Vol. 78, Nº 2À l'avant-scène

Tas de vieux cellulaires.

Récentes études policières

L'étude inspirée par la présence croissante de cellulaires clandestins en milieu carcéral montre que les détecteurs de téléphones portables peuvent contribuer à régler le problème, mais ils ne sont pas une panacée.

Par

Les extraits suivants d'études récentes en matière de justice et d'application de la loi reflètent les vues et les opinions des auteurs, mais pas nécessairement celles de leur organisation d'attache. Les rapports intégraux sont accessibles au site Web indiqué à la fin de chaque résumé.

Comprendre le rôle de l'administration locale dans la prévention du crime

par Peter Homel et Georgina Fuller

En Australie, la prévention de la criminalité est du ressort des gouvernements d'État et territoriaux. Les municipalités, qui s'emploient depuis longtemps à élaborer et à exécuter des programmes pour rendre leurs collectivités plus sûres, remplissent en la matière un rôle moins bien compris et pourtant important.

Cette étude lève le voile sur la précieuse contribution des municipalités aux stratégies et initiatives multicouches de prévention du crime qui favorisent la sécurité dans les collectivités australiennes. Le comité de la prévention des drogues et de la criminalité du Parlement de Victoria a procédé en 2011 à une vaste enquête sur les stratégies locales de sécurité communautaire pour laquelle on a répertorié les activités de prévention de la criminalité des municipalités de tout l'État. Ce sont ces activités qui sont ici examinées.

Tous les conseils locaux (CL) de Victoria ont été invités à répondre à un questionnaire inspiré d'un questionnaire du Centre international pour la prévention de la criminalité (CIPC), conçu pour une étude internationale sur le gouvernement de proxi-mité, qui a été adapté aux besoins du comité et au contexte de l'État. Les questions étaient tantôt quantitatives, tantôt qualitatives.

L'élément qui ressortait le plus était que les CL ne se trouvaient pas adéquatement équipés pour prendre des décisions éclairées en matière de prévention de la criminalité et de sécurité. Ils déploraient, bien sûr, l'insuffisance des ressources financières, mais aussi le manque de compétences et de capacité technique pour tirer pour la collectivité le maximum des programmes de prévention et de sécurité qu'ils parviennent à mettre en place.

Les CL de Victoria entendent à peu près tous jouer un rôle important dans l'élaboration, la coordination et l'exécution de politiques et de programmes locaux de prévention et de sécurité, mais peu se sont dotés de stratégies pour les guider dans leurs activités.

Trop souvent, c'est la population qui, en décriant des problèmes de criminalité, donne l'élan nécessaire à l'élaboration et à la mise en œuvre d'une stratégie de prévention de la criminalité. Si des mesures de prévention avaient déjà existé, les problèmes dénoncés n'auraient pas émergé. Voilà un argument de plus qui milite pour la prise en charge par les CL de l'élaboration d'un plan stratégique global de prévention de la criminalité dans leurs collectivités, au titre de la planification sociale ordinaire. Les plans doivent être régulièrement mis à jour en fonction de l'évolution sociale, démographique, économique et criminelle de la collectivité et des priorités de l'État et du pays en matière de prévention de la criminalité.

Les politiques et les programmes de l'État et du pays en matière de prévention de la criminalité et de sécurité de la collectivité évoquent peu le rôle des CL, ne les reléguant qu'aux rôles de bénéficiaires et d'agents d'exécution de programme. L'étude révèle pourtant que les gouvernements de proximité ont la capacité et le potentiel – fortement sous-estimés – pour faire beaucoup plus afin de créer des collectivités plus sûres en Australie.

Consulter le rapport intégral : aic.gov.au/publications/

Évaluation du rendement de détecteurs de téléphones portables en milieu carcéral

par Joe Russo

Le phénomène de l'introduction en douce de cellulaires en milieu carcéral prend de l'ampleur et force les administrateurs à se tourner vers la technologie pour le prévenir et pour détecter les téléphones clandestins. Les fabricants de solutions technologiques vantent leurs produits auprès des administrateurs soucieux de régler leur problème au plus vite. Malheureusement, les appareils sont mis en service sans avoir été rigoureusement testés en milieu opérationnel.

Pour remédier à ce problème, le National Institute of Justice a financé l'évaluation d'une solution technologique, le détecteur de téléphones portables, par le Corrections Technology Center of Excellence, qui relève du National Law Enforcement and Corrections Technology Center. Trois types de détecteurs ont été évalués : l'appareil de détection de fréquence radio (RFD), l'appareil de détection de jonction non linéaire (NLJD) et l'appareil de détection ferromagnétique (FMD).

Les chercheurs ont testé quatre appareils : deux RFD (PocketHound et WolfHound Pro), un NLJD (Orion 2.4) et un FMD (MantaRay). Le service correctionnel de la Pennsylvanie a mis à la disposition des chercheurs une prison à sécurité moyenne et des gardiens membres de l'équipe de fouille. Les gardiens ont été formés à l'utilisation de chaque appareil, et un plan a été élaboré pour les évaluer tous dans trois contextes différents : tests de base, tests en patrouille et fouille des cellules. Les tests ont été intégrés aux procédures normales de l'établissement.

Chacun des appareils évalués utilise sa technologie propre et chacun se prête mieux à certaines applications qu'à d'autres. Les appareils RFD ont bien fait en détection à distance (70 à 125 pi, soit 21 à 38 m), ils ont détecté tous les cellulaires sans produire de fausses alertes. Les gardiens les ont appréciés lors des patrouilles dans les blocs cellulaires. Le bémol toutefois est que les appareils RFD ne détectent que les cellulaires en cours d'utilisation. Les tests ont prouvé que les appareils NLJD et FMD peuvent détecter les cellulaires éteints comme allumés, ce qui est un avantage, mais il faut alors se trouver très près du téléphone (à moins de 8 po, ou 20 cm).

Au terme de la période de mise à l'essai de 60 jours, les gardiens ont préféré les appareils RFD aux appareils NLJD et FMD. Ils ont trouvé deux irritants majeurs aux NLJD et FMD : les fausses alertes nombreuses (plus nombreuses encore avec le FMD qu'avec le NLJD) et la distance de détection limitée. Les gardiens sont formés pour fouiller minutieusement une cellule et tout ce qu'elle renferme, alors un détecteur dont la portée est aussi courte leur est peu utile. Leur fouille manuelle révélera la présence du téléphone aussi vite, sinon plus, que le détecteur électronique, sauf peut-être si le cellulaire est dissimulé à un endroit difficile d'accès, comme dans le creux d'un bloc de béton ou dans une toilette.

La technologie offre une variété d'outils pour lutter contre le fléau des cellulaires clandestins, chacun ayant ses bons et ses moins bons côtés. Le personnel du milieu carcéral doit se garder de comparer entre eux des produits aux propriétés très différentes, comme dans le cas des détecteurs de téléphones portables. L'étude a prouvé que les détecteurs de téléphones portables pourraient contribuer à régler le problème, mais qu'ils ne sont pas une panacée. Une stratégie alliant des politiques, des procédures, des pratiques solides et des solutions technologiques éprouvées demeure la pratique exemplaire recommandée pour lutter contre les téléphones cellulaires clandestins en milieu carcéral.

Consulter le rapport intégral : www.ncjrs.gov/

Résultats de l'évaluation du programme Stop Now and Plan (SNAP)

par Donna Smith-Moncrieffe

Stop Now and Plan (SNAP) est un programme communautaire destiné aux enfants de six à douze ans qui ont eu des démêlés avec la justice pénale ou qui risquent d'en avoir, et qui manifestent des signes précoces de comportements antisociaux ou agressifs.

Le programme mise sur une stratégie cognitivo-comportementale à composantes multiples pour réduire le risque de futurs comportements délinquants chez les enfants. SNAP se fonde sur un cadre exhaustif pour enseigner efficacement aux enfants aux prises avec de graves problèmes comportementaux les compétences nécessaires pour gérer leurs émotions, mieux se maîtriser et résoudre des problèmes.

Le programme intervient à la fois auprès des enfants et des parents. SNAP pour les garçons/SNAP pour les filles est un programme de douze semaines adapté au sexe de l'enfant où le jeune apprend des techniques pour maîtriser ses impulsions et pour résoudre des problèmes. Parallèlement, SNAP pour les parents enseigne aux parents des stratégies efficaces d'éducation des enfants. Le programme offre d'autres composantes encore : le counseling et l'encadrement individualisés, le counseling familial, l'encadrement scolaire, le leadership chez les jeunes et un programme particulier pour les filles, Filles qui grandissent en santé. On y aura recours au besoin, en fonction de l'évaluation continue des risques et des besoins de l'enfant.

Le rapport présente un résumé de l'évaluation d'impacts multi-sites du programme SNAP financée par le Centre national de prévention du crime (CNPC). L'évaluation a mesuré l'efficacité du programme dans trois milieux particuliers (Toronto, Edmonton et une Nation crie, au Québec) et ainsi contribué à enrichir la connaissance collective de ce qui donne des résultats en prévention de la criminalité.

Les entrevues effectuées auprès de parents à Edmonton et à Toronto ont révélé des gains au chapitre des comportements d'externalisation et, dans une moindre mesure, d'internalisation, des relations et des communications parents-enfants, de la sociabilité et de la compétence sociale de l'enfant. Les entrevues auprès de parents cris ont révélé de solides gains chez les enfants au chapitre des comportements d'externalisation (surtout la violation des règles, l'agressivité et le trouble oppositionnel), de la communication et de la qualité de la relation parents-enfants, et de la sociabilité générale de l'enfant. Plusieurs parents ont souligné l'effet positif de SNAP sur leurs compétences parentales en général, leur faisant prendre confiance en eux dans leur rôle de parents.

L'analyse et les données qualitatives prouvent que le programme SNAP contribue à améliorer des comportements clés d'externalisation et d'internalisation qui, une fois modifiés, peuvent éviter au jeune de se frotter à l'appareil de justice pénale dans l'avenir.

Consulter le rapport intégral : www.securitepublique.gc.ca

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