Vol. 81, Nº 3Dernière page

Des gens en tenue de plongée nagent dans des eaux glaciales, entourés d'équipement.

Une tragédie entourée de mystère

Un avion sous l'eau depuis 1959 livre enfin ses secrets

Des plongeurs de la GRC effectuent ensemble une opération dans les eaux glaciales d'un lac en Saskatchewan. Crédit : GRC

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Une opération de récupération sous-marine menée par la GRC a permis de clore un chapitre douloureux pour les familles de deux personnes disparues depuis 60 ans.

Par un brumeux matin d'août en 1959, le pilote Ray Gran et l'agent de conservation Harold Thompson ont décollé de Buffalo Narrows pour se rendre à La Loche, en Saskatchewan. En cours de vol, leur Cessna 180 monomoteur s'est abîmé dans le lac Peter Pond.

Au moins cinq aéronefs ont été utilisés lors de la vaste opération de recherche déclenchée après que les familles des deux hommes eurent signalé leur disparition, mais les seules traces de l'accident étaient une nappe de carburant et une mallette à la surface du lac.

Plus personne n'a eu de nouvelles de Ray Gran, qui était sur le point de devenir père, ni de Harold Thompson, qui l'était depuis peu.

Une partie du mystère a toutefois été élucidée en janvier quand des plongeurs de la GRC ont récupéré leurs restes.

L'apaisement de savoir

« L'obtention des réponses si longtemps cherchées apporte un réconfort », estime le cap. James Diemart, de l'Équipe de récupération sous-marine (ERS) de la Saskatchewan, qui a coordonné l'opération après que les familles ont découvert l'avion en juillet 2018 à l'aide d'un sonar.

En sachant exactement où se trouvait l'épave, il a été possible de s'y rendre 60 ans plus tard.

« C'était particulier », souligne le serg. Andy Pulo, de l'ERS du Manitoba, qui a participé à l'opération. « La plupart des écrasements qui nécessitent notre intervention sont récents. »

L'équipe a envisagé de se rendre à l'épave durant l'été, mais les conditions sur le lac, sixième en importance dans la province, étaient trop mauvaises.

« Comme l'avion s'était abîmé presque au milieu du lac, on savait que la tâche serait ardue », explique le gend. Peter Rhead, membre de l'équipe de plongée de la Saskatchewan qui a participé à l'opération. « Les vagues faisaient trois ou quatre pieds. On peinait juste à ancrer le bateau; il aurait été encore plus compliqué de tenter une plongée. »

Un véhicule sous-marin téléguidé a filmé l'avion, mais la plongée a été reportée à l'hiver, la glace réduisant alors les problèmes causés par le vent et les vagues.

Pendant trois jours en janvier, des plongeurs de la GRC venant de la Saskatchewan, du Manitoba et de la Colombie-Britannique, qui font souvent équipe, ont bravé les eaux de -2 ºC pour atteindre l'épave.

Sous la surface

Après avoir repéré l'avion à l'aide d'un sonar, les plongeurs ont utilisé une scie mécanique pour découper un triangle d'un mètre et demi dans l'épaisse couche de glace. Des tentes munies de chaufferettes les protégeaient contre le froid intense de -30 ºC.

L'équipement des plongeurs varie peu, même pour le travail en eaux glaciales. Ils n'ajoutent alors à leur combinaison étanche que des doublures de gants et des sous-vêtements plus chauds.

La plongée a commencé le deuxième jour. Une fois que l'équipage a pu confirmer qu'il avait trouvé le bon aéronef, les plongeurs l'ont relié au navire par une corde qui leur servirait de guide, car la lumière ambiante ne pénétrait pas jusqu'au fond de l'eau, 20 mètres sous la surface, et toute activité dispersait des sédiments qui rendaient la visibilité nulle.

« Nos lampes de poche ne sont pas d'un grand secours en pareilles conditions », explique le gend. Rhead.

Par mesure de sécurité, note le serg. Pulo, les plongeurs ont utilisé des appareils respiratoires alimentés en surface qui leur permettaient de se concentrer sur leur travail sous l'eau.

La récupération a commencé le troisième jour. Les plongeurs se sont rendus au fond du lac en équipes de deux personnes pour que l'une entre dans l'avion tandis que l'autre restait à l'extérieur pour recueillir les éléments d'intérêt et surveiller les signes de danger.

« Il faut connaître son rôle et maintenir une bonne communication, car une plongée ordinaire peut facilement virer au cauchemar », souligne le gend. Rhead.

Le cap. Diemert raconte que l'équipe a recouvert les restes des victimes de drapeaux du Canada en reconnaissance des services que chacune avait rendus à son pays : Ray Gran, en tant que pilote décoré de la Croix du service distingué dans l'aviation pendant la Seconde Guerre mondiale, et Harold Thompson, en tant qu'agent de conservation.

Les plongeurs ont aussi recueilli des effets personnels, dont un canif et un appareil photo, afin de les remettre aux familles des deux hommes.

Des membres de la communauté se sont portés volontaires pour aider la GRC à mettre un point final à cette histoire. Certains ont apporté de l'équipement aux plongeurs à l'aide de motoneiges Bombardier, un restaurant local a prolongé ses heures d'ouverture pour suivre l'horaire de 12 heures de l'ERS, et un hôtel a accueilli le personnel de la GRC.

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