200 homicides en Australie depuis le début de la consignation des données en 1989-1990; de ce nombre, une victime sur quatre a été tuée par son partenaire intime.

La majorité de ces cas (environ 98 p. 100) impliquent un partenaire de sexe opposé, tandis qu'une faible proportion (environ 2 p. 100) met en cause un partenaire de même sexe. Pour les besoins d'analyse descriptive de la base du NHMP, les homicides commis par un partenaire de même sexe sont généralement intégrés à l'ensemble des homicides commis par un partenaire intime.

Relativement peu d'études ont été effectuées dans le monde sur la nature et le contexte des homicides mettant en cause un partenaire de même sexe et on ne recense aucune recherche sur cette catégorie d'homicides en Australie.

Dans le but de combler cette lacune et d'apporter de nouvelles connaissances à l'étude des homicides en général, nous tenterons, dans le présent article, d'exposer les caractéristiques des homicides par un partenaire de même sexe en Australie, tels que consignés par le NHMP, et de compiler les études nationales et étrangères décrivant les facteurs connexes.

L'analyse des données du NHMP montre que ces homicides ne représentent que 2 p. 100 des homicides commis par un partenaire intime en Australie entre 1989–1990 et 2009–2010; cela dit, les homicides par un partenaire de même sexe et de sexe opposé partagent de nombreux traits et de nombreuses caractéristiques.

Ainsi, les victimes d'homicide commis par un partenaire de même sexe sont décédées, dans une large part, pour les mêmes causes que les victimes d'un homicide par un partenaire de sexe opposé, à savoir : par plaie d'une arme blanche, par raclée, par noyade ou par strangulation. De même, les principaux motifs d'homicide pour un partenaire de même sexe ou de sexe opposé comprennent les querelles de ménage, la jalousie et les ruptures amoureuses.

Lorsqu'on a constaté des écarts, ceux-ci tendaient à refléter des normes relatives au sexe du meurtrier plutôt que le genre de relation. Ainsi, les hommes sont surreprésentés en tant qu'agresseurs dans les homicides commis par un partenaire intime, sans égard au genre d'homicide (par un partenaire de même sexe ou de sexe opposé). On relève également une prévalence légèrement supérieure de troubles mentaux et une consommation de drogue plus importante dans les homicides mettant en cause un partenaire de même sexe; cela dit, ces écarts pourraient sembler plus évidents seulement à cause du nombre très restreint de cas recensés.

D'autres différences, par contre, soulèvent la nécessité de nuancer la façon d'aborder la prévention de la violence chez les personnes homosexuelles. Si l'abus de drogues et d'alcool, les troubles mentaux et la violence conjugale sont associés également aux deux genres d'homicide par un partenaire, les études laissent entendre que les stigmates, la discrimination et la marginalisation fondés sur l'orientation sexuelle pourraient expliquer le risque d'une prévalence accrue de ces problèmes chez les personnes homosexuelles.

Il importe que les enquêteurs d'homicides, les praticiens et les chercheurs améliorent les stratégies et les instruments de collecte de données afin de mieux cerner les nuances entre les genres de relations. En rehaussant les stratégies de prévention et d'intervention, on pourra prévenir les homicides par un partenaire de même sexe et, partant, réduire le taux global d'homicides.

Pour consulter le rapport intégral : www.aic.gov.au.

Teen dating violence: How peers can affect risk and protective factors [En anglais seulement]

Barbara Oudekerk, Dara Blachman-Demner et Carrie Mulford

Par rapport à l'enfance, l'adolescence est une période marquée par de profonds changements dans la nature et l'importance des relations interpersonnelles. Les relations avec les amis gagnent en autonomie et deviennent essentielles au bien-être personnel et, pour de nombreux jeunes, c'est le temps du premier amour.

Si l'amorce de relations amoureuses est une expérience positive et saine pour de nombreux jeunes, c'est par contre une source de violence pour d'autres. Environ neuf pour cent des élèves du secondaire ont déclaré avoir été frappés, giflés ou physiquement agressés volontairement par leur petit-ami ou leur petite-amie. Le taux de violence dans les fréquentations des adolescents apparaît encore plus élevé dans certains segments de la population, notamment chez les jeunes qui ont des antécédents de violence ou d'exposition à celle-ci.

La présente étude en bref est axée sur un thème particulier : les pairs et les contextes dans lesquels leur interaction peut aggraver les risques de violence dans les fréquentations ou, au contraire, offrir une protection contre celle-ci.

L'influence des pairs

Les pairs peuvent exercer une vaste influence sur les fréquentations des adolescents. Ceux-ci passent la plus grande partie de leur journée à l'école entourés de leurs pairs et, dans leur temps libre, passent relativement plus de temps avec leurs pairs qu'avec leurs parents ou tout autre adulte.

Le désir de faire partie du groupe et d'être aimés de leurs pairs s'intensifie à l'adolescence et les jeunes commencent à se fier à leurs pairs pour obtenir soutien et conseils. En outre, les groupes de pairs établissent souvent les normes des fréquentations et les gratifications sociales à leur égard. Ainsi, les pairs sont à même d'avoir une influence notable sur la décision d'amorcer ou non des fréquentations, sur le sujet des fréquentations et sur le moment de rompre.

Les fournisseurs de service voudront prêter un intérêt tout particulier au fait que la présence des pairs peut, selon le contexte, provoquer, aggraver ou atténuer le risque de violence dans les fréquentations des adolescents. Ainsi, lorsqu'une fille frappe un garçon devant ses amis, celui-ci pourrait se sentir obliger de sauver la face en la frappant à son tour. Par contre, si des pairs sont présents lors d'une dispute de couple, ils peuvent contribuer à désamorcer le conflit et empêcher que celui-ci ne dégénère en affrontement violent – d'autre part, des pairs qui sont témoins ou entendent parler d'un acte de violence pourraient chercher à faire intervenir un adulte.

Un rôle de premiers intervenants

Il est difficile de déterminer combien d'adolescents cherchent à obtenir de l'aide après un incident de violence, car les chercheurs formulent souvent les questions différemment, par exemple en parlant d'appels à l'aide et d'agressions dans les fréquentations. Cela dit, un message net ressort : de nombreux adolescents ne cherchent pas à obtenir de l'aide après un acte de violence, et ceux qui le font se tournent le plus souvent vers un ami.

Étant donné l'importance des pairs à l'adolescence, il est crucial de déterminer les sujets clés pour les études futures. Ce n'est qu'en établissant des sujets judicieux que nous pourrons apprendre à prévenir la violence dans les fréquentations des adolescents, à intervenir dans les incidents de violence et à favoriser une issue positive aux relations amoureuses chez les jeunes.

Pour consulter le rapport intégral : www.nij.gov.

Projet Spirit – Girls identifying real life solutions

Amy Farrell et Jack McDevitt

Le projet Spirit – Girls identifying real life solutions est un programme de prévention scolaire novateur qui s'adresse aux filles de la 7e à la 9e année vulnérables à la délinquance et aux démêlés avec le système de justice pénale. Le Centre national de prévention du crime (CNPC) de Sécurité publique Canada a versé un financement pour le projet Spirit, qui a été mis en œuvre de septembre 2008 à août 2011 par les Calgary Family Services, en partenariat avec les écoles et les partenaires communautaires.

Le projet Spirit a été mis en œuvre dans quatre écoles intermédiaires de Calgary, en Alberta, et est venu en aide à 246 filles âgées de 11 à 15 ans qui disposaient de ressources limitées, qui éprouvaient des difficultés personnelles et qui présentaient un grand nombre de facteurs de risque.

Le projet Spirit avait pour but d'accroître la résilience des participantes afin qu'elles soient moins susceptibles d'adopter ou de maintenir des comportements à risque, négatifs ou criminels qui auraient des conséquences néfastes sur elles en tant qu'individus, ainsi que sur la collectivité dans son ensemble; le projet visait aussi à aider les participantes à tisser des liens ou à renouer avec leurs écoles, leurs collectivités, leurs pairs, leurs familles et leurs modèles positifs.

Éléments clés du programme

Chaque cohorte de participantes a fait partie du programme pendant 30 mois, à partir de la session d'hiver de la 7e année (janvier) jusqu'à la fin de la 9e année.

Le programme comportait les éléments de base suivants :

  • séances d'éducation et d'information pour accroître la connaissance des participantes quant aux ressources et aux enjeux liés à l'adoption de styles de vie sains et à la réduction des comportements à risque;
  • activités récréatives et bénévoles pour démontrer et mettre en pratique les compétences de vie saines, améliorer les relations avec les pairs, augmenter ou maintenir la participation à des activités constructives, et faire connaître davantage aux participantes les ressources et les possibilités de loisirs;
  • mentorat avec des modèles féminins pour augmenter la fréquentation de groupes de pairs positifs, renforcer l'estime de soi et améliorer le rendement scolaire;
  • soutien familial pour nouer des relations mutuellement bénéfiques, réduire les conflits et encourager la stabilité et la sécurité de la famille;
  • services individuels et d'approche en matière de soutien et de counseling.

Résultats

En général, le projet Spirit a profité à ses participantes : 84 p.100 des filles ayant terminé le programme ont obtenu des scores allant de « résiliente » à « très résiliente » sur l'échelle de la résilience et de la force développementale; 38 p. 100 ont augmenté leur force développementale comparativement à leur score de base et 29 p. 100 des clientes auparavant considérées comme vulnérables sont devenues « résilientes ».

Les résultats relatifs à la résilience externe montrent que les participantes ont amélioré leurs relations avec leurs pairs et leur famille, leur capacité de rester à l'école et leur capacité d'éviter les comportements à risque. Pendant le programme, aucune des participantes n'a connu une grossesse précoce ou n'a fait l'objet de nouvelles accusations criminelles menant à une condamnation.

Quatre vingt onze pour cent des participantes ont accru leur score de la connaissance sur des sujets clés comme les styles de vie sains, la sexualité positive et les relations avec les pairs constructives, en plus d'éviter les démêlés avec la loi et les effets de la toxicomanie.

Le projet pilote Spirit a démontré la valeur et l'avantage du programme pour les participantes de Calgary. Cette approche scolaire, qui est adaptée au sexe et axée sur les filles au début de l'adolescence, pourrait être reproduite dans d'autres écoles et collectivités.

Pour consulter le rapport intégral : www.securitepublique.gc.ca.

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