Les femmes dans les laboratoires judiciaires de la GRC

Bien que les émissions à saveur scientifique comme Les Experts (ou CSI en version originale) occupent une grande place dans le paysage télévisuel actuel, il n'y a pas si longtemps, le recours à la science pour élucider des crimes semblait assez inattendu. Mais en réalité, la science sert à résoudre des crimes depuis plus d'un siècle.

La GRC a ouvert son premier laboratoire judiciaire à Regina (Saskatchewan) en 1937. Petit et mal équipé selon les normes actuelles, ce premier laboratoire alors sous la direction de M. Maurice Powers, Ph.D, servait à analyser des projectiles, des empreintes digitales, du sang, du sperme, des cheveux, des fibres, des rognures d'ongles, des photographies et d'autres documents.

Aujourd'hui, les Services des sciences judiciaires et de l'identité de la GRC continuent de fournir une aide précieuse aux enquêteurs policiers de première ligne de partout au Canada et d'ailleurs dans le monde en fournissant une vaste gamme de programmes et de services judiciaires, notamment :

  • des services de science judiciaire,
  • des services d'identité judiciaire,
  • des services d'identification dactyloscopique,
  • des programmes de dépôt d'empreintes digitales,
  • la Banque nationale de données génétiques.

Des 213 scientifiques et techniciens (tous membres civils de la GRC) qui traitent les dossiers de cas dans l'ensemble du Canada pour les Services de laboratoire judiciaire de la GRC, 69 p. 100 sont des femmes.

  • C'est le Service de biologie qui compte le plus fort pourcentage de femmes (79 p. 100).
  • Les Services des armes à feu et des traces d'outil emploient des femmes à 45 p. 100.
  • Exception faite de la section chargée des armes à feu, toutes les sections des laboratoires réunies emploient à plus de 50 p. 100 des femmes scientifiques et techniciennes.

« Les laboratoires ont sans aucun doute réalisé des progrès considérables, déclare Malcolm Gutfriend, gestionnaire de programme pour les Services d'analyse de traces des Services de laboratoire judiciaire à la Direction générale de la GRC à Ottawa (Ontario). Au début des années 1960, Ed Perreaux a été embauché comme aide-soignant par le laboratoire de Regina. Lorsqu'il a pris sa retraite au milieu des années 1990, on a découvert que la description originale de son poste se trouvait toujours dans son dossier du personnel. Une de ses tâches consistait à conduire les expertes judiciaires au tribunal lorsqu'elles devaient aller y témoigner, parce qu'elles ne pouvaient pas conduire. »

Dre Frances McGill, la première femme spécialiste de la médecine légale à la GRC

Bien que le premier groupe d'enquêteurs judiciaires ayant travaillé au laboratoire de Regina sous la direction de M. Powers étaient tous des hommes, c'est une femme qui a succédé à M. Powers. La Dre Frances McGill, parfois appelée la « première policière montée », a été la première femme spécialiste de la médecine légale à la GRC.

Surnommée la « Sherlock Holmes de la Saskatchewan », la Dre McGill était une véritable pionnière. Après avoir obtenu son diplôme en médecine à l'Université du Manitoba en 1915, alors que peu de femmes étudiaient la médecine, elle a consacré la majeure partie de sa vie à la médecine légale, une science nouvelle au Canada à l'époque.

En 1918, la Dre McGill a été nommée bactériologiste provinciale pour le ministère de la Santé de la Saskatchewan. Elle travaillait avec zèle, particulièrement pendant l'épidémie de grippe espagnole. En 1920, elle est devenue anatomopathologiste provinciale et, deux ans plus tard, directrice du laboratoire provincial, où elle se chargeait principalement des morts suspectes. Ses fonctions l'ont amenée à travailler en étroite collaboration avec différents services de police, dont la GRC, et lui ont permis de se tailler une réputation de criminaliste d'exception. Elle a quitté ses fonctions d'anatomopathologiste pour prendre sa retraite en 1942.

En 1943, la Dre McGill est officiellement entrée en fonction à la GRC pour remplacer M. Powers, le directeur du laboratoire judicaire de Regina qui était décédé dans un écrasement d'avion. À la GRC, la Dre McGill formait les futurs policiers et détectives dans les domaines de la médecine légale, de l'anatomopathologie et de la toxicologie. Elle leur enseignant comment recueillir les éléments de preuve et assurer leur conservation, étudier les lieux d'un crime et distinguer le sang animal du sang humain.

Après avoir officiellement quitté ses fonctions à la GRC, la Dre McGill a été nommée chirurgienne honoraire de l'organisation le 16 janvier 1946, et à ce titre, était une conseillère pour la Gendarmerie. Elle est demeurée active jusqu'à son décès en 1959.

Reconnue pour son professionnalisme infaillible, la Dre McGill a acquis une solide réputation de femme qui travaille sans relâche dans une profession dominée par les hommes. Sa réussite est sans aucun doute attribuable à sa devise personnelle : « Il faut penser comme un homme, se conduire comme une dame et travailler comme un chien. »

Surint. Tracy Ramsay, la première femme spécialiste de l'identité judiciaire à la GRC

Le saviez-vous?

Une femme, membre civile, a été nommée experte scientifique en chef en sérologie aux laboratoires de la GRC pour la première fois en 1968.

En 1989, après avoir travaillé pendant huit ans à la Division E (Colombie-Britannique) en tant qu'agente des services généraux et que membre de la Section des enquêtes générales, Tracy Ramsay, qui était gendarme à l'époque, a posé sa candidature pour faire partie du Service de l'identité judiciaire à un moment où la GRC s'efforçait d'attirer des femmes dans ses sections spécialisées. Depuis le début de sa carrière dans la police, elle avait été témoin du travail des spécialistes de l'identité judiciaire sur des lieux de crime, un travail qu'elle tenait en haute estime. Lorsqu'un collègue lui a fait remarquer que son souci du détail pourrait faire d'elle une bonne candidate pour l'identité judiciaire, elle a décidé de faire le grand saut.

Après sa formation de huit semaines, elle a suivi le Programme d'apprentissage en identité judiciaire pendant un an avant d'être évaluée par le comité de certification. Bien que, de son propre aveu, le processus pour devenir spécialiste de l'identité judiciaire ait été ardu, elle n'a jamais eu l'impression que le fait d'être une femme ait fait une quelconque différence. Elle a été bien accueillie et s'est sentie respectée par les autres spécialistes de l'identité judiciaire, des professionnels dévoués prêts à transmettre leur savoir-faire.

Les policiers affectés aux services généraux sont formés pour témoigner en cour, mais ceux qui se spécialisent dans des domaines comme l'identité judiciaire doivent acquérir les qualifications professionnelles requises pour pouvoir rendre un témoignage d'expert. Puisque les tribunaux accordent une grande importance aux témoignages d'experts, ils demandent à ces derniers, avant de leur permettre de témoigner, d'expliquer clairement leurs qualifications et compétences. Chaque fois qu'un tribunal accepte le témoignage d'un expert, les qualifications de ce dernier se trouvent renforcées. Naturellement, les témoins experts sont extrêmement fiers de leurs qualifications.

« C'est un travail de minutie exigeant. Personne ne voudrait offrir un témoignage qui crée des précédents défavorables. En tant que spécialistes de l'identité judiciaire, nous ne perdons jamais de vue le fait que nos témoignages peuvent déterminer si quelqu'un ira ou non en prison. Nous devons être absolument certains d'avoir suivi une méthode scientifique rigoureuse et de pouvoir justifier nos conclusions », explique la surint. Ramsay.

Après avoir évolué pendant 16 ans en tant que spécialiste de l'identité judiciaire, elle a quitté le domaine, aspirant à obtenir son brevet d'officière. Bien qu'elle se plaise énormément dans son poste actuel dans le Secteur du dirigeant principal de l'information, lorsqu'on lui a demandé si l'identité judiciaire lui manquait, elle a répondu : « Mais bien sûr! J'y retournerais n'importe quand. »

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