GRC de la Saskatchewan : 10-36 De Service

Qui a tué Misha Pavelick ?

Saison 1 : Qui a tué Misha Pavelick?

Les rassemblements sur des terrains de camping lors de la longue fin de semaine du mois de mai sont une tradition courante chez les adolescents de la Saskatchewan. Ils marquent souvent la fin de l'hiver dans les Prairies, l'approche des journées plus chaudes et la fin imminente de l'année scolaire. Mais un rassemblement d'élèves du secondaire se démarque dans l'histoire récente du sud de la Saskatchewan, lorsque les célébrations sur un terrain de camping près de Regina Beach ont tourné au drame et qu'un jeune homme de Regina a perdu la vie. Misha Pavelick, 19 ans, a été poignardé lors d'une altercation et est décédé le 21 mai 2006.

Quinze ans ont passé. Son ou ses meurtriers n'ont jamais été inculpés.

La GRC de la Saskatchewan continue de travailler avec diligence pour procéder à une arrestation dans cette affaire. « Cela fait 15 longues années que le coupable doit surveiller ses arrières en se demandant si c'est aujourd'hui que la police va venir l'arrêter », a déclaré le caporal Marcus Crocker, responsable de l'enquête menée par le Groupe des affaires non résolues de la GRC. « Chaque fois qu'il aperçoit un policier, une voiture de police ou quelqu'un en uniforme, qu'est-ce qui lui passe par la tête? »

Quelle est la pièce manquante dont les enquêteurs ont besoin pour élucider ce crime et trouver le responsable de la mort de Misha? Qui a tué Misha Pavelick? est un balado en trois parties détaillant l'homicide de ce jeune homme qui était un fils, un frère et un ami bien-aimé. Il s'agit de la première saison d'un nouveau balado créé par la GRC en Saskatchewan qui s'intitule : La GRC de la Saskatchewan, 10-36 : en service. On y entend les voix des agents de la GRC de la Saskatchewan qui ont participé directement à l'enquête, ainsi que celles des proches de Misha et d'autres experts de la GRC. Tous espèrent que le fait de raconter cette histoire incitera quelqu'un à fournir un élément d'information essentiel.

« C'est un énorme casse-tête et tout ce qui concerne Misha, ce week-end, cette soirée et ce qui s'est déroulé, est important », a assuré le caporal Crocker. « Cela pourrait être l'indice dont nous avons besoin pour faire avancer ce dossier. Donc tout renseignement est important. »

Si vous avez des renseignements sur la mort de Misha ou sur cette enquête, vous pouvez communiquer directement avec les enquêteurs du Groupe des affaires non résolues de la GRC en appelant au 639-625-4252. Vous pouvez également appeler Échec au crime au 1-800-222-8477 ou vous rendre sur saskcrimestoppers.com [en anglais seulement] pour y laisser des renseignements de façon anonyme.

Épisodes

Saison 1 : Épisode 1 : Qui a tué Misha Pavelick « Papa, je sors...».

Saison 1 : Épisode 2 : Qui a tué Misha Pavelick « Il était mon petit frère agaçant, mais je l'aimais. »

Saison 1 : Épisode 3 : Qui a tué Misha Pavelick « Le temps est venu de dire la vérité… »

Bande-annonce de la saison 1 - Qui a tué Misha Pavelick ?

Aerial view of the campground surrounded by trees.

Écoutez la bande-annonce du balado Qui a tué Misha Pavelick?. Écoutez un extrait de ce balado de trois épisodes créé par la GRC en Saskatchewan. Disponible le 21 mai 2021.

Le Groupe des affaires non résolues de la GRC en Saskatchewan enquête sur le décès de Misha Pavelick. Misha a été poignardé lors d'un rassemblement dans un terrain de camping en Saskatchewan (Canada), en 2006. Son décès est considéré comme un homicide. Les enquêteurs cherchent à obtenir de l'information du public afin de les aider à clore cette enquête qui dure depuis 15 ans et à déposer des accusations.

19 mai 2021

Bande-annouce de la saison 1 - Transcript

*Musique*

Caroline : Cela fait quinze ans.

Stephane : Cette nuit-là était … Je revis cette nuit-là.

Caroline : Lors du long weekend de mai 2006, une bagarre a éclaté à une fête réunissant des étudiants d'une école secondaire dans un camping, près de Regina Beach, en Saskatchewan.

Yannick : À un moment donné, il y a jusqu'à 200 personnes à cette fête. Ça rend le dossier encore plus difficile.

Caroline : Deux personnes ont été gravement blessées, Mischa Pavelick, 19 ans, n'a pas survécu. Sa mort est considérée être un homicide.

Janie : Mais nous savions que quelque chose avait terriblement mal tourné, très rapidement.

Caroline : Joignez-vous aux enquêteurs, à la famille de Misha et aux experts policiers alors qu'ils partagent ce qu'ils peuvent sur cette enquête qui dure depuis 15 ans.

Yannick : C'est 15 longues années à regarder par-dessus ton épaule, à te demander si c'est aujourd'hui le jour où la police viendra t'arrêter. Il y aura un moment où c'est ce qui arrivera.

Caroline : Qui a tué Misha Pavelick ? Un balado en trois épisodes créé par la GRC de la Saskatchewan, disponible le 21 mai.

Saison 1 : Épisode 1 Qui a tué Misha Pavelick? « Papa, je sors...».

Audio waves with police sirens in background

Ce qui n'était au départ qu'un rassemblement amical à un terrain de camping s'est transformé en tragédie quand Misha, âgé de 19 ans, a été poignardé pendant une altercation. Apprenez-en plus sur les appels d'urgence de service reçus ce soir-là à la Station divisionnaire de transmissions opérationnelles de la GRC en Saskatchewan et écoutez les commentaires des premiers enquêteurs principaux et de ceux qui dirigent actuellement l'enquête.

21 mai 2021

Saison 1 : Épisode 1 - Transcript

Caroline : Vous écoutez Qui a tué Misha Pavelick?, un balado créé par la GRC de la Saskatchewan, qui décrit l'homicide réel de Misha Pavelick survenu en 2006, ainsi que l'enquête qui est en cours. Il s'agit du premier épisode de cette histoire en trois parties.

Caroline : J'aimerais prendre un moment pour souligner que les terres sur lesquelles ce balado a été produit font partie du territoire visé par le Traité no 4 et constituent des terres ancestrales des Métis. Au nom de la GRC de la Saskatchewan, je présente mes respects aux Premières Nations et aux Métis de ces terres.

Caroline : Dans la version anglaise de ce balado, on entend les voix des policiers de la GRC de la Saskatchewan qui ont participé directement à l'enquête sur la mort de Misha Pavelick. On entend aussi les voix des proches de Misha et d'autres experts de la GRC. Dans la version française, leurs commentaires originaux ont été traduits en français et sont lus par des employés francophones de la GRC.

Nous souhaitons mettre en garde nos auditeurs, car certains renseignements ou enregistrements audio peuvent être considérés perturbants ou traumatisants. Le contenu de ce balado s'adresse donc à un public averti.

[Musique]

Caroline : Je m'appelle Caroline. Je ne suis pas une policière, bien que je travaille avec des policiers tous les jours. Ensemble, avec le Groupe des affaires non résolues de la GRC – Sud, nous allons vous raconter ce que nous pouvons à propos de l'homicide de Misha, 19 ans, qui est survenu en mai 2006. Depuis 15 ans, la famille et les amis de Misha cherchent à lui rendre justice. Nous voulons encourager toute personne ayant des renseignements à propos de la mort de Misha ou de son enquête à les signaler à la police.

[Musique]

Caroline: On est en 2006, dans la province de la Saskatchewan, au Canada. C'est le mois de mai et les préparatifs et les célébrations liées à l'obtention du diplôme d'études secondaires battent leur plein.

Au Canada, l'avant-dernier lundi de mai est un jour férié au cours duquel on célèbre La fête de la Reine Victoria or la Journée nationale des patriotes au Québec. En Saskatchewan, les trois jours que comprennent le samedi, le dimanche et le lundi sont souvent appelés la « longue fin de semaine de mai ». Puisque c'est le premier congé après un long hiver en Saskatchewan, les gens sont particulièrement excités à l'idée de jouir du plein air et de partir en camping.

C'est le vendredi 19 mai 2006 qu'une fête prévue pour toute la fin de semaine commence à Kinookimaw, un terrain de camping privé à proximité de Regina Beach sur le lac de la Dernière-Montagne. La fête commence aux environs de 15 h.

Yannick : Donc, le terrain de camping Kinookimaw était un terrain de camping qu'on pouvait louer par l'intermédiaire du Club de golf de Regina Beach.

Caroline : Je parle avec le caporal Marcus Crocker, il le responsable actuel de l'enquête sur le décès de Misha qui est actuellement menée par le Groupe des affaires non résolues de la GRC. Nous parlons virtuellement. Lorsque vous pensez à un policier, vous imaginez peut-être l'uniforme, l'insigne et l'équipement qu'il porte. Le caporal Crocker porte une tenue civile. Il est assis à un bureau et est entouré de documents qu'il consulte régulièrement. Comme de nombreux policiers que je connais, il prend des notes tout au long de notre conversation. De temps à autre, vous pouvez même l'entendre prendre ces notes.

Yannick : Donc, Regina Beach est situé à environ 54 kilomètres au nord-ouest de la ville de Regina. Si vous n'êtes pas de la région, vous n'avez qu'à prendre l'autoroute 11 et c'est un court trajet pour vous y rendre. En outre, Lumsden ne se trouve qu'à environ 24 kilomètres de Regina Beach. Kinookimaw se trouve tout près de la région de Regina Beach. Au fur et à mesure que vous vous déplacez en Saskatchewan, vous voyez une étendue de terres agricoles et, alors que vous vous rapprochez de la région de Regina Beach, c'est là que vous trouvez l'eau, le lac. En marchant pour vous rendre à la fête des diplômés, vous passez par une région très boisée dans la zone du terrain de camping. Il y avait des tentes et, autour de cette zone, il y avait un feu, qu'on utilisait aussi pour s'éclairer, car cette zone n'était pas bien éclairée. Vous vous rendez à pied vers ce qui semble être une fête de jeunes du secondaire; beaucoup de gens se trouvent dans les environs et il y a une atmosphère de fête.

Caroline : Est-ce que de l'alcool était consommé lors de cette fête?

Yannick : Oui, de l'alcool a été consommé, et nous en sommes bien conscients.

Alicia : J'y suis allée, parce que cela s'est déroulé pendant tous les jours de la longue fin de semaine de mai et je crois que, pour les jeunes du secondaire, c'est le genre de chose qui se passe un jeudi, un vendredi, un samedi, un dimanche, voire un lundi.

Caroline : Voici Alicia, une amie de Misha. Le point de vue qu'elle apporte à ce projet est unique. Elle était l'une des nombreuses personnes qui ont passé du temps avec Misha le jour avant qu'il soit tué.

Alicia : Il s'agissait d'une fête organisée seulement pour une école secondaire en particulier. Pour cette école secondaire, se rendre à ce terrain de camping pour y tenir cette fête pendant la longue fin de semaine de mai, c'était comme une tradition de très longue date.

Yannick : La majorité des personnes qui s'y trouvaient venaient de Regina. En fait, il y avait une liste des personnes qui étaient autorisées à se trouver au terrain de camping. Cette liste comprenait 121 noms, dont 11 chaperons, mais, ce soir-là, le dimanche soir, la sécurité avait relâché les restrictions et avait autorisé la présence de personnes dont le nom ne figurait pas sur la liste ou qui ne portaient pas un bracelet les autorisant à entrer. Nous croyons donc qu'il y avait environ 200 personnes au terrain de camping Kinookimaw à un certain moment au cours de cette soirée.

Alicia : Avec le recul, la séquence des événements se déroulait lentement. Genre, dès le début. Il n'était pas là immédiatement; il a fini par arriver un peu plus tard. J'y étais donc les quelques premiers jours, puis, la nuit avant qu'il soit tué, j'étais partie. Je suis partie.

[Musique]

Stephane : Mon nom est Lorne Pavelick et je suis le père de Misha Pavelick.

Caroline : Lorne Pavelick a participé à de nombreuses entrevues avec la presse locale au cours des 15 dernières années. Il me parle virtuellement depuis sa résidence. Il est supporté tout au long de notre discussion par sa conjointe, Karen. Karen n'est pas dans le cadre de l'écran, mais elle est assise à la table, en face de lui. De temps en temps, je vois Lorne lever le regard, ses yeux entrant en contact avec ceux de sa conjointe, avant qu'il continue de parler.

Caroline : Vous rappelez-vous si Misha a mentionné cette fête avant qu'elle ait lieu?

Stephane : Oui, alors qu'il était en chemin, il m'en a parlé avant de partir. Il a dit : « Papa, je sors pour la fin de semaine ». C'est quelque chose qu'il avait, vous savez, je l'avais entendu parler à des amis, des amis étaient venus et il prévoyait y aller. Et, avec ses amis et je lui ai dit, « est-ce que ce sera sécuritaire? ». Il a répondu : « absolument ». Vous savez, il ne s'y est pas rendu en se disant : « D'accord, si j'y vais, je vais mourir. » Je réfléchissais à propos de cette nuit, de cette soirée particulière, j'en ai eu l'occasion. Parce qu'il est venu changer de vêtements ce jour-là. Je lui ai dit de prendre soin de lui, de faire attention et que je l'aimais. Je suis tellement reconnaissant d'avoir eu la chance de le lui dire. Sans me rendre compte que ce serait la dernière fois que je disais ça.

[Musique]

Caroline : Aux environs de 21 h 30, le vendredi 19 mai, un groupe de personnes qui n'étaient pas invitées se sont présentées au terrain de camping Kinookimaw où les célébrations des diplômés avaient commencé. Ces personnes ne figurent pas sur la liste d'invités et sont refoulées à la barrière.

Alicia : Le groupe de personnes qui est venu, et a abouti — avec le recul maintenant, je sais ces choses — juste à ce moment, je ne savais pas qu'elles le connaissaient, et nous leur avions demandé de partir… et nous leur avions dit que ce n'était pas personnel ou quelque chose du genre, que c'était seulement pour notre école secondaire. C'était vraiment très étrange et j'étais seulement… je me tenais là et Misha disait : « Ouais, je pense que le moment est venu pour vous de partir ». Ensuite, ces personnes sont effectivement parties et nous sommes retournés au terrain de camping. Tout le monde avait un emplacement de camping différent, il y avait un feu de camp principal où tout le monde allait et venait. Il semblait que tout allait bien se passer. Le problème était que le groupe de personnes a fini par revenir.

Caroline : Le samedi 20 mai 2006, le rassemblement au terrain de camping Kinookimaw se poursuit toute la journée et toute la soirée sans qu'aucun incident important ne soit signalé. Le lendemain, le dimanche 21 mai 2006, la fête continue.

Les données météorologiques de l'époque pour cette partie de la Saskatchewan nous indiquent que la température a atteint un maximum de 25 °C et un minimum d'un peu plus de 4 °C. Il n'y avait pas de pluie et les vents soufflaient à une vitesse de 19 à 26 km/h.

C'est à environ 22 h 30, ce soir-là, que le même groupe de personnes non invitées du vendredi se présente sur les lieux et s'introduit dans le terrain de camping, même si ces personnes ne figurent pas sur la liste des invités.

Alicia : Donc, mon dernier souvenir avec Misha, je m'en souviens très clairement, la nuit où je suis partie. Il faisait tellement noir et Misha et moi étions assis sur quelque chose — je ne sais toujours pas exactement ce que c'était, mais c'était une sorte de réservoir qui était installé à proximité du feu — et nous riions et avions tellement de plaisir, tout simplement. Je lui avais demandé, alors que nous étions assis là : « Tu devrais venir avec moi, nous devrions retourner en ville. Nous pouvons ensuite revenir demain ou le jour suivant ». Il a ensuite tenté de me convaincre de rester, mais j'ai répondu « non ». Je lui ai ensuite dit que je reviendrais le jour suivant, puis je suis montée dans la voiture d'un ami qui passait par là. Je peux encore le voir me saluer et sourire, en me disant au revoir alors que je m'éloignais, puis je ne l'ai plus jamais revu vivant.

[Musique]

Janie : Je dois dire que cela me paraît incroyable qu'il se soit écoulé 15 ans.

Caroline : Lee Rosin travaille à la Station divisionnaire de transmissions opérationnelles — ou la SDTO — de la GRC de la Saskatchewan.

Janie : Je sais que c'était autour du début de ma carrière, car je vais célébrer mon seizième anniversaire en juillet. Donc, en toute honnêteté, j'étais plutôt inexpérimentée en tant que téléphoniste dans le monde des répartiteurs et des préposés aux appels de la GRC. Toutefois, cette nuit-là, c'était incroyable.

Caroline : Au départ, j'avais approché Lee pour qu'elle nous présente un aperçu du travail au sein de la SDTO pendant le déroulement d'un incident majeur. Ce n'est qu'après qu'on ait commencé à discuter qu'elle a révélé qu'elle était au travail la nuit où Misha est mort.

Janie : Il y avait, je crois, entre six et huit préposés aux appels cette nuit-là et environ quatre répartiteurs.

Caroline : Il y en avait donc plus que d'habitude, puisque c'était la longue fin de semaine de mai?

Janie : C'est exact.

Caroline : La SDTO de la GRC de la Saskatchewan est située à Regina, en Saskatchewan. Elle assiste la population qui relève de la GRC dans toute la province. À l'intérieur de la SDTO, se trouvent des opérateurs de centre de communication opérationnelle hautement qualifiés. Ils sont la voix à l'autre bout du fil lorsque vous appelez le 911 pour demander l'aide de la GRC. Ils établissent le lien entre les gens qui appellent le 911, souvent lorsqu'ils traversent une période de crise personnelle, et l'assistance des policiers de la GRC.

Janie : À l'époque, il y avait quelque chose qui ressemblait à un îlot, à défaut d'un meilleur terme. C'est là que tous les répartiteurs s'asseyaient. Il y en avait quatre, et il y avait des tables circulaires et chacun était responsable d'une zone différente. La province était divisée en zones, puis, les préposés aux appels, nous étions assis à l'extérieur de cet îlot, en quelque sorte.

Caroline : La SDTO de la GRC a commencé à compiler le nombre d'appels qu'elle reçoit annuellement l'année suivant la mort de Misha. En 2007, la SDTO de la GRC a répondu à 98 791 appels de service de la part du public. L'an dernier, en 2020, ce nombre a triplé, avec 323 168 appels de service de la part public.

[Musique]

Caroline : Une chronologie publiée par la GRC de la Saskatchewan indique qu'aux environs de 23 h, le dimanche 21 mai, il se développe une tension entre Misha et ses amis et le groupe de personnes non invitées. C'est aux environs de 23 h 15 qu'éclate une dispute verbale, puis physique, entre Misha et un jeune homme du groupe de personnes non invitées. Des témoins interviennent. Dix minutes plus tard, aux environs de 23 h 25, la tension continue de monter entre Misha, ses amis et le groupe de personnes non invitées. Misha est impliqué alors dans une deuxième altercation physique avec plusieurs des personnes non invitées. Un ami de Misha âgé de 18 ans venant à son aide est impliqué dans une bagarre secondaire et est poignardé. De nombreuses autres bagarres éclatent.

Yannick : Cet appel signalait que deux personnes avaient été poignardées.

Caroline : Celui qui parle est le caporal Marcus Crocker.

Yannick : Donc, le personnel de la GRC de Lumsden, c'est leur territoire de compétence, aurait été le premier à répondre, et les services médicaux d'urgence ont également été dépêchés sur les lieux pour offrir de l'aide.

Caroline : Le caporal Marcus Crocker me dit que les bagarres se terminent aux environs de 23 h 30. La dernière entrée de la chronologie de la GRC de la Saskatchewan, qui a été rendue publique, indique qu'à 23 h 38 les ambulanciers et la police ont été appelés. On constate que Misha est gravement blessé, de même que son ami de 18 ans. Les gens se mettent à quitter en masse le terrain de camping.

Janie : La quantité de travail, la quantité de renseignements qui arrivent à la vitesse de l'éclair en provenance de personnes qui appellent. Il s'agit peut-être de témoins, il s'agit peut-être de la victime, il s'agit peut-être d'une personne impliquée, il s'agit peut-être des membres des familles, il s'agit peut-être d'autres membres — d'autres agents d'organismes partenaires — qui sont appelés. Cela va de leur bouche, jusqu'au bout de nos doigts, de notre casque d'écoute jusqu'au bout de nos doigts, vers le superviseur dépêché, le sous-officier, tout le monde. La quantité de renseignements qui sont compris, transférés, diffusés, distribués et transmis, cela va à la vitesse de l'éclair. Étant donné que, en fin de compte, des vies sont en danger, celles de membres du public, celles des personnes qui sont concernées et, soyons honnêtes, ce sont les vies de nos policiers.

[SDTO] Contrôle de Regina pour le détachement de Lumsden, j'ai un appel de service prioritaire lorsque vous êtes prêts à recevoir. 10-4 contrôle, Alpha 405, détachement de Lumsden, veuillez vous diriger vers les lieux.

Yannick : En fait, il y a eu huit appels, ou huit personnes avaient appelé. Il y avait donc plusieurs appels, mais huit personnes avaient appelé pour demander que les services médicaux d'urgence et la police soient dépêchés sur les lieux. Il s'agissait d'une agression à l'arme blanche et, vous savez, certains des appels indiquaient qu'une personne avait été poignardée. Il y avait aussi des appels indiquant que deux personnes avaient été poignardées. Un des appels provient d'une personne qui est auprès de Misha et qui pratiquait la réanimation cardiopulmonaire (RCR) pendant cet appel au 911.

Janie: Je ne me souviens pas comment le premier appel a été reçu, mais nous savions que quelque chose avait très mal tourné très rapidement.

[SDTO] 10-4, Contrôle, vous pouvez…, 10-17. 10-4, Alpha 405 est en route.

Janie : De plus, beaucoup d'organismes partenaires se sont impliqués également; j'ai répondu à l'appel d'un des amis de Misha. Dans une telle situation, vous devez, en une nanoseconde, puiser dans toutes vos compétences en communication, tant sur le plan professionnel et personnel. Ce que je veux dire par là, c'est que je ne peux m'imaginer ce dont ce jeune homme était témoin ainsi que la terreur, l'émotion et le traumatisme dont il était témoin. Je dois maîtriser la situation et je dois obtenir ce dont j'ai besoin et tenter de maîtriser l'appelant pour que les paramédicaux puissent se rendre à lui en toute sécurité, pour que je puisse lui acheminer les policiers en toute sécurité, car il s'agissait d'une scène de crime active, d'une certaine façon, lorsque nous examinons la situation d'un point de vue professionnel. Nous devons donc agir de façon professionnelle dès que l'incident critique est enclenché; nous devons être prêts à tout. Que vous soyez préposé aux appels ou répartiteur, cela n'a aucune importance : le temps est venu d'agir et nous devons nous lancer dans le feu de l'action et nous tenir prêts à le faire. Donc, cet appel n'avait rien à voir avec ceux auxquels j'avais répondu au cours de ma carrière jusqu'à ce moment-là, et il s'agit d'un appel que je n'ai jamais oublié. Je me souviens du traumatisme dans sa voix et de ce qu'il décrivait, et je savais ce qu'allaient devoir gérer mes policiers à leur arrivée sur les lieux.

[SDTO] Vous pouvez inscrire Alpha 405, 23.

Caroline : Les codes 10 peuvent signifier différentes choses pour différents organismes, ils peuvent même varier entre les différents services de police. Pour la GRC de la Saskatchewan, 10 23 signifie « arrivé sur les lieux ».

Yannick : La GRC de Lumsden a été la première à arriver sur place, puis les services médicaux d'urgences de Regina ont été les unités secondaires sur place. Il s'agissait des premiers intervenants sur les lieux. La police arrive donc sur les lieux d'un terrain de camping. La zone est très boisée; l'éclairage est faible. Il y a, vous savez, des personnes qui tentent de quitter les lieux à bord de véhicules. Il y a des personnes qui hurlent et qui crient, fortement intoxiquées, émotives. Il y a deux personnes qui sont blessées, gravement blessées, qui ont besoin d'une attention médicale, et il y a une scène de crime. Il se passe beaucoup de choses dans les minutes qui suivent leur arrivée sur les lieux. Ils ont été accueillis à la barrière de Kinookimaw, où il y avait un jeune homme qui avait été poignardé, du nom de Dereck Ens et ils s'occupaient de lui. Les personnes quittent la fête et les policiers doivent entrer sur le terrain de camping Kinookimaw, où ils trouvent effectivement des personnes qui pratiquent la RCR sur Misha. Les prochaines étapes à suivre auraient été de sécuriser les lieux et d'obtenir autant de renseignements sur les témoins que possible, les noms et numéros de téléphone, de simplement tenter de contrôler les lieux comme tels. Il s'agit désormais d'une scène de crime, donc on s'efforçait de préserver tous les éléments de preuve se trouvant dans cette scène de crime.

Caroline : Nous allons entendre maintenant Lorne Pavelick, le père de Misha.

Stephane : C'était un peu comme s'il s'agissait d'une autre fin de semaine, d'un autre samedi soir, d'un dimanche ou peu importe ce que c'était. Je suis allé me coucher raisonnablement tôt et, une chose que je dois dire, cela peut sembler étrange : j'avais un genre de…, nous avions un patio à l'arrière de notre maison et je suis sorti pour fumer une cigarette — je fumais encore à l'époque — j'ai levé les yeux vers le ciel et je me suis dit, comme c'est étrange, vraiment étrange, c'est vraiment nuageux et sombre, et le mouvement des nuages… je trouvais simplement que cela semblait étrange. Bref, je suis rentré dans la maison et je suis allé au lit, puis j'ai reçu un appel téléphonique pendant que je dormais.

Yannick : Nous sommes dimanche soir, il est 23 h 38, le membre du Groupe des crimes majeurs, je crois qu'il a été appelé à 0 h 30. Il se trouve donc chez lui, endormi dans son lit, son téléphone sonne, il se lève et on l'informe alors qu'une personne est décédée, dans le cadre d'un incident survenu lors d'une fête de jeunes diplômés. Une personne était en route vers l'hôpital pour y être opérée. Le membre du Groupe des crimes majeurs a pris des notes, des notes exactes, les heures, les renseignements qui lui ont été communiqués.

S.é.-m. Schwartz : Actuellement, je suis le sergent d'état-major Tim Schwartz, et je suis avec l'Unité de la Gestion des services du bien-être des employés à la Division F. Je compte 20 ans, 20 ans et demi d'ancienneté à la GRC, et c'est en septembre 2005 que j'ai été transféré en tant que gendarme au Groupe des crimes majeurs de Regina.

Caroline : Le sergent d'état-major Schwartz explique qu'il était de garde pendant la longue fin de semaine de mai 2006 dans le cadre des horaires par rotation du Groupe des crimes majeurs – Sud de la GRC.

S.é.-m. Schwartz : Bien, je crois que, chaque fois qu'on est en disponibilité, je ne crois pas qu'il nous arrive d'avoir une bonne nuit de sommeil complète, tout simplement dans l'anticipation de cet appel téléphonique et, normalement, si nous recevons un appel, c'est parce que quelque chose de passablement grave s'est produit. Nous avons probablement un sous-officier sur l'autre ligne, qui souhaite obtenir une orientation et de l'aide.

Caroline : Un sous-officier est une personne responsable d'un détachement ou d'un groupe particulier de la GRC. Cette personne détient habituellement le grade de caporal, de sergent ou de sergent d'état-major.

S.é.-m. Schwartz : Pour venir en aide à leurs membres ou pour leur indiquer ce qu'ils doivent faire ensuite. Donc, certainement, juste après minuit, vous savez que j'ai peut-être dormi quelques heures. Cela vous réveille assurément très rapidement. Vous avez certainement à vous éclaircir l'esprit, vous devez demeurer alerte pour saisir ce qui est dit et les directives, et vous devez assurément rester calme, pour que vous puissiez fournir des directives claires au sous-officier auquel vous parlez ou au membre qui se trouve sur les lieux et, une fois de plus, leur demander de répéter ce qui est dit, pour avoir la certitude qu'il n'y a aucun malentendu.

Caroline : Bien que le sergent d'état-major Schwartz ne travaille plus au sein de ce groupe, il a pris le temps de passer en revue ses notes d'il y a quinze ans et de répondre aux questions avec ce qu'il se souvient de cette nuit-là et des jours qui ont suivi.

S.é.-m. Schwartz : Je me rappelle avoir reçu un appel téléphonique tôt le matin, tout juste après minuit, aux environs de 0 h 10, me disant, essentiellement « j'ai des renseignements limités, mais il semble qu'il y ait eu un incident à la plage de Kinookimaw, où nous pourrions potentiellement avoir quelques décès ». Puis, environ 20 minutes se sont écoulées. Mais avant cela, j'ai commencé à faire des appels téléphoniques pour dire : « Vous savez quoi, levez-vous. Nous avons probablement une situation à gérer dans les régions du Détachement de Lumsden.

Caroline : Les téléphones sonnaient également dans d'autres parties de Regina. Plus particulièrement, chez le père de Misha.

Stephane : J'ai reçu un appel téléphonique au milieu de mon sommeil, d'une jeune femme qui était presque au bord de l'hystérie. Elle disait que Misha avait été blessé, qu'il y avait une grande bagarre, qu'une personne avait été poignardée et que Misha avait été poignardé. C'était surréaliste, j'avais l'impression que ce n'était pas réel, je tentais de me concentrer sur ce qu'on disait et sur la personne qui parlait et, pour être honnête avec vous, j'ai eu de la difficulté à comprendre cette personne, car, en arrière-plan, il y avait des hurlements et des cris, et toutes sortes de choses. Je crois qu'il y avait des enfants, de jeunes gens qui étaient horrifiés, et ouais… Elle a dit qu'elle me rappellerait. Cela ne s'est pas produit, j'ai donc su immédiatement que quelque chose de grave se passait.

[Musique]

Caroline : Voilà qui termine le premier épisode du balado Qui a tué Misha Pavelick? Il y a deux autres épisodes dans cette histoire en trois parties créée par la GRC de la Saskatchewan. Vous pouvez écouter le balado dans son intégralité sur le site Web de la GRC de la Saskatchewan.

Caroline : Si vous voulez signaler les renseignements que vous détenez à propos de cette enquête, vous pouvez contacter votre service de police local. Vous pouvez également transmettre des renseignements de façon anonyme par l'intermédiaire d'Échec au crime en composant le 1 800 222 8477 ou en laissant votre renseignement sur le site saskcrimestoppers.com.

Saison 1 : Épisode 2 Qui a tué Misha Pavelick? « Il était mon petit frère agaçant, mais je l'aimais. »

Podcast Season 1 logo image of white card with black text which reads: Misha Pavelick - Homicide - Regina Beach District - 2006.05.21

Écoutez les proches de Misha Pavelick raconter des anecdotes sur sa vie et leurs souvenirs à propos de lui jusqu'à son décès.

À quoi la scène du crime ressemblait-elle à l'arrivée des enquêteurs? Combien de personnes étaient-elles présentes le soir de la fête? Combien d'interrogatoires la police a-t-elle effectués? Découvrez ces détails et d'autres.

21 mai 2021

Saison 1 : Épisode 2 - Transcript

Caroline : Vous écoutez Qui a tué Misha Pavelick?, un balado créé par la GRC de la Saskatchewan, qui décrit l'homicide réel de Misha Pavelick survenu en 2006, ainsi que l'enquête qui est en cours. Il s'agit du deuxième épisode de cette histoire en trois parties.

Caroline : J'aimerais prendre un moment pour souligner que les terres sur lesquelles ce balado a été produit font partie du territoire visé par le Traité no 4 et constituent des terres ancestrales des Métis. Au nom de la GRC de la Saskatchewan, je présente mes respects aux Premières Nations et aux Métis de ces terres.

Caroline : Dans la version anglaise de ce balado, on entend les voix des policiers de la GRC de la Saskatchewan qui ont participé directement à l'enquête sur la mort de Misha Pavelick. On entend aussi les voix des proches de Misha et d'autres experts de la GRC. Dans la version française, leurs commentaires originaux ont été traduits en français et sont lus par des employés francophones de la GRC.

Nous souhaitons mettre en garde nos auditeurs, car certains renseignements ou enregistrements audio peuvent être considérés perturbants ou traumatisants. Le contenu de ce balado s'adresse donc à un public averti.

[Musique]

Caroline : Je m'appelle Caroline et je travaille à la GRC de la Saskatchewan.

Selon Statistique Canada, 20 homicides ont été commis en 2006 sur le territoire de la GRC de la Saskatchewan. Ils ont tous fait l'objet d'une enquête par le Groupe des crimes majeurs de la GRC. Ce nombre ne comprend pas cependant les homicides qui sont survenus dans les villes desservies par un service de police municipal, comme à Regina, Saskatoon, Prince Albert, Moose Jaw, Weyburn ou Estevan.

C'est le 21 mai 2006 que Misha Pavelick a été victime d'un homicide.

Caroline : Alors, commençons. Parlez moi de Misha.

Stephane : C'est un privilège de parler de lui et de partager mes souvenirs avec vous.

Caroline : Lorne Pavelick a parlé longuement, racontant des histoires à propos de son fils. Il a parlé ouvertement de Misha et de sa vie avant 2006.

Stephane : Dès son plus jeune âge, il était indépendant. C'était aussi un petit garçon très actif. À l'âge de cinq ou six ans, je crois, il a commencé à faire de l'athlétisme, et il excellait dans ce domaine. Je l'ai aussi amené à bon nombre de parties de hockey. Ensemble, nous construisions des souvenirs. Puis il a voulu lui-même jouer au hockey. Ce n'était pas un joueur étoile, mais il a joué dans d'excellentes équipes qui ont remporté de nombreux trophées. Pendant plusieurs années, j'ai donc été le père d'un joueur de hockey.

Caroline : J'ai également eu l'occasion de parler avec Susan, la mère de Misha, et avec Kathleen, la sœur de Misha. Toutes nos conversations ont été virtuelles, pas seulement en raison de la pandémie actuelle, mais aussi parce qu'elles vivent chacune dans des différentes villes de l'Amérique du Nord.

Susan : Il y a de belles photos de lui quand il était bébé et pendant sa jeunesse. Il aimait le sport et il avait beaucoup d'amis. C'était un garçon qui se tenait physiquement très, très occupé.

Kathleen : Je suis Kathleen Marshall, la sœur de Misha. Il était en quelque sorte l'image même du petit frère agaçant. Nous nous disputions beaucoup, vous savez, comme le font tous les frères et sœurs, mais il pouvait aussi être adorable. Il avait de grands yeux bruns et les plus longs cils du monde. C'était tout simplement un beau bébé puis un beau garçon. Et il était mon seul frère. Mes parents l'ont adopté quand j'avais six ans environ. Je me souviens du jour où je l'ai rencontré. Je rentrais de l'école, je crois, et mes parents m'ont dit qu'il fallait que j'aille dans leur chambre regarder sur le lit. J'y suis allée et j'ai vu un tout petit bébé, de six semaines, couché au milieu du lit. J'étais éberluée. Je me suis dit qu'ils étaient allés chercher ce petit garçon pour agrandir la famille. À l'époque, j'apprenais tout plein de choses sur la dynamique familiale, vous savez, et je me disais que je ne serais jamais la tante de personne. Et voilà que tout d'un coup, j'avais ce petit frère et j'étais très heureuse de savoir que j'aurais l'occasion un jour d'avoir des neveux. Malheureusement, ça n'arrivera jamais. Alors, donc, disons qu'il était tout ce qu'on imagine d'un frère ou d'une sœur. Il était mon petit frère agaçant, mais je l'aimais.

Susan : Oui, il aimait les sports d'équipe. Il les aimait tous.

Caroline : Le visage de Susan s'illumine lorsqu'elle raconte ses souvenirs de Misha. Elle est assise sur un canapé, et me parle avec sa tablette. Je suis heureuse de pouvoir la voir, non seulement pour mettre un visage sur son nom, mais aussi parce que son sourire en dit long sur son amour pour son fils et sa relation avec lui.

Susan : Il aimait les tartes et les choses comme ça, et il aimait cuisiner. Pas tout le temps, bien sûr, mais lors d'occasions spéciales, nous cuisinions ensemble. Il était plutôt mignon, beau garçon. Très sympathique, je dirais. Nous lui avons fait découvrir différentes choses. Aller voir le Fantôme de l'Opéra, par exemple. Je ne sais pas pourquoi, la première fois, j'avais acheté deux billets, parce qu'il s'est assis sur mes genoux. Nous avons fait beaucoup de voyages.

Stephane : Je ne sais pas pourquoi, mais il y a un souvenir qui me revient en tête. Il venait d'avoir cinq ans. Quand j'étais enfant, nous avions une cabane à Candle Lake. Je me souviens que la première fois que je l'y ai amené, nous nous sommes rendus à un ruisseau où j'avais l'habitude de pêcher, et je lui ai raconté y avoir attrapé mon premier poisson. Lors de son premier lancer, à cinq ans, il a attrapé un brochet, ce qui était très excitant. Ses yeux étaient ronds comme des soucoupes et bien que je l'ai aidé à le ramener, il était toutefois déterminé à sortir lui-même le poisson hors de l'eau. J'ai de beaux souvenirs de ce genre.

Susan : Je lui ai appris à conduire. Quand il a eu son permis d'apprenti, je lui ai dit : « Tu veux conduire? Il y a cinq heures de route jusqu'à ma ville natale. » On devait prendre les routes secondaires jusqu'à Swift Current. Une fois passée Lacadena, pas très loin, donc – peut-être 40 ou 50 kilomètres –, il m'a demandé : « C'est là? ». Je lui ai répondu qu'il devait continuer son chemin, qu'on avait encore quatre heures de route à faire. Alors, il m'a laissé prendre le volant. Eh voilà!

Caroline : Pourriez-vous le décrire? Vous avez évidemment parlé de sport et j'ai vu des photos de lui où il porte un chandail d'une équipe de sport, et il a un grand sourire. Pour les personnes qui n'ont jamais eu l'occasion de le rencontrer, comment le décririez-vous?

Stephane : En fait, les descriptions les plus fidèles de la personnalité de Misha sont celles que ses amis et leurs parents ont données. J'ai toujours trouvé formidable d'avoir un fils qui sait se tenir debout, qui est capable d'accepter l'amour et d'en donner.

Susan : Il avait vraiment beaucoup d'amis.

Caroline : J'ai eu le privilège de parler avec Kathleen, la sœur de Misha, un samedi après midi d'avril. Ses réponses à mes questions étaient réfléchies et sincères. C'était déchirant de l'entendre raconter la tragédie qu'elle et sa famille ont vécue.

Kathleen : Il était très populaire. Il avait beaucoup d'amis. J'ignorais à quel point jusqu'à ce qu'il meure et que j'en rencontre un grand nombre.

Stephane : Je dois dire quelque chose. Vous savez, cette idée que la plupart des parents ont que leurs enfants sont des anges. Ils les regardent et se disent qu'ils ne feront jamais rien de mal. C'est une idée fausse. Je pense que chaque enfant a son propre tempérament, et Misha n'était pas un ange. Il s'est attiré des ennuis. Il a fait certaines choses qu'il n'aurait pas dû faire, mais il n'était pas un bon menteur. Il arrivait un moment où il mentionnait qu'il avait fait ceci ou cela et précisait ce qui s'était passé. Sinon, je remarquais dans sa façon d'être ou de faire qu'il était embêté. Nous avions alors une discussion franche pour tirer les choses au clair, ce qui a entraîné certains problèmes. Il a donc quitté la maison pendant plusieurs mois. Un de ses meilleurs amis m'a alors téléphoné et m'a dit : « Misha pleure dans la chambre. Il ne sait pas que je suis au téléphone avec vous. Est ce qu'il peut rentrer à la maison? » Peu de temps après être rentré à la maison, Misha est venu me voir et il m'a dit : « Papa, j'ai été accepté au SIAST. Je veux retourner à l'école, m'instruire et avoir un métier. »

Kathleen : J'ai quitté la région pendant quelque temps. J'ai donc perdu quelques années avec lui, ces années où il laissait le garçon derrière lui et devenait un homme. Il approchait de ses 19 ans, et vous savez combien les choses peuvent changer pendant cette période. Je ne connaissais pas vraiment ses amis ni ses centres d'intérêt, mais je savais qu'il envisageait d'aller à l'école polytechnique pour apprendre un métier et qu'il essayait de reprendre sa vie en main. Il était jeune, vous savez, et il ne savait probablement pas encore ce qu'il voulait faire. Il commençait tout juste à réfléchir à l'avenir et à tracer sa voie.

Stephane : Tout allait bien. Je veux dire que les choses allaient bien à la maison, jusqu'à sa mort. J'ai eu l'occasion de lui dire que je l'aimais, et il m'a répondu qu'il m'aimait aussi. Beaucoup de parents n'ont pas cette chance. C'est un privilège d'avoir pu le faire.

Caroline : Misha est né le 20 septembre 1986. Aujourd'hui, en mai 2021, il aurait 34 ans. Il avait 19 ans lorsqu'il est décédé après avoir été poignardé lors d'une altercation dans la nuit du 21 mai 2006.

[Musique]

Caroline : Le sergent Brian Jones était l'agent des relations avec les médias de la GRC à l'époque. Lors d'un point de presse tenu à Regina, en Saskatchewan, le 13 mai 2009, la GRC a présenté la chronologie des événements qui ont mené à la confrontation violente qui a entraîné la mort de Misha et des voies de fait graves contre un autre jeune homme de 18 ans de Regina. C'est sur ce moment critique, environ entre 23 h 25 et 23 h 30, que la police a concentré son attention et continue d'être à la recherche d'un important élément d'information nécessaire pour résoudre l'affaire.

[SDTO] 10-4. Contrôle, vous pouvez …10-17. 10-Bravo 405 est en route.

Caroline : Vous êtes sur le point d'entendre la voix du caporal Marcus Crocker, du Groupe des affaires non résolues de la GRC – Sud. Il est le plus récent policier à qui l'on a assigné le rôle d'enquêteur principal de l'homicide de Misha Pavelick.

Yannick : Misha était étendu par terre. Les participants à la fête, qui étaient en fait les amis de Misha, essayaient de le ranimer. Les services médicaux d'urgence ont pris le relais et tenté de lui sauver la vie. Misha a été déclaré mort sur place, mais il a été transporté à l'hôpital Pasqua sur recommandation de la police, en raison de la scène elle même et du nombre de personnes encore présentes. Cette nuit là, le niveau d'intoxication aurait été l'un des principaux facteurs. Les émotions étaient vives chez de nombreuses personnes encore sur place. Les amis de Misha, très bouleversés, désemparés, ne pensaient pas clairement. Ils essayaient de comprendre ce qui venait de se passer.

Stephane : Cette nuit là, je la revis encore. J'entends les voix au téléphone, lorsqu'on m'a appelé depuis le lieu de sa mort.

Kathleen : Je vivais près du centre ville, vraiment très près de l'hôpital général, lorsque mon père m'a appelée pour me dire qu'il était arrivé quelque chose. Misha était blessé. Il ne savait pas à quel point, mais cela augurait mal. J'ai essayé de rester calme et je lui ai demandé où ils l'amenaient. Ayant appris qu'il était transporté à l'hôpital général, j'ai raccroché et j'ai appelé la femme de mon pasteur. Nous avons prié ensemble, puis plutôt que de prendre la voiture, j'ai couru jusqu'aux urgences. J'y suis d'ailleurs arrivée avant tout le monde.

Stephane : J'ai téléphoné à ma fille Kathleen, car on nous avait dit que Misha avait été transporté à l'hôpital. Ce qui est étrange, c'est que nous sommes arrivés à l'hôpital général et que le jeune homme qui avait été poignardé avec Misha, et qui s'est depuis remis de ses blessures, y était. Mais Misha, lui, n'était pas là. Nous attendions, assis dans la salle d'attente, et je me disais que c'était un peu bizarre.

Kathleen : Nous attendions de savoir ce qui se passait quand les amis de Misha ont commencé à remplir la salle d'attente. Ils semblaient sortis de nulle part. Il y en avait tout un groupe. Nous attendions et regardions chaque ambulance qui arrivait, puis mon père est arrivé. Quelqu'un est alors venu nous demander de les accompagner à l'arrière. Tandis que nous marchions, j'avais ce sentiment que quelque chose n'allait pas. Ce n'était pas normal. Ce n'est pas ainsi que les choses doivent se passer lorsqu'une personne est dans la salle d'opération. On n'amène pas la famille dans une salle à l'arrière de la salle des urgences. Alors, ils nous ont demandé de nous asseoir et nous ont dit qu'il était mort.

Stephane : Puis des policiers sont venus nous voir à l'hôpital général et nous ont dit qu'il avait été transporté à l'hôpital Pasqua. J'ai tout de suite pensé que c'était de mauvais augure. Alors, on est entrés dans la salle destinée aux familles, et c'est là qu'on nous a dit qu'il ne s'en était pas sorti. Je ne sais pas comment j'ai réagi. J'étais en état de choc. Vous savez, on entend les mots, mais on ne les saisit pas. On se demande si on a bien entendu.

Kathleen : Les souvenirs sont un peu flous. Je pense que j'ai dit quelque chose. Mon père pense l'avoir dit. Mais bon, en fin de compte, ça n'a pas d'importance. Le fait est qu'on a réalisé que quelqu'un devait le dire à ma mère. Nous avons, à ce moment-là, convenu que la meilleure chose à faire était d'envoyer des agents de la GRC chez elle. Au moins elle ne serait pas seule au moment d'apprendre, au beau milieu de la nuit ou très tôt le matin, une nouvelle aussi déchirante.

Caroline : Susan, la mère de Misha, vit à deux provinces de là, en Colombie Britannique.

Susan : Je dormais lorsqu'on a frappé à la porte. L'agent m'a dit ce qui s'était passé. J'ai travaillé pour la police en tant qu'actrice et l'avis de décès est une chose que je n'ai jamais faite. Il faut annoncer un décès quand il se produit, mais moi, j'ai toujours refusé de le faire. Cette nuit-là, je voulais juste que l'agent sorte de chez moi, parce qu'il mentait. Je lui ai dit de partir. Je devais intégrer tout cela, essayer de comprendre. Bon, ensuite, j'ai dû prendre des dispositions pour que mon entreprise reste ouverte. J'étais sur une île et c'était la longue fin de semaine de mai. Je ne pouvais tout simplement pas partir. Les traversiers étaient complets et ils ne voulaient pas me laisser embarquer. Alors j'ai dû attendre. Quoi qu'il en soit, c'est ce qui s'est passé, ce jour là. Ensuite, j'ai appelé quelqu'un, j'ai pris une voiture et j'ai conduit jusqu'à Canmore, où j'avais un frère, puis jusqu'à Regina.

[Musique]

Caroline : Les communications étaient différentes en 2006. Les téléphones à clapet et à glissière étaient populaires, mais beaucoup de gens n'en possédaient pas encore. Pour mettre les choses en perspective, les publicités de l'époque vantaient les mérites de fonctions telles que des appareils photo de 2 mégapixels, des claviers complets ou de la capacité de prendre en charge des cartes mémoire de 4 gigaoctets.

Alicia, une amie de Misha, était chez elle la nuit du 21 mai 2006. Elle avait décidé de quitter Kinookimaw le samedi, le jour précédant l'altercation.

Alicia : En 2006, on se demande comment vous communiquiez. C'est drôle que vous disiez cela, parce qu'en y pensant bien, je l'ai appris par téléphone. Ce n'est pas comme les messages texte qu'on reçoit immédiatement. J'avais quitté la fête environ 36 heures plus tôt et j'étais à la maison. Ma mère a répondu au téléphone et m'a dit que l'appel était pour moi. J'ai pris le combiné et c'était un de nos amis communs. Il m'a appris que Misha avait été tué. Je me souviens juste d'avoir été sous le choc. J'ai encore des frissons rien que d'y penser. J'ai immédiatement couru chez un de nos amis où beaucoup de gens s'étaient rassemblés. Tous étaient si émus, bouleversés, en état de choc, en pleurs. Je crois que nous nous sentions tous impuissants, comme traumatisés. Ça laisse toute une marque.

Caroline : Lee Rosin travaillait à la Station divisionnaire de transmissions opérationnelles de la GRC, ou la SDTO, la nuit du 21 mai 2006. Elle a pris les appels téléphoniques de personnes affolées à Kinookimaw qui demandaient une assistance policière. Lee aura 16 ans de service à la SDTO de la GRC plus tard cette année.

Janie : Je me souviens m'être sentie tellement dépassée par les événements. On enlève son casque et on le dépose dans son casier, on se retourne et on se demande ce qui vient de se passer, puis on s'assoit dans sa voiture… du moins c'est ce que je fais… et on prend quelques minutes pour retrouver ses esprits. La plupart du temps, après un quart de travail très occupé, que je sois répartitrice ou que je prenne les appels, je verse quelques larmes. Il faut que ça sorte. Puis je prends la route pour rentrer chez moi.

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Caroline : Le sergent d'état major Tim Schwartz était le gendarme de garde en 2006, lors du signalement de l'incident survenu au camping Koonikimaw, près de Regina Beach, en Saskatchewan. Il ne travaille plus au sein du Groupe des crimes majeurs de la GRC, mais il a jugé important de donner son point de vue puisqu'il était l'enquêteur principal à l'époque.

S.é.-m. Schwartz : À ce moment là, réalisant que notre groupe avait un rôle à jouer, j'ai pu transmis davantage de renseignements à l'équipe. C'est aussi à ce moment là que nous nous sommes tous réunis au bureau, au quartier général, et que nous avons commencé à établir un plan d'enquête.

Caroline : J'ai demandé au caporal Marcus Crocker d'expliquer ce qu'est un plan d'enquête. Il a expliqué que, généralement, un plan d'enquête précise les différentes pistes à suivre pour faire avancer une enquête. Il peut s'agir de revoir des témoins, d'interroger des suspects ou de soumettre à nouveau des preuves pour analyse, entre autres tâches. En 2006, le sergent d'état major Tim Schwartz a discuté avec son équipe du Groupe des crimes majeurs de la GRC à son bureau de Regina avant de se rendre sur les lieux.

S.é.-m. Schwartz : On passe en revue les renseignements dont on dispose et on pense aux lieux de l'incident afin de commencer à se faire une idée de la scène. Bien sûr, on examine les éléments de preuve, on se demande comment les préserver, sachant que l'incident s'est déroulé à l'extérieur et qu'il y a plus de 100 personnes dans les alentours, puisque c'est un terrain de camping. Il faut aussi identifier les gens avant qu'ils partent, sachant que le nom de certaines personnes pourrait avoir été mal pris en note.

Caroline : Donc, juste à partir de vos souvenirs, pourriez vous décrire les lieux pour ceux qui n'y sont jamais allés, ou même pour ceux qui y étaient? Qu'avez vous vu quand vous êtes arrivé sur les lieux de l'incident? Qu'est ce qu'on voyait?

S.é.-m. Schwartz : Le feu était éteint et il y avait eu beaucoup de grabats. Donc, ils avaient utilisé de gros morceaux de bois pour donner de la lumière et de la chaleur. Il y avait une fumée persistante dans l'air. Je crois qu'il y avait un réservoir contenant de l'eau.

Caroline : Si vous vous souvenez, dans le premier épisode, Alicia nous raconte son souvenir de son dernier moment avec Misha. Ils s'étaient assis près d'un réservoir d'eau, près du feu de camp, et discutaient ensemble.

S.é.-m. Schwartz : Les gens se sont précipités. Il était clair qu'il s'était passé quelque chose. Il y avait des tentes renversées, des objets cassés, des chaises brisées, des vêtements éparpillés, des canettes et des bouteilles dispersées partout, du verre brisé. Il y avait manifestement eu un grand rassemblement, une fête. Au premier coup d'œil, à voir ce qui avait été laissé derrière et l'état des lieux, on comprenait que les gens étaient partis en vitesse.

Caroline : Plusieurs années séparent le moment où le caporal Crocker et le sergent Schwartz sont les enquêteurs principaux de l'homicide de Misha. Un point auquel ils font invariablement référence est le grand nombre de personnes présentes à la soirée du 21 mai 2006.

Alors 170 personnes, vous dites, ont été interrogées ou ont participé à un entretien, est-ce un nombre important comparativement à d'autres enquêtes menées par un Groupe des crimes majeurs?

Yannick : En tant que membre du Groupe des crimes majeurs, ou en tant que membre en disponibilité qui prend cet appel, vous voulez savoir combien de témoins il y a. Mais lorsque vous apprenez qu'il y a 121 personnes sur cette liste, plus 11 chaperons, vous vous dites que cela fait beaucoup de témoins. Ce n'est pas une enquête ordinaire. Les homicides en général sont complexes, mais le fait d'avoir jusqu'à 200 témoins rend les choses encore plus difficiles.

S.é.-m. Schwartz : Ce n'est donc pas une mince tâche, quand il faut rencontrer un si grand nombre de personnes. Les gens sont effrayés, vous savez. En plus, il faisait noir, puisque cela s'est passé très tôt le matin. Donc, on a tenté d'obtenir une déclaration de tous ces jeunes dont le nom figurait sur la liste. Il y avait certaines similitudes dans leur récit, mais aussi des écarts importants. Bien sûr, la perspective de chacun était différente. Ce n'était certainement pas aussi clair qu'une enquête peut parfois l'être. Avec une foule aussi importante, c'était un véritable défi.

Il est minuit trente. On sait que le jour commencera à se lever dans quatre, cinq ou six heures. C'est vraiment à ce moment-là que les pièces de l'enquête commenceront à se mettre en place.

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Caroline : Voilà qui marque la fin du deuxième épisode de Qui a tué Misha Pavelick? Il reste encore un épisode de cette histoire en trois parties créé par la GRC de la Saskatchewan. Vous pouvez écouter le balado dans son intégralité sur le site Web de la GRC de la Saskatchewan.

Caroline : Si vous voulez signaler les renseignements que vous détenez à propos de cette enquête, vous pouvez contacter votre service de police local. Vous pouvez également transmettre des renseignements de façon anonyme par l'intermédiaire d'Échec au crime en composant le 1 800 222 8477 ou en laissant votre renseignement sur le site www.saskcrimestoppers.com.

Saison 1 : Épisode 3 Qui a tué Misha Pavelick? « Le temps est venu de dire la vérité… »

Stack of evidence boxes

Écoutez les entrevues avec l'enquêteur principal du Service d'identité judiciaire afin d'avoir une idée des plans d'enquête et de la collecte d'éléments de preuve. Écoutez les messages des proches de Misha Pavelick et des enquêteurs à l'intention de la ou des personnes responsables de son décès. De quel élément manquant les enquêteurs ont-ils besoin pour résoudre ce crime et pour tenir quelqu'un responsable de la mort de Misha?

21 mai 2021

Saison 1 : Épisode 3 - Transcript

Caroline: Vous écoutez Qui a tué Misha Pavelick?, un balado créé par la GRC de la Saskatchewan, qui décrit l'homicide réel de Misha Pavelick survenu en 2006, ainsi que l'enquête qui est en cours. Il s'agit du dernier épisode de cette histoire en trois parties.

Caroline : J'aimerais prendre un moment pour souligner que les terres sur lesquelles ce balado a été produit font partie du territoire visé par le Traité no 4 et constituent des terres ancestrales des Métis. Au nom de la GRC de la Saskatchewan, je présente mes respects aux Premières Nations et aux Métis de ces terres.

Caroline : Dans la version anglaise de ce balado, on entend les voix des policiers de la GRC de la Saskatchewan qui ont participé directement à l'enquête sur la mort de Misha Pavelick. On entend aussi les voix des proches de Misha et d'autres experts de la GRC. Dans la version française, leurs commentaires originaux ont été traduits en français et sont lus par des employés francophones de la GRC.

Nous souhaitons mettre en garde nos auditeurs, car certains renseignements ou enregistrements audio peuvent être considérés perturbants ou traumatisants. Le contenu de ce balado s'adresse donc à un public averti.

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Caroline : Je m'appelle Caroline et je travaille pour la GRC. Le caporal Marcus Crocker est le responsable actuel de l'enquête sur l'homicide de Misha Pavelick.

Yannick : Il s'est écoulé presque 15 ans depuis que cette personne a causé le décès de Misha. Cela fait 15 longues années que cette personne regarde par-dessus son épaule et se demande si c'est aujourd'hui que la police viendra l'arrêter. Chaque fois qu'elle voit un policier, une voiture de police ou une personne en uniforme, elle se dit : « C'est aujourd'hui que ça se passe », parce qu'un jour, c'est effectivement ce qui se passera. Elle sait ce qui s'est passé et garde cette information en elle depuis 15 ans. Elle a peut-être une famille et des enfants, et elle doit commencer à se dire que si une telle chose arrivait à ses enfants, elle voudrait obtenir l'information, n'est-ce pas? Le temps est venu de dire la vérité et de cesser de regarder par-dessus son épaule.

Caroline :En Saskatchewan, le Groupe des crimes majeurs de la GRC, ou le GCM, est divisé en deux secteurs de responsabilité : le secteur Nord et le secteur Sud. Ensemble, le GCM Nord et le GCM Sud comptent 24 policiers, ceux-ci participent à des enquêtes à titre d'experts à l'échelle de la province. Chaque programme des crimes majeurs comprend un Groupe des affaires non résolues, une section d'enquêteurs qui se consacrent à des enquêtes de longue durée toujours non résolues.

Yannick : Au sein de notre groupe, nous travaillons sur des dossiers non résolus qui nous ont été transférés du Groupe des crimes majeurs. Donc, dans le cas de l'enquête sur l'homicide de Misha, les enquêteurs des Crimes majeurs se sont vus confier le dossier et l'ont fait progresser jusqu'à un certain point. Après quoi, ils l'ont confié au Groupe des affaires non résolues. Celui-ci peut alors examiner le dossier, voir ce que les enquêteurs originaux ont fait et s'efforcer de créer un plan d'enquête pour tenter de résoudre l'affaire.

Caroline : Un plan d'enquête présente habituellement des moyens pour aider à faire progresser une enquête.

Donc, est-ce que les cas enquêtés par le Groupe des affaires non résolues sont en quelques sortes considérés comme inactifs?

Yannick : Vous savez, nous ne formons pas un grand groupe, nous sommes une petite équipe et les dossiers ne sont pas considérés comme définitivement non résolus. Ce sont tous des cas actifs d'homicides non résolus, mais nous ne pouvons toutefois pas travailler sur tous les dossiers en même temps.

Caroline : Le Groupe des affaires non résolues–Sud comprend cinq enquêteurs et un coordonnateur chargé des personnes disparues. Au moment de cet enregistrement, en 2021, 55 dossiers leur étaient confiés, ceux-ci incluent des cas de morts suspectes, de personnes disparues, d'homicides, et un cas de restes humains non identifiés.

Alors, avez-vous parlé à la famille de Misha au sujet de cette enquête?

Yannick : J'ai d'abord parlé au père de Misha, au début du printemps 2020, afin de me présenter en tant que nouvel enquêteur principal. Ça n'a pas été un coup de fil facile à faire, car je crois que je suis le quatrième enquêteur principal en 15 ans qui soit entré en contact avec eux afin de se présenter comme nouvel enquêteur responsable. Pour les proches de la victime, quand la police vient une fois de plus annoncer : « Bonjour, je suis le nouvel enquêteur responsable du dossier », il y a de quoi se demander ce que le nouvel enquêteur fera de plus que tous ses prédécesseurs.

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Caroline :Le sergent d'état-major Tim Schwartz était l'enquêteur principal en mai 2006 lorsque l'appel de service initial a été reçu au sujet d'une personne poignardée à une fête au terrain de camping Kinookimaw. Il a reçu l'appel vers 00 h 30 et a réuni une équipe du Groupe des crimes majeurs de la GRC pour commencer l'enquête.

S.é.-m. Schwartz : Nous avions une deuxième victime; nous devions nous assurer de faire le suivi à ce sujet. Ensuite, vous savez, le simple fait de se rendre sur la scène, de faire venir la Section de l'identité judiciaire et, encore une fois, ne rien perturber afin de lui permettre de faire son travail, c'est tout un casse-tête. Donc, en gros, je me suis promené avec l'équipe pour avoir un portrait global de la scène et pour tenter de déterminer la façon de faire progresser notre enquête à partir de là.

Caroline : L'un des nombreux avantages d'appartenir à un service de police provincial est d'avoir accès aux nombreux experts hautement qualifiés de la GRC. Tous les détachements et les unités peuvent leur faire appel pour les aider à mener une enquête.

Quelques exemples de certains des experts disponibles sur les territoires de compétence de la GRC de la Saskatchewan sont : les Services cynophiles, la Section des enquêtes générales, l'Unité de reconstitution des collisions, l'Équipe de récupération sous-marine, le Groupe tactique d'intervention, le Groupe des crimes majeurs et le Groupe d'enlèvement des explosifs. Ces experts, parmi tant d'autres, peuvent être déployés afin d'aider les détachements de la GRC dans toute la Saskatchewan en cas de besoin.

Yannick : Nos unités du Service de l'identité judiciaire (SIJ) jouent un rôle vraiment très important dans toute enquête sur un homicide; elles sont là pour contribuer à décrire la scène, peu de temps après leur arrivée.

Caroline: La criminalistique, ou science judiciaire, est l'analyse scientifique de preuves physiques, comme celles recueillis sur une scène de crime.

Les programmes et les services du SIJ constituent une partie essentielle de pratiquement toutes les enquêtes criminelles - ils aident les enquêteurs à résoudre un crime. La GRC de la Saskatchewan compte 26 employés dans ses Services d'identification judiciaire. Ils sont répartis à travers la province, dans les communautés de North Battleford, Prince Albert, Tisdale, Saskatoon, Yorkton et Regina. Sur demande, les experts en poste à la SIJ peuvent être déployés partout à travers la Saskatchewan pour aider les détachements et les groupes de la GRC dans leurs enquêtes.

Le sergent Kurtis Hodgins est responsable de la SIJ de la GRC de la Saskatchewan à Regina. Il convient de préciser que le sergent Hodgins n'était pas en service le soir du décès de Misha, en 2006. Mais son entrevue permet de nous donner une idée du rôle d'appui que joue la SIJ pendant les enquêtes sur les crimes majeurs.

Serg. Hodgins : On communique habituellement avec nous par l'intermédiaire de la Station divisionnaire de transmissions opérationnelles, la SDTO.

Caroline: La SDTO est la Station divisionnaire de transmissions opérationnelles. Y travaillent les opérateurs avec qui vous parleriez si vous appeliez le 911 pour demander l'aide de la GRC. Nous avons parlé avec Lee Rosin, qui travaille à la SDTO, au cours des deux derniers épisodes.

Serg. Hodgins : Nous fournissons essentiellement le même service à chaque unité qui en fait la demande : la documentation et le traitement des scènes de crime. Cela peut aller d'un véhicule volé jusqu'à des homicides multiples. Le membre nous présente une demande et indique ce dont il a besoin. Il peut s'agir de l'examen d'une scène de crime, de la documentation de la scène de crime et de sa nature (entrée par effraction, infraction contre les biens, vol de véhicule, traitement d'une scène de culture de marijuana ou de drogue) et cela peut aller jusqu'au traitement d'une scène d'homicide aux fins d'analyse de traces.

Caroline : Le sergent Hodgins a expliqué que le traitement d'une scène de crime comporte deux étapes. La première est la documentation de la scène du crime. La deuxième est l'examen de la scène aux fins d'analyse de traces. Les éléments de preuve recueillis permettent de reconstruire l'historique de ce qui s'est passé. Ce récit est ensuite interprété par différents experts.

Serg. Hodgins : Le SIJ est toujours un service de soutien pour d'autres unités de la GRC.

Caroline: Les examens de cas sont utilisés pour démontrer le soutien offert par la SIJ à une autre unité de la GRC. En 2020-2021, la SIJ de la GRC de la Saskatchewan a effectué 2186 examens de cas, un nombre à la baisse vu les 2400 examens de cas de l'année précédente.

Serg. Hodgins : Donc, en pareille situation, nous aiderions une unité du GCM, qu'il s'agisse du Sud ou du Nord. L'unité communique avec nous et nous dit : « Bon, voici ce que nous avons, nous avons un cas de mort suspecte d'une personne et nous aimerions que vous veniez documenter et traiter la scène. » Nous prenons les premières photographies, peut-être de la personne décédée, et nous documentons toute voie de contamination. S'il faut obtenir un mandat, nous nous retirons et nous attendons que celui-ci soit obtenu. Nous menons ensuite notre examen de la scène dans son ensemble. Dans le cas d'un crime majeur, nous dessinons un plan, nous mesurons la scène et nous faisons une vidéo sur celle-ci.

Caroline : Les Services nationaux de laboratoire judiciaire opèrent un système unique de laboratoire public à travers trois sites situés à l'heure actuelle à Ottawa en Ontario, à Edmonton en Alberta et à Surrey en Colombie-Britannique. Ils fournissent aux services de police de partout au Canada, en excluant l'Ontario et le Québec, des services de criminalistique en biologie, en armes à feu, en toxicologie et en analyse de traces. Ils emploient des scientifiques, des technologues et du personnel de soutien.

Serg. Hodgins : Selon le genre de preuves trouvées, par exemple, des traces de sang, s'il faut les interpréter, on communiquera avec des analystes des éclaboussures de sang de l'équipe spécialisée en la matière. Ces analystes se présenteront afin de prendre des photographies et de documenter la scène; ils pourraient aussi présenter certaines interprétations possibles des taches de sang sur la scène. Ce processus est relativement long quand il est question d'un crime majeur, comme un homicide, particulièrement en fonction des éléments de preuve dont on dispose, à cause du vaste éventail de possibilités que cela englobe. Il pourrait s'agir de sang, d'ADN, de chaussures, d'empreintes ou de preuve d'incendie. Essentiellement, nous tentons de faire tout en notre pouvoir pour aider, et tout repose sur l'idée de la collecte, de la conservation et de l'interprétation d'éléments de preuve physiques.

Caroline : Nous savons maintenant, après avoir parlé à des enquêteurs, que le Groupe des crimes majeurs de la GRC se fait appelé rapidement à la suite d'un incident. J'ai donc demandé au sergent Hodgins d'expliquer à quoi pourrait ressembler un appel pour un membre du SIJ.

Serg. Hodgins : En gros, nous avons un employé sur appel, vingt-quatre heures par jour, sept jours sur sept. Donc, maintenant, il est 22 h, un mardi, et deux personnes travaillent dans mon bureau au moment où l'on se parle. Et la SDTO possède notre numéro de téléphone; c'est toujours avec la SDTO que l'on communique en premier, n'est-ce pas, pour que celle-ci répartisse les cas entre les membres. Elle déterminera donc qui travaille et qui est sur appel et communiquera ensuite avec cette personne. Donc, oui, je pourrais tout à fait recevoir un appel à trois heures du matin, un dimanche, du Groupe des crimes majeurs pour me demander de me rendre sur une scène de crime.

Caroline :Le sergent Hodgins explique que lorsqu'un membre du SIJ reçoit un appel de service, il se rend à son bureau pour de se préparer au déploiement. Les véhicules du SIJ sont équipés à l'avance, question d'être toujours prêts à ce que les enquêteurs répondent à un appel de service et puissent faire leur travail sur toute type de scène de crime majeur.

Serg. Hodgins : La plupart des unités possèdent un véhicule qu'elles ont désigné en tant que véhicule pour les crimes majeurs et dans lequel on trouve la majorité des articles nécessaires. Pensons par exemple aux écouvillons pour prélever de l'ADN, aux réactifs pour la détermination du type de groupe sanguin, à l'équipement photographique, à l'équipement photographique adapté à la nuit, aux lumières à forte intensité, à une panoplie de sacs pour les éléments de preuve et à l'équipement de protection individuelle, pas seulement des masques et des gants, mais aussi des combinaisons complètes et des bottes, entre autres. Ainsi, quand l'appel arrive, nous n'avons pas à charger un véhicule vide : il est pratiquement déjà prêt à partir. Il faut toutefois apporter d'autres articles avec nous, comme des réserves d'eau, peut-être, si nous devrons rester sur les lieux longtemps, et de la nourriture. Peut-être que la scène du crime est extérieure, de sorte qu'il faut apporter une tente portative. S'il s'agit d'une scène où l'on trouve beaucoup de sang, nous devrons apporter suffisamment de réactifs pour déterminer le groupe sanguin. S'il s'agit d'une scène d'incendie et que nous devons circuler au milieu de matériel brûlé, nous devrons apporter des tamis, des pelles et des râteaux. Chaque scène de crime est différente, il n'y en a pas deux pareilles. On essaie de prendre autant d'équipement que l'on peut et, avec tout ce dont on a besoin, il est impossible de penser à tout. Quand on reçoit l'appel du Groupe des crimes majeurs, on leur demande ce en quoi consiste l'affaire, quel est le genre de scène et ce que l'on recherche plus précisément. Ainsi, nous nous assurons d'offrir le meilleur service possible aux membres quand nous nous rendons sur les lieux.

Caroline : En Saskatchewan, les communautés que la GRC dessert sont très diversifiées. Certaines communautés sont même uniquement accessibles par avion. D'autres communautés peuvent se trouver à plusieurs heures de route, selon l'endroit où se trouve le membre du SIJ qui répond à l'appel.

Serg. Hodgins : Dans le district du Sud, étant donné que nous couvrons aussi la région de Swift Current, notre secteur se rend jusqu'à la frontière avec l'Alberta à partir d'ici, ce qui correspond à quatre à six heures de route. Et c'est très courant pour les gens qui habitent dans le Nord, comme Battleford ou Prince Albert, que Battleford aille jusqu'à La Loche, et que Prince Albert aille jusqu'à Black Lake, et à la région de Fond du Lac, et que certaines de ces collectivités soient seulement accessibles par avion. Il s'agit donc d'une très grande étendue, qui exige de passer beaucoup de temps sur la route.

[Musique]

Caroline : La distance entre Regina et la scène du crime au terrain de camping est d'environ 55 kilomètres, ou un trajet de 40 minutes en voiture.

Le caporal Marcus Crocker hésite à donner des détails trop précis sur l'enquête en cours, ou à donner une idée des accusations qui pourraient être déposées contre des suspects. Quand des accusations sont déposées, tous les détails sont mis à la disposition du public via la procédure judiciaire.

Il confirme toutefois qu'une altercation physique est bien survenue au cours de la nuit du 21 mai 2006 entre Misha, ses amis et leurs suspects.

Yannick : Misha est décédé au terme de l'altercation.

Caroline : Misha est décédé des suites des coups de couteau qu'il a reçus et sa mort est considérée comme un homicide. Nous avons appris, au cours des épisodes précédents, qu'un ami de Misha a également été poignardé.

Vous dites donc que deux personnes ont été blessées, dont Misha, mais que s'est-il passé dans le cas de l'autre personne?

Yannick : Il a survécu à ses blessures. Il a subi une intervention chirurgicale, et même si les enquêteurs du Groupe des crimes majeurs participent maintenant à l'enquête sur le décès de Misha, ils mènent aussi une enquête en parallèle sur ce qui s'est passé dans le cas de l'autre individu. Pendant que l'on collecte des renseignements sur l'homicide, certains témoins donnent de l'information sur ce qui est arrivé à l'autre individu, tandis que d'autres donnent des renseignements sur ce qui est arrivé à Misha. Grâce à ces renseignements, on a en fait réussi à déposer des accusations à l'égard d'un individu pour voies de fait graves.

Caroline : L'homme accusé a été reconnu coupable devant la Cour du Banc de la Reine à Régina en 2007 et a purgé trois années d'emprisonnement. À ce jour, aucune accusation n'a été déposée en ce qui concerne le décès de Misha Pavelick et l'enquête demeure ouverte.

[Musique]

Caroline : Les funérailles de Misha ont eu lieu le 27 mai 2006. Il est toujours possible de lire en ligne l'article nécrologique à son sujet. On peut y lire : « Tous ceux qui connaissaient Misha aimaient son beau sourire, son rire et son sens de l'humour. Il avait un grand cœur ». Le père de Misha se souvient encore du nombre de personnes qui se sont présentées aux funérailles. [Musique]

Stephane : J'ai su après coup combien d'amis il avait. C'était bouleversant. Quand nous avons tenu les funérailles de Misha, c'était un événement d'envergure. Il y avait foule. Ils avaient… C'était… J'en ai été à bout de souffle, je n'ai pas réalisé à quel point tant de jeunes avaient été touchés. Des personnes se tenaient debout dans le stationnement du garage et dans les corridors, oui…

Caroline : À ce jour, les enquêteurs ont effectué plus de 170 entrevues, et plus de 40 indices ont été donné par des membres du public. Vous êtes sur le point d'entendre les témoignages des parents de Misha, Lorne et Susan, et de sa sœur, Kathleen.

Stephane : Je crois que certaines préoccupations ont surgi dès le début; je fais entièrement confiance aux services de police, à la GRC et au règlement de cette affaire. Beaucoup d'amis m'ont demandé comment je pouvais les appuyer quand aucune question profonde n'a surgi. J'ai du mal à en parler, parce que l'intuition est un sens précieux. Tout ce que je veux, c'est que l'affaire ne finisse pas dans un classeur et que l'on n'y touche plus jamais. Nous ne pouvons pas en faire plus. Je crois en fait que la GRC connaît l'identité de l'auteur, c'est ce que mon intuition me dit.

Susan : Je crois que c'est peut-être très difficile à prouver, et pas parce que la police est lâche et qu'elle ne fait pas son travail. Selon moi, il y avait tant de personnes, il faisait noir et tant de récits différents ont été faits des événements, sans compter qu'il se passait d'autres choses. Encore cette année, j'ai appris des éléments nouveaux.

Kathleen : C'est difficile, car je ne suis pas… J'ai de très bonnes qualités d'enquête, mais je ne suis pas enquêteuse. Ce n'est pas mon travail. En outre, je n'ai pas été assez en contact avec les enquêteurs pour pouvoir vraiment isoler leurs bons coups ou leurs mauvais coups. L'enquête n'a rien donné, 15 ans plus tard et c'est parfois frustrant, et on devient fâché et désillusionné. On se dit que Regina n'est pas une si grande ville que cela. Les gens parlent, les gens savent ce qui s'est passé. Il faut que cela devienne plus que des ouï-dire et que les gens se manifestent réellement pour dire ce qu'ils ont vu ou ce qu'ils ont appris directement de la personne, vous savez, pour nous aider à passer à autre chose.

Caroline : L'amie de Misha, Alicia, se souvient d'une augmentation dans le nombre de campagnes de sensibilisation à la violence au cours des semaines qui ont suivi la mort de Misha.

Alicia : J'ai entendu beaucoup de points de vue différents, et selon moi, c'est en partie pourquoi il est si important de parler, si vous vous souvenez d'un élément ou si la mémoire vous revient, par exemple, parce que les souvenirs peuvent changer et tout d'un coup, on a vieilli, on est plus mature et on peut dire, vous savez, maintenant je me rappelle tel élément. Il pourrait en fait d'agir d'un élément que les agents, la GRC ou d'autres auraient pu utiliser pour assembler tous les faits. Je veux dire, tout ceux qui croient savoir quelque chose, qu'un souvenir énerve ou qui pensent qu'ils auraient peut-être dû dire quelque chose, vous avez le droit de le dire. Et tout ira bien.

Stephane : Je parle à la personne qui l'a fait ou aux personnes qui savent qui l'a fait. Je ne peux pas imaginer à quel point vous devez souffrir. Je parle de la vraie souffrance, celle que vous refusez d'admettre, parce que vous ne vous êtes pas encore manifesté. Cela n'aide pas votre vie, cela n'aide tout simplement pas votre vie. C'est dommage. Quelle chose à donner à votre famille ou à vos enfants! Parce qu'un grand nombre des personnes qui se trouvaient sur les lieux ce soir-là sont mariées et ont des enfants, un héritage.

Caroline : C'était Lorne, le père de Misha, que l'on vient d'entendre. Vous allez maintenant entendre sa sœur Kathleen and et sa mère Susan.

Kathleen : On ne peut tout simplement pas prendre la vie de quelqu'un et continuer ensuite de vivre la sienne en pensant que tout ira bien. Vous êtes probablement blessé d'une certaine façon, peut-être cette pensée vous torture-t-elle et peut-être vous fâchez-vous contre d'autres personnes pour y faire face; en tant qu'être humain, toutefois, vous êtes responsable de ce que vous avez fait.

Susan :Ils ne se sentaient probablement pas en sécurité et ne réfléchissaient pas de façon rationnelle à ce moment-là, et ils avaient quelque chose à prouver. Bien entendu, ils ont prouvé, vous savez, que Misha était aimé. Quand il était jeune, il s'agrippait à moi, il était toute ma vie. Le deuil, vous savez, on ignore ce que c'est tant que l'on ne l'a pas vécu.

Stephane : Il me manque beaucoup; pas un jour ne passe sans qu'il me manque. Peu importe. J'ai toujours dit que le deuil ressemble à la marée qui vient et qui va; quand elle arrive, on ne peut pas l'arrêter.

Caroline : Pendant ma conversation avec Susan, la mère de Misha, elle a partagé qu'à un moment donné au cours des quinze dernières années, elle a décidé de se rendre au terrain de camping où Misha avait été tué.

Susan : Une année, je me suis rendue au terrain de camping en voiture avec mon amie Patty, qui conduisait, et j'ai été surprise. Il était situé dans les prairies, il ne ressemblait pas à un lieu démoniaque, ce n'était qu'un lieu quelconque.

Caroline : Quelle est la pièce manquante dont les enquêteurs ont besoin pour résoudre ce crime et pour tenir quelqu'un responsable de la mort de Misha?

Yannick : Il s'agit d'un immense casse-tête. Toute l'information au sujet de Misha, de cette fin de semaine-là, de cette soirée-là et des jours suivant le drame est importante. Il pourrait s'agir d'un élément dont nous avons besoin et qui fait progresser le dossier. Donc, toute information est importante. Des personnes, des témoins sont au courant, mais ils tentent de protéger quelqu'un, sans compter que la police n'est pas aimée de tous.

Stephane : J'espère seulement que quelqu'un en a assez et qu'il ne peut plus vivre avec ce secret, qu'il ne veut plus vivre avec ce secret, parce que cela ne fait qu'empoisonner sa vie. Pour se libérer, il faut dire la vérité à quelqu'un et il y a une façon de le faire.

Caroline : Et si la personne qui sait quelque chose a peur de se présenter à la police? Et qu'elle voudrait dire quelque chose, que lui diriez-vous? Que peut-elle faire si elle veut rester anonyme? À quoi cela ressemble-t-il?

Yannick : Nous demandons aux personnes qui souhaitent se manifester et qui sont à l'écoute de communiquer avec le Groupe des affaires non résolues, de communiquer avec la GRC. Il y a des façons d'agir si vous avez peur. Vous pouvez par exemple communiquer avec le programme Échec au crime. Vous devez maintenant songer à ce qui est important, parce que les auteurs de ce crime sont toujours en liberté après 15 ans. Et les personnes qui sont au courant se promènent aussi en liberté depuis 15 ans et personne n'est tenu responsable. Le temps est donc venu de tenir ces personnes responsables.

Nous voulons savoir ce qui s'est passé; les gens se souviennent encore de Misha, et ils se souviennent encore de ce qui s'est passé ce soir-là.

[Musique]

Caroline : Nous tenons à remercier les proches de Misha pour nous avoir permis d'inclure dans ce balado leurs voix, leurs mots et les expériences qu'ils ont vécues.

Si vous détenez des renseignements au sujet du décès de Misha Pavelick ou de cette enquête, communiquez directement avec les enquêteurs du Groupe des affaires non résolues de la GRC par téléphone au 639-625-4252.

Le programme Échec au crime est réellement anonyme : vous n'avez pas à vous identifier. Pour le contacter, appelez au 1-800-222-8477 ou transmettez votre renseignement en ligne sur le site Web www.saskcrimestoppers.com.

Merci d'avoir écouté Qui a tué Misha Pavelick?, un balado créé par la GRC de la Saskatchewan, qui décrit l'homicide réel de Misha Pavelick survenu en 2006, ainsi que l'enquête qui est en cours. Vous pouvez écouter le balado dans son intégralité sur le site Web de la GRC de la Saskatchewan.

À propos :

GRC en Saskatchewan 10-36 : EN SERVICE est un balado sur la GRC en Saskatchewan. On y explore de multiples aspects des services de police en Saskatchewan et on y présentera des enquêtes et un vaste éventail d'unités spécialisées d'un bout à l'autre de la province.

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Nous remercions les proches de Misha

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Si vous voulez signaler les renseignements que vous détenez à propos de cette enquête, vous pouvez contacter votre service de police local. Vous pouvez également transmettre des renseignements de façon anonyme par l'intermédiaire d'Échec au crime en composant le 1 800 222 8477.

Qui a tué Misha Pavelick? Un nouveau balado de la GRC en Saskatchewan met en lumière cette affaire non résolue