Vol. 79, Nº 1À l'avant-scène

Femme assise la tête entre les mains alors qu'elle s'adresse à un policier.

Récentes études policières

De nombreux facteurs font obstacle au signalement de la fraude en ligne, dont le degré de honte et de préjugés associés à ce genre de victimisation.

Par

Les extraits suivants d'études récentes en matière de justice et d'application de la loi reflètent les vues et les opinions des auteurs, mais pas nécessairement celles de leur organisation d'attache. Les rapports intégraux sont accessibles au site Web indiqué à la fin de chaque résumé.

The reporting experiences and support needs of victims of online fraud [en anglais seulement]

par Cassandra Cross, Kelly Richards et Russell G. Smith

La fraude en ligne pose une grave menace au bien être financier et général des Australiens. L'Australian Institute of Criminology évalue le coût de la fraude pour les victimes à plus de 6 milliards de dollars annuellement, et la version en ligne de ce crime représente une large part de cette perte. La présente étude porte sur la nature des préjudices, l'expérience vécue par les victimes au moment de signaler leur cas aux autorités, la façon dont elles appréhendent la situation et le soutien dont elles ont besoin pour ce faire.

Les chercheurs ont sondé 80 participants âgés de 30 à 77 ans, pour un âge médian de 56 ans. Quarante six (58 p. 100) étaient des hommes et 34 (42 p. 100), des femmes. Les participants étaient issus de divers pays, principalement d'Australie (68 p. 100), du Royaume Uni (11 p. 100) et de Nouvelle Zélande (5 p. 100).

Pour cette étude, on a demandé aux participants de décrire les répercussions de l'incident sur les plans financier et non financier. Plus particulièrement, on leur a posé la question : « quelle a été la répercussion de l'incident sur votre vie? », puis on les a interrogés sur les répercussions financières, sociales et émotionnelles, selon le cas.

Un éventail de facteurs peuvent influer sur la façon dont les victimes signalent leur mésaventure, notamment le segment démographique, l'attitude envers la police, les antécédents de victimisation, la connaissance du délinquant, la gravité de l'infraction, les possibilités d'indemnisation et le temps et les efforts nécessaires pour déposer un rapport.

Plusieurs facteurs peuvent faire obstacle au signalement de la fraude en ligne, dont le degré de honte éprouvée et les préjugés associés à ce genre de victimisation.

En outre, la diversité des organismes auxquels la victime peut signaler le crime : services de police, organismes de protection des consommateurs, entre autres institutions gouvernementales et non gouvernementales, de même que des organismes du secteur privé comme les institutions financières et les sociétés de télécommunication.

L'existence d'un tel éventail pose trois problèmes : la victime ne sait pas à quel organisme s'adresser; elle pourra devoir signaler le crime à plus d'un organisme et elle risque d'être renvoyée d'un organisme à l'autre dans une valse sans fin, sans obtenir l'aide dont elle a besoin, ce qui peut occasionner une perte de temps et d'énergie de la part de la victime, ainsi que des dépenses, un stress et un préjudice émotionnel supplémentaires.

En gros, les victimes de fraude en ligne constituent un groupe hétérogène de personnes pour lesquelles le crime entraîne un éventail de répercussions et qui, par conséquent, éprouvent des besoins divers.

Si certains participants ont fait part d'une réaction positive au signalement de l'incident, obtenant le soutien voulu de voies tant officielles qu'informelles, d'autres qui n'ont pu faire part de leur victimisation ont rencontré plus d'obstacles et, par conséquent, n'ont pu obtenir de soutien, que ce soit de façon officielle ou informelle. De plus, nombre des personnes qui ont pu confier l'incident à un proche ou aux autorités ont été jugées et blâmées, ce qui souligne l'importance de sensibiliser ceux à qui la victime se déclare ainsi que la population en général.

Consulter le rapport intégral.

Cycle de vie des services de police administrés par les Premières Nations au Canada

par Savvas Lithopoulos

Les services de police administrés par les Premières Nations du Canada (APN) ont une histoire qui leur est propre, ils ont un mandat et une structure spécifiques, et ils jouent un rôle complexe sur le plan du maintien de l'ordre au sein des collectivités des Premières Nations. En effet, il est difficile pour les provinces et territoires d'offrir des services 24 heures sur 24, sept jours sur sept, et de s'assurer que les délais d'intervention sont adéquats, dans les collectivités autochtones éloignées et isolées qui comptent en moyenne quelque 3 000 résidants et sont généralement servies par de tout petits détachements poli-ciers d'environ neuf agents.

La recherche sur les cycles de vie des services de police montre que les petits services de police, qui déploient habituellement moins de dix agents, sont plus susceptibles d'échouer à cause de leur incapacité à respecter des normes de plus en plus sévères en matière de maintien de l'ordre.

La présente étude vise à déterminer pourquoi certains services de police APN ont été dissous alors que d'autres sont parvenus à survivre.

Constatations

Depuis la mise en oeuvre, en 1992, du Programme des services de police des Premières Nations (PSPPN), on a créé 58 services de police APN. De ce nombre, 20 ont été dissous, ce qui représente un taux d'échec d'environ 34 p. 100 pour ces services.

En fin de compte, il s'est révélé que ces organisations avaient été victimes à la fois de leur nouveauté et de leur petite taille. Peu d'entre elles ont été en activité pendant plus de 10 ans. En moyenne, les services dissous employaient

5 agents ou moins, ils fournissaient des services à des collectivités d'environ 1 700 habitants, et leur budget annuel était de 700 000 dollars. Par comparaison, en moyenne, les 38 services de police survivants fournissent des services à quelque 4 500 résidants, comptent environ 22 agents et disposent d'un budget opérationnel d'à peu près 4 millions de dollars.

Cette constatation confirme les recherches antérieures sur les services de police selon lesquelles les nouveaux services de police et ceux de très petite taille sont plus susceptibles de devoir mettre fin à leurs activités parce qu'ils sont incapables de respecter ou de faire respecter des normes de plus en plus rigoureuses en matière de maintien de l'ordre ou de réagir aux crises.

La résiliation d'une entente sur les services de police conclus dans le cadre du PSPPN ne se fait pas sans raison. En général, la résiliation est imputable à de graves violations des modalités de l'entente, de même qu'à de graves manquements aux règles opérationnelles ou éthiques et à l'incapacité de répondre aux normes de plus en plus rigoureuses des services de police provinciaux. La décision de dissoudre un service de police APN est prise conjointement par les deux échelons de gouvernement.

Un facteur important dont n'ont pas tenu compte les recherches antérieures sur le cycle de vie des services de police tient au fait que les jeunes organisations ont aussi tendance à être dotées de policiers, de sous-officiers, de cadres et d'organes directeurs jeunes et inexpérimentés.

La création, dans les années 1990, de très petits services de police APN allait à l'encontre de la tendance lourde et à long terme qui avait vu le jour dans les années 1970 et qui consistait en l'intégration des petits services de police dans les grands services. À ce sujet, les recherches récentes tendent à indiquer que la fusion de très petits services de police avec des services de police de moyenne ou de grande envergure pourrait constituer une stratégie valable dans l'avenir pour les services de police autochtones du Canada.

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Race, street life and policing: Implications for racial profiling [en anglais seulement]

par Steven Hayle, Scot Wortley et Julian Tanner

Les recherches sur les interactions de la police avec des membres de populations marginalisées remontent à fort longtemps. Selon ces études, un taux disproportionnellement élevé de minorités raciales, d'immigrants, de personnes dans le besoin et d'itinérants font l'objet de contrôles et de fouilles de la part des policiers. Toutefois, les chercheurs ne s'entendent pas sur les raisons de ce phénomène.

Pour certains, l'attention des policiers est mobilisée par le comportement criminel des populations marginalisées, alors que d'autres soutiennent que ces groupes font l'objet d'une discrimination fondée sur leur statut de marginalisés. En d'autres termes, on ne s'entend pas sur la perspective (théorie du consensus ou du conflit) permettant d'expliquer ce taux disproportionné des personnes marginalisées faisant l'objet de contrôles et de fouilles.

Pour trancher ce débat, nous comparerons l'expérience de ces pratiques de contrôle et de fouille vécues par deux groupes marginalisés à Toronto : les jeunes de la rue et les étudiants noirs du secondaire. Il s'agit de déterminer si les jeunes noirs et les jeunes de la rue sont interpellés et fouillés dans une proportion supérieure à cause de leur comportement, de leur statut de marginalisés ou de la combinaison de ces deux facteurs.

Nous constatons que si le comportement illégal, et non le statut de marginalisés, constitue la raison principale pour laquelle les jeunes de la rue sont interpellés et fouillés à un taux disproportionnellement élevé par la police, le statut de marginalisés joue un rôle prépondérant pour expliquer pourquoi les étudiants noirs du secondaire sont visés à un taux disproportionné par les contrôles et fouilles de la police. À preuve, notre observation que, contrairement aux étudiants noirs du secondaire, les jeunes Noirs de la rue ne font pas l'objet de profilage racial durant les contrôles et les fouilles de la police.

C'est une observation importante, car elle souligne la prépondérance du comportement criminel, et non du statut de minorité, pour expliquer pourquoi la police interpelle et fouille les jeunes noirs de la rue. Elle apporte un élément nouveau à la recherche, car cette constatation n'est pas encore documentée dans les études criminologiques. Nous concluons que si la théorie du conflit permet mieux d'expliquer le taux disproportionnellement élevé des contrôles et fouilles chez les jeunes étudiants noirs du secondaire, la théorie du consensus est davantage pertinente pour expliquer le nombre disproportionné de contrôles et de fouilles chez les jeunes de la rue.

Questions pour la recherche

Cette étude enrichit les connaissances sur les contrôles et fouilles de la police en analysant les données d'un sondage sur un échantillon de jeunes de la rue et du secondaire. L'analyse est fondée sur quatre questions :

  1. Les jeunes de la rue sont-ils davantage à risque d'être interpellés et fouillés par la police que les étudiants du secondaire?
  2. Les jeunes Noirs sont-ils davantage à risque d'être interpellés et fouillés par la police que les jeunes Blancs?
  3. Relève-t-on des disparités raciales dans les contrôles et les fouilles effectuées auprès des jeunes de la rue et des étudiants du secondaire?
  4. Dans quelle mesure les facteurs liés au mode de vie – le comportement criminel et les activités de loisir public – expliquent-ils la surreprésentation des jeunes de la rue et des jeunes Noirs dans les contrôles et les fouilles de la police?

Cette étude aborde les aspects empiriques et théoriques relatifs aux préjugés de la police et au profilage des jeunes de la rue et des minorités raciales.

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