L’arrivée de femmes au sein du Carrousel
Avant 1980, quand on pensait à la Gendarmerie royale du Canada, on pensait presqu'immédiatement au cavalier en tunique rouge avec son étalon noir, participant fièrement au spectacle équestre de renommée internationale qu'est le Carrousel.
Christine (Mackie) Windover aime les chevaux et fait de l'équitation depuis son enfance, mais à l'époque il n'y avait même pas de femmes dans les rangs de la GRC. Elle ne s'était jamais imaginée qu'elle aurait la chance un jour de monter à cheval comme membre de la Gendarmerie.
Windover passait tout son temps libre dans les écuries et à cheval, et y dépensait tout son argent de poche. Passionnée d'équitation depuis l'âge de six ans, elle n'avait aucune idée que son amour des chevaux lui permettrait de faire carrière comme policière.
« Je travaillais comme secrétaire à Radio-Canada à Yellowknife quand j'ai su que la GRC acceptait maintenant des femmes comme cadets. J'ai envoyé ma demande, et j'ai fait partie de la deuxième troupe féminine en 1975. La première chose que j'ai faite en arrivant à la Division Dépôt, c'est trouver un cheval à louer. »
Par chance, elle a découvert qu'une de ses compagnes de troupe était fiancée à un membre du Carrousel, qui donnait des spectacles à Regina cet été-là. « Cela n'a pas été facile, mais j'ai eu l'occasion de participer à un exercice avec eux. »
En 1978, après ses deux années de service obligatoires, Windover a demandé une mutation au sein du Carrousel. À sa grande déception, elle a reçu une lettre du commissaire de l'époque, M. Robert Simmonds, lui indiquant que les femmes n'y étaient pas permises puisque le travail physique était beaucoup trop exigeant et elles ne portaient pas le même uniforme que les membres masculins. Elle aurait à patienter encore deux ans avant que la Gendarmerie ne décide de permettre aux femmes de devenir membres du Carrousel.
La formation à la Division Dépôt n'avait pas été facile, où la présence de femmes était encore un nouveau concept qui ne faisait pas l'affaire de tous, mais l'entraînement pour le Carrousel a été de loin « les pires deux mois de ma vie ».
« À l'époque, il fallait monter à cheval sans utiliser les étriers, qu'on soit homme ou femme. Si on n'était pas capable de se mettre en selle, on ne s'entraînait pas à cheval. C'était l'enfer. Heureusement, j'avais un excellent partenaire. Il n'avait jamais monté à cheval, donc moi je lui ai donné des conseils et lui, il m'a aidé, une ou deux fois, à monter en selle. »
« Je ne pense pas avoir été traitée différemment des hommes. Et ce fut très, très difficile mentalement et physiquement. » Le manque de tenue appropriée compliquait davantage les choses. « On n'avait jamais eu à fournir des culottes ou des bottes aux femmes. Il a fallu attendre trois semaines pour faire faire les vêtements appropriés! »
Christine Windover et Joan Merk ont été les deux premières femmes à devenir membres du Carrousel, et elles ont formé un lien très fort. « Tout le monde nous regardait, attendait qu'on fasse une erreur, et certains membres ne nous ont même pas parlé pendant toute la première année… ça n'a pas été facile. Mais il y a eu beaucoup de choses positives aussi… je me suis fait des amis extraordinaires et j'ai plein de beaux souvenirs. »
Un de ces souvenirs remonte à 1987. C'était le centenaire du Carrousel, et on avait organisé un gros spectacle et rassemblement à la Division Dépôt, l'École de la GRC à Regina. De nombreux membres retraités étaient surpris de voir des femmes faire partie du Carrousel, voire le diriger. « J'ai gardé le sourire, mais il y avait plein de gens de la vieille école qui étaient étonnés de me voir en tête de file. Mais le plus important pour moi, c'est que ma mère était là pour voir son premier spectacle. »
Windover est devenue instructrice au sein du Carrousel et a été promue au grade de caporal en 1986, une autre première pour la Gendarmerie qui ne faisait pas le bonheur de tous. « C'est facile d'entraîner des chevaux, mais c'est tout un défi que d'entraîner des personnes. Il y en avait qui ne voulaient rien savoir d'une femme comme superviseure. » C'était une autre époque, et les choses ont beaucoup changé dans les 30 dernières années. « J'espère avoir contribué un peu à l'évolution du rôle des femmes à la Gendarmerie, mais j'étais naïve à l'époque, je ne savais pas vraiment qu'on ne devait pas nous traiter de telle ou telle façon. Il y avait d'excellents instructeurs, c'est juste qu'il n'y avait pas beaucoup de femmes, donc il fallait vraiment compter sur soi-même. »
Les femmes ont fait beaucoup de chemin depuis. En 1999, lors des célébrations du 25e anniversaire de la présence de femmes dans la Gendarmerie, Windover a eu l'honneur de conduire le carrosse, suivie d'une escorte de cavalières. « Ce fut un moment touchant pour moi, de conduire le carrosse aux Cérémonies du crépuscule pour célébrer les innombrables réalisations des membres régulières sein de la Gendarmerie. »
Maintenant à la retraite, Windover continue de travailler avec les chevaux, en tant que copropriétaire et gestionnaire d'écurie d'un centre d'équitation dans l'est de l'Ontario. Sa passion des chevaux demeure intacte, tout comme son respect pour la Gendarmerie. Son message aux nouvelles recrues est le suivant : « Menez au lieu de suivre. Ce sera plus difficile, mais vous en sortirez beaucoup plus fortes. »
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