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Une photo du dossier montre une batte de baseball dans un présentoir. Une règle repose sur le côté droit de la boîte.

Retour sur un meurtre à forfait au Manitoba (La série Crimes majeurs – Partie 1)

Le soir du meurtre d'Ivan Radocaj, plusieurs articles ont été volés, dont un bâton de baseball de collection. Ces preuves ont joué un rôle déterminant dans le dossier. Crédit : GRC

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Ce premier article de la série en quatre parties de la Gazette sur les crimes majeurs revient sur une enquête pour homicide menée au Manitoba en 2007. L'affaire illustre les avantages d'utiliser plusieurs techniques pour établir des liens.

Quand un ami d'Ivan Radocaj l'a trouvé battu à mort dans sa résidence à Inwood, au Manitoba, en 2007, la police a d'abord pensé qu'un vol qualifié était allé trop loin.

Elle ne tarderait pas à découvrir qu'il s'agissait plutôt d'un meurtre à forfait impliquant six suspects.

Trois mois plus tôt, Ivan Radocaj avait épousé Melody Sanford, mais leur relation ayant vite tourné au vinaigre, celle-ci était allée vivre chez son amie, Rita Cushnie. Les deux femmes ont ensuite comploté d'engager quatre hommes pour tuer Ivan, dont le fils de Rita, Donald Richard.

Plus de 80 enquêteurs ont travaillé au dossier, interrogeant des témoins, faisant de l'écoute électronique et recueillant des preuves matérielles pour enfin accuser les six suspects de meurtre.

Au total, la police a interrogé plus de 100 personnes afin d'établir le contexte entourant le crime. Parmi ces personnes figuraient les proches d'Ivan Radocaj et la serveuse qui avait pris sa commande à peine quelques heures avant sa mort.

« Parce qu'il y avait eu complot, nous avons dû examiner plusieurs thèses possibles », note le s.é.-m. Sheldon Hollingworth, l'enquêteur principal au dossier, qui était affecté aux Crimes majeurs à l'époque.

Des renseignements utiles

Au début, les enquêteurs considéraient Melody Sanford comme une témoin et non une suspecte, car elle collaborait. Ils se sont ravisés lorsqu'un agent du Détachement de Lundar (Manitoba) a téléphoné à l'insp. Glenn Sells, alors caporal aux Crimes majeurs, pour lui refiler un tuyau.

Une amie à qui Rita Cushnie avait raconté le complot par bribes avait été suffisamment troublée pour révéler à la GRC que Rita, son fils Donald et Melody Sanford étaient mêlés au meurtre.

« La témoin a accepté de collaborer, et au cours des mois qui ont suivi, elle a fait plusieurs déclarations cruciales pour l'enquête », explique l'insp. Sells, qui était l'un des enquêteurs chargés du dossier.

Les renseignements qu'elle a fournis ont aidé la police à obtenir l'autorisation de mettre les principaux suspects sous écoute afin de creuser plus loin.

Les éléments nouveaux ainsi obtenus ont mené à d'autres interrogatoires, ce qui a provoqué d'autres conversations entre les suspects. La police a même enregistré un aveu.

« Un soir où les suspects buvaient en écoutant de la musique, celle-ci a cessé soudainement, et l'un d'eux s'est mis à raconter tout ce qui s'était passé », se souvient le s.é.-m. Clayton Brown, qui a examiné toutes les communications interceptées. « Ça donnait froid dans le dos. »

Des preuves incriminantes

La police a déterminé que Melody avait invité Ivan à souper pour l'éloigner de sa résidence, le temps que Donald Richard et ses complices y entrent pour l'attendre. À son retour, ils l'ont battu avec des barres de métal, puis ont volé des objets de valeur avant de le laisser pour mort.

« Ils ont tenté de profiter financièrement du meurtre. Au lieu de détruire les preuves, ils ont essayé de les vendre », observe le s.é.-m. Hollingworth.

Plusieurs objets, soit un téléviseur, des pièces d'ordinateur et un bâton de baseball de collection, tous volés lors du meurtre, ont été découverts et reliés aux suspects, ce qui a aidé à prouver leur présence chez la victime le soir en question.

« À défaut de traces d'ADN ou d'empreintes digitales, rien ne pouvait mieux établir le lien entre les accusés et le lieu du crime », estime le s.é. m. Hollingworth.

À ces éléments se sont ajoutées d'autres preuves, dont un plan de la maison d'Ivan Radocaj dessiné à la main et des relevés faisant état des appels téléphoniques entre Melody Sanford, Rita Cushnie et Donald Richard le soir du meurtre.

« Ils ont laissé trop d'indices pour échapper à la justice », conclut le s.é.-m. Brown.

Le travail des enquêteurs a porté fruit. La preuve était suffisamment solide pour inciter plusieurs suspects à passer aux aveux. Au bout du compte, Melody Sanford, Rita Cushnie et Donald Richard ont été reconnus coupables de meurtre au premier degré et de complot. Deux complices ont plaidé coupables à des accusations de meurtre au deuxième degré, et un troisième, le chauffeur qui avait transporté les assassins, a évité une poursuite en devenant témoin à charge.

Ce que la police retient du dossier, c'est à quel point le travail d'équipe a joué un rôle vital et les stratégies d'enquête ont fait mouche.

« Heureusement, bon nombre des techniques et des stratégies que nous avons employées se sont avérées efficaces pour la collecte de preuves, probablement plus que dans tout autre dossier auquel j'ai travaillé », note l'insp. Sells.

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