Vol. 76, Nº 3Pratique exemplaire

Une approche mesurée

La GRC réactualise sa philosophie en matière de manifestations

En Nouvelle-Écosse, la GRC réactualise la philosophie de l'approche mesurée, une approche policière proactive à l'égard des piquetages et des manifestations. Crédit : GRC

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Mobilisations de grévistes, protestations publiques et manifestations sont des situations tendues qui peuvent dégénérer en affrontements violents.

Quel est le rôle de la police à cet égard? Comment doit-elle aborder ces situations?

Loin de rester passive, la Division H s'emploie à raviver une méthode éprouvée – l'« approche mesurée » – pour veiller proactivement au maintien de l'ordre en pareilles circonstances.

« Adopter une approche mesurée, pour la police, ça veut dire rester neutre par rapport aux questions en débat et, dans le plus grand respect de la loi, favoriser la désescalade, la bonne entente et la résolution du conflit en agissant comme auxiliaire dans la définition des points en litige et le rapprochement des parties », déclare le s.é. m. Jeff Christie, qui dirige le projet.

Police proactive

Il s'agit d'un retour à la philosophie que la GRC avait adoptée en Nouvelle-Écosse face aux gestes de protestation des pêcheurs de Digby, dans les années 1990. Cela avait été jugé être une pratique exemplaire, et c'est pourquoi, il y a plusieurs années, la GRC avait donné aux membres un atelier sur l'approche mesurée.

Étant donné les fréquentes grèves et manifestations pacifiques dans la province, sans parler des protestations plus musclées qui s'y produisent de temps à autre, la reviviscence de cette philosophie de la neutralité arrive à point nommé pour préparer les policiers pour demain.

Tirant parti du premier atelier, le s.é. m. Christie en a mis au point un nouveau qui a été donné en mai aux policiers de Nouvelle-Écosse ainsi qu'à divers organismes, dont la Sécurité publique.

L'atelier porte sur la politique provinciale, le droit du travail et le droit criminel, les médias sociaux, l'escalade, la médiation et la sensibilisation aux revendications autochtones.

Les différents sujets étaient traités par des conférenciers, dont l'ex-inspecteur Jim Potts.

Comptant 36 années de service à la GRC et 9 au sein de l'OPP, M. Potts, qui est Autochtone, a été appelé à intervenir lors de nombreuses crises touchant les réserves : occupations de locaux gouvernementaux et barrages routiers, protestations à Oka, à Burnt Church et au parc Ipperwash, manifestations contre l'hydrofracturation à Rexton (N. B.), pour ne nommer que celles-là.

M. Potts insiste sur le rôle joué par la police dans les communautés autochtones et sur l'importance d'établir de bonnes relations avec tous les interlocuteurs, sans distinction.

M. Potts, d'après qui « on ne peut pas bâtir une maison qui est en train de passer au feu », est heureux de voir la GRC revenir à cette approche. Dans bien des situations où il a été dépêché, raconte-t-il, le détachement local n'avait pas de bonnes relations – lorsqu'il en avait! – avec la Première nation concernée au moment où la crise a éclaté.

« Il faut constamment travailler à construire des relations saines et faire en sorte que les gens se connaissent et se fassent confiance, explique M. Potts. Ainsi, quand surgit une crise, il est possible de collaborer pour veiller à la sécurité de tous. Le propre de la paix, ce n'est pas l'absence de violence, c'est l'existence de liens de confiance. »

Maintien de la paix

Le s.é.-m. Christie dit espérer que les policiers sortent de l'atelier munis d'une meilleure compréhension de l'approche mesurée et des politiques, de l'arrière-plan, du contexte et des vulnérabilités qui y sont associés, de sorte qu'ils puissent intervenir aussi efficacement que possible lors d'un piquetage, d'une protestation publique ou de quelque autre conflit similaire.

« Il faut ratisser large si on veut s'assurer que les policiers de première ligne soient le mieux informés possible sur l'action à mener en pareils cas », commente le s.é. m. Christie.

En sa qualité d'officier responsable du Détachement du district de Kings (N. É.), l'insp. Chris MacNaughton estime qu'il s'agit d'une initiative d'importance aussi bien pour la Nouvelle-Écosse que pour la GRC en général.

« L'approche mesurée me permet de mieux savoir quels sont nos besoins et de m'assurer que mon district est doté des systèmes et du personnel qualifié nécessaires à la conduite d'une action efficace en cas d'agitation sociale ou de manifestation », affirme l'insp. MacNaughton.

Assimiler certaines des pratiques exemplaires élaborées dans la province au fil des ans aidera la GRC en Nouvelle-Écosse à intervenir avec plus d'efficacité à l'avenir.

« Les commentaires entendus après notre premier atelier ont été très positifs, se réjouit le s.é. m. Christie. Remettre cette philosophie à l'honneur était une priorité pour appuyer nos confrères de première ligne et mieux servir la population. »

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