Vol. 76, Nº 1Reportages

Une vidéo utile aux policiers lors d’affrontements

Une image de la vidéo de la GRC en Alberta sur Freeman on the Land montre des adeptes du mouvement lors d'un contrôle routier ainsi qu'au tribunal. Crédit : GRC

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Depuis quelques années, le mouvement Freeman on the Land gagne du terrain dans l'ouest du pays.

Ses adeptes croient que les lois sont de nature contractuelle et ne s'appliquent que dans la mesure où les personnes consentent à s'y conformer. Par conséquent, ils estiment qu'ils peuvent se déclarer « citoyens souverains » et se soustraire à la loi.

Lorsque des membres de l'Alberta ont commencé à avoir des contacts fréquents avec des adeptes du mouvement, deux membres de l'ancien Groupe du renseignement à Calgary se sont vu confier la tâche d'aider les policiers à traiter avec ces personnes.

Les caporaux Ian Smith et Jerion Hildebrand, dont le mandat au sein du groupe du renseignement était souvent lié aux gangs, avaient de la difficulté à cerner les convictions des adaptes du mouvement en raison de sa nature fragmentaire.

« Pour 1000 adeptes, vous aurez 1000 opinions distinctes sur divers sujets, explique le cap. Smith. Contrairement à un groupe du crime organisé, beaucoup de notions à l'égard du mouvement sont fondées sur une opinion. Il est difficile de dégager des traits communs et cohérents de l'ensemble du mouvement. »

Les deux membres ont également constaté que la doctrine des Freeman on the Land est diffusée dans tout l'Internet et dans les médias sociaux. Afin de préparer les membres à traiter avec des citoyens qui refusent leur autorité, ils ont créé une présentation PowerPoint qu'ils ont commencé à présenter dans les détachements de l'Alberta.

Indices révélant la présence d'un Freeman

Lors d'un contrôle routier ou dans toute autre circonstance :

  • aucun document d'immatriculation
  • fausse plaque d'immatriculation
  • autocollants (affichant le mot « free » ou l'image d'un drapeau renversé)
  • le citoyen invoque son « droit de se déplacer »
  • invoque des documents juridiques méconnus (comme la Grande Charte)
  • refuse de confirmer son nom légal
  • vous cite un barème d'honoraires pour le temps qu'il vous consacre
  • un avis à sa porte indiquant que la police n'a aucune compétence sur cette propriété
  • présente un insigne d'agent de la paix en apparence authentique, se faire passer pour un agent de la paix

Source: Freeman on the Land, Groupe de la vidéo de la RNO

« La sensibilisation est la clé, ajoute le cap. Hildebrand. Une fois que l'on sait à qui on a affaire, les solutions apparaissent d'elles-mêmes et on peut faire son travail correctement. »

Au fil des ans, les deux membres ont donné plusieurs exposés dans les détachements; néanmoins, ils n'ont pas pu parler à tous les membres de la division. C'est alors qu'on a pensé à réaliser une vidéo.

En collaboration avec René Huot, du Groupe de la vidéo de la Section de la formation de la GRC en Alberta, les deux membres ont converti la présentation PowerPoint en une vidéo distribuée dans toute la province, ainsi qu'au Manitoba et même en Nouvelle-Écosse.

« Nous recevons périodiquement les éloges de membres qui, après avoir regardé la vidéo, ont plus d'assurance dans leurs rapports avec les citoyens, précise M. Huot. Beaucoup d'idées erronées circulent sur le sujet; il faut prendre des mesures avant que les choses ne déraillent. »

René Huot rapporte le cas d'une membre à Rocky Mountain House (Alb.), qui a remercié le groupe pour cette vidéo très utile. Durant le quart où elle l'a regardée, elle a rencontré un adepte du mouvement, et elle a su comment l'aborder.

Les cap. Smith et Hildebrand soulignent leur but ultime - renforcer le sentiment d'autorité des membres, qui se traduira par une sécurité accrue.

« À tort ou à raison, je pense que nous autres policiers, aimons définir ou catégoriser les phénomènes observés, explique le cap. Hildebrand. C'est une caractéristique du travail de police en général; si on n'est pas au courant des événements, il est difficile de le faire. »

Lorsqu'un agent arrête un véhicule dans le cadre d'un contrôle routier, la sécurité est l'enjeu principal. Amorcer une discussion avec un automobiliste en bordure de la chaussée ou détourner le regard du chauffeur, ne serait-ce qu'un instant, est extrêmement risqué. Déceler l'absurdité des propos tenus peut faire toute la différence sur le plan de la sécurité.

« On ne peut régir par la loi ce que les gens pensent; il est préoccupant pour un policier d'appréhender quelqu'un qui invoque des motifs inconnus pour déroger à la loi, explique le cap. Smith. La connaissance des choses dissipe tout doute et toute hésitation, et le membre peut exercer ses fonctions en toute sécurité. »

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