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Un collectionneur arrêté

Un groupe des crimes de rue met la main au collet d'un voleur d'objets historiques

Le groupe des crimes de rue de la Division H a trouvé plus de 1 600 objets volés au domicile de John Mark Tillman. Crédit : Gracieuseté du serg. Colin MacLean

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Livre retourné

Le jeudi 8 octobre 2015, lors d'une cérémonie à New York, le département d'immigration, des douanes et de contrôle des États-Unis a retourné à la GRC un livre (en anglais seulement) de première édition écrit par Charles Darwin, « De l'origine des espèces », qui avait était volé de l'Université Mount Saint Vincent en Nouvelle-Écosse. Le livre sera bientôt retourné à l'Université. Tillman purge actuellement une peine de 9 ans pour ses actes.

John Mark Tillman regrette probablement d'être sorti ce jour-là.

Par un après-midi de juillet 2012, ce résident de Halifax (N.-É.), qui était assigné à résidence, rentrait chez lui en voiture quand il a été arrêté par un policier pour avoir violé les conditions de sa probation.

Lorsque le gend. Kristen Bradley a aperçu une lettre et un chèque suspects sur le siège du passager, il a su que ce serait plus qu'un contrôle routier.

Une lettre incriminante

Le groupe des crimes de rue du District de Halifax de la GRC disposait de données non confirmées selon lesquelles Tillman volait des objets de grande valeur historique (livres, antiquités, œuvres d'art, etc.) dans le secteur. La lettre a permis de le confirmer.

Cette lettre avait été écrite par le général James Wolfe, officier de l'Armée britannique qui a vaincu les troupes françaises de Louis-Joseph de Montcalm lors de la bataille des Plaines d'Abraham à Québec, en 1759. Déduisant qu'elle avait été volée, le membre a remis la lettre au groupe des crimes de rue.

« Nous avons alors entrepris des recherches sur la provenance de la lettre qui allaient durer plusieurs mois », explique le serg. Colin MacLean du groupe des crimes de rue.

Après avoir fouillé jusqu'en Irlande, le groupe a découvert, avec l'aide de plusieurs bibliothécaires de la région, que la lettre provenait de l'Université Dalhousie. Puis, ayant assez d'information, le groupe a demandé un mandat de perquisition visant la demeure de Tillman pour retrouver 15 objets déclarés volés dans le secteur, y compris la première édition de l'ouvrage Origin of Species de Charles Darwin et quelques tableaux du gouvernement provincial.

Assembler les morceaux du casse-tête

Au cours de la même période, un témoin a fourni aux membres une vidéocassette qui leur garantissait l'accès à un mandat.

« La vidéo montrait Tillman aux alentours de sa maison avec tous les objets qu'il possédait, et certains étaient ceux que nous cherchions », raconte MacLean.

Les neuf membres du groupe sont entrés dans la maison en janvier et y sont restés pendant sept jours. Ils ont commencé par fouiller les classeurs à la recherche d'autres lettres historiques, plus précisément une missive écrite par George Washington.

« Nous avons trouvé des relevés bancaires révélant que Tillman avait beaucoup d'argent, relate le gend. Hector Lloyd. Mais selon ses dossiers fiscaux, il déclarait des revenus an-nuels indiquant qu'il vivait bien en deçà du seuil de pauvreté, soit entre 8 000 et 11 000 $. »

Aux dires de Lloyd, les éléments de preuve recueillis dans un des classeurs étaient suffisants pour que le groupe provincial des produits de la criminalité saisisse la résidence de Tillman ainsi que ses comptes et relevés bancaires afin de poursuivre l'enquête.

Le groupe des crimes de rue a aussi fait appel à une bibliothécaire de la région pour trouver les premières éditions de livres et des lettres, et déterminer si elles avaient été volées.

« Elle nous a dit que ces livres et lettres ne faisaient pas partie d'une collection, car ils portaient toujours des étiquettes d'ouvrages de bibliothèque », précise MacLean.

Par ailleurs, le groupe comptait parmi ses membres un collectionneur d'antiquités de la région et expert en la matière, le gend. Darryl Morgan. En fouillant le bureau de Tillman, le gend. Morgan a trouvé un guide destiné aux marchands d'antiquités dans lequel quelques endroits avaient été encerclés. Il a ensuite fait quelques appels.

« J'ai demandé à un fournisseur s'il s'était fait voler un objet qui lui était cher, et il m'a répondu qu'un canot de bois taillé à la main était disparu, se souvient Morgan. Je lui ai répondu que son canot était sur le bureau derrière moi. »

Morgan a fait une multitude d'appels qui lui ont permis d'identifier la majorité des 1 600 objets trouvés dans la maison.

Heureux dénouement

Tillman a fini par se rendre. Non seulement il était évident qu'il avait volé les objets, mais les policiers avaient en outre trouvé des fiches détaillées de certains des objets.

« En regardant autour, on trouvait chaque fois quelque chose qui incriminait cet individu, fait remarquer Lloyd. Tout ce qui le concernait était illégitime ou illégal. »

En septembre 2013, Tillman a été condamné à neuf ans de prison et s'est vu confisquer sa maison, le contenu de celle-ci et son compte bancaire, qui contenait 338 000 $, un dénouement satisfaisant pour une affaire que le groupe n'est pas près d'oublier.

« Nous faisons généralement enquête sur des vols par effraction de téléviseurs, d'ordinateurs portatifs ou de bijoux perpétrés dans des résidences, affirme MacLean. Ce dossier était une première pour les enquêteurs de la région. »

Reproduit avec la permission du Pony Express ().

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