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En grandissant près de Prince George (C.-B.) dans une roulotte avec les sept autres membres de sa famille, jamais le gend. Troy Derrick n'aurait cru qu'il devien-drait policier. Petit, il rêvait surtout d'une planche de bois munie de quatre roues.
Jeune membre d'une communauté autochtone, il a eu plusieurs interactions négatives avec des policiers. Mais lorsqu'il s'est découvert une passion pour la planche à roulettes à 12 ans, il dit avoir ressenti une forme de libération.
« J'ai adhéré au milieu de la planche à roulettes car je m'y sentais accepté tel que j'étais, confie Derrick. Tout ce qui importait pour mes amis, c'était que j'aimais la planche. »
En quête de réussite
Dans les années 80, à l'époque où Derrick s'est mis à pratiquer la planche à roulettes, l'activité n'était pas bien vue. Même si jamais il se battait, consommait de la drogue ou de l'alcool ou se livrait à d'autres activités illégales, il se faisait injurier par des jeunes n'ayant pas les mêmes intérêts que lui et était étiqueté par les figures d'autorité.
Un jour, une grave blessure au genou l'a empêché de poursuivre sa passion. Sa sœur lui a alors suggéré d'essayer autre chose. Il s'est installé à Vancouver et inscrit à un programme d'art culinaire. Après quelques années seulement, il a obtenu son certificat professionnel, puis est déménagé dans les îles Gulf, où il a travaillé comme chef.
À son retour à Vancouver quelques années plus tard, Derrick a été engagé comme professeur adjoint pour le programme d'art culinaire de l'Université de la Colombie-Britannique, puis à Surrey, où il a enseigné à de jeunes autochtones.
« Je disais toujours à mes étudiants qu'ils avaient accès à une foule de possibilités au pays, qu'il leur suffisait de consacrer temps et efforts à l'atteinte de leurs objectifs, raconte-t-il. Un jour, un de mes étudiants m'a deman-dé si moi, je réalisais mon plein potentiel. »
Pris au dépourvu, Derrick lui a demandé ce qui serait selon lui le plus difficile à accomplir pour un membre des Premières nations. « Voici ce qu'il m'a répondu : "Pourquoi ne pas devenir policier? On les déteste tous de toute façon". »
Attaché à ses racines
Cet échange a touché une corde sensible chez Derrick. Trois semaines plus tard, il assistait à une séance de recrutement à New Westminster (C.-B.), et, quelques semaines après, il s'entraînait et se préparait en vue de devenir cadet.
C'est à la Division Dépôt qu'il a le plus appris sur l'histoire de ses ancêtres. Compte tenu de sa compréhension de nombreuses préoccupations liées aux Premières nations et de son expérience personnelle, il a été affecté au Détachement de Surrey comme policier auprès de la Première nation de Semiahmoo.
« Ce qui m'a frappé chez Troy, c'est son dévouement, se souvient la s.é.-m. Lesli Roseberry, ancienne chef de district à South Surrey. Il n'a pas oublié ses anciennes amours : la planche à roulettes et son expérience de chef l'influencent toujours, c'est évident. »
Trouver sa voie
Ayant été la cible de préjugés et de racisme lorsqu'il était plus jeune, Derrick comprend les exclus, et cette empathie se transpose dans son travail. Motivé par sa compassion et son désir de servir la collectivité, il affirme qu'un déclic s'est produit quand il est devenu policier.
« Trop souvent, nous disons aux membres des communautés autochtones quoi faire pour améliorer leur sort, sans leur demander leur avis sur ce qui les aiderait, soutient Derrick. J'ai l'impression d'avoir trouvé ma place. »
Il croit y être parvenu parce qu'il a pratiqué la planche à roulettes. Kevin Harris, premier professionnel canadien de la planche à roulettes et héros d'enfance de Derrick, soutient que cette activité inculque la persévérance et l'optimisme.
« Une fois qu'on a goûté à la planche à roulettes, on est prêt à surmonter tous les obstacles qui pourraient nous empêcher de la continuer, explique Harris. Cette activité m'a appris que nous pouvons toujours contourner les murs de brique qui se dressent sur notre chemin. »
Même si Derrick n'a jamais cru qu'il serait policier, il entend profiter au maximum de son métier.
« C'est une occasion qui se présente une seule fois, c'est pourquoi il faut en tirer le plus parti, affirme-t-il. Quoi que je fasse, je ne veux pas simplement contribuer à changer les choses, je veux incarner le changement. »
Reproduit avec la permission du Pony Express ().