Vol. 80, Nº 3Reportages

Une policière et son collègue près d'une voiture sur une route

Sur les routes de campagne

La police du Manitoba patrouille les chemins de gravier

La GRC a fait équipe avec la SAPM l'an dernier pour lancer une campagne de sensibilisation et de répression sur les routes rurales de la province. Cette campagne se poursuivra cet été. Crédit : Manitoba Traffic Services, RCMP

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Lorsqu'elle sillonne les routes de campagne du Manitoba, la gend. Luanne Gibb observe le nombre de canettes de bière éparpillées sur le bas-côté.

« C'est comme ça que je décide de la direction que je vais prendre habituellement, explique la policière du Groupe de la circulation de la GRC à Westman. Je suis les canettes. »

Les vendredis et samedis soirs, elle se positionne dans l'obscurité sur une route jonchée de canettes de bière et attend. Dès qu'un véhicule passe, elle active ses gyrophares et vérifie que le conducteur est sobre.

« Les communautés rurales et les routes de gravier ne sont pas épargnées par les accidents et les décès causés par la conduite avec facultés affaiblies, fait-elle remarquer. Le fils de mes voisins a été tué. Ça m'a touchée de près. »

Selon les données de la Société d'assurance publique du Manitoba (SAPM), les accidents sur les routes de gravier font chaque année 14 morts et près de 500 blessés dans cette province.

C'est pourquoi l'été dernier la GRC a fait équipe avec la SAPM pour lancer une campagne de sensibilisation et de répression ciblant les usagers de ces routes.

« Les résultats nous ont sidérés; nous pensions voir très peu d'automobilistes, alors qu'on donne une tonne de contraventions et qu'on attrape autant de conducteurs avec facultés affaiblies, confie le serg. Mark Hume, chef du Groupe de la circulation. Les gens sont peu habitués à voir des policiers sur les routes de campagne. C'est en train de changer. »

Des voies de contournement express

Le Groupe de la circulation concentre habituellement sa présence sur les autoroutes et les grands axes.

Lorsque la SAPM a suggéré de lancer une campagne ciblant les routes de gravier, le serg. Hume était sceptique. Et l'analyste stratégique de l'équipe, Janette Rodewald, partageait ses doutes.

« Étant donné la faible densité de circulation, on craignait que nos policiers ne perdent leur temps et que ça revienne à chercher une aiguille dans une botte de foin », explique-t-elle.

Le nombre effarant de conducteurs qui enfreignent des dispositions élémentaires du code de la route les a donc beaucoup surpris.

Durant les quatre mois qu'a duré la campagne, les agents de la GRC ont intercepté 31 conducteurs aux facultés affaiblies et 52 véhicules non immatriculés et porté plus de 1000 accusations d'excès de vitesse, possession de contenants d'alcool ouverts, défaut de marquer un arrêt aux intersections et non-port de la ceinture de sécurité, entre autres.

« Nous connaissons maintenant les principaux chemins empruntés par les automobilistes qui veulent nous éviter, lance le serg. Hume. On les appelle les autoroutes de la nuit. »

Effet de surprise

Lors d'un contrôle, relate la gend. Gibb, le conducteur était tellement surpris de la voir qu'il lui a demandé ce qu'elle faisait là, ajoutant prendre cette route justement parce qu'il n'y croisait jamais de policiers.

Il s'est avéré que l'homme avait un taux d'alcoolémie bien supérieur à la limite légale et la policière l'a accusé de conduite avec facultés affaiblies.

Si quelques automobilistes sont contrariés de voir les policiers plus présents sur les routes de campagne, la plupart en sont très contents.

« Ça rassure les résidents de savoir que nous sommes là, analyse le serg. Hume. "Car notre présence dissuade aussi la criminalité en milieu rural. »

Depuis la campagne de répression, les Services de la circulation de la GRC au Manitoba font systématiquement des patrouilles sur les routes secondaires. Selon la gend. Gibb, les gens en parlent dans la communauté et changent leurs comportements en conséquence.

« Il y a plus de taxis et de gens en pyjama qui vont chercher un parent ou un ami et on boit moins pour ne pas dépasser la limite légale. Il y a aussi moins de canettes de bière au sol, dit-elle en riant. On veut que les gens s'amusent, mais aussi qu'ils rentrent chez eux sains et saufs. »

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