Une carrière faite de moments forts
Il n'a pas fallu longtemps à Donna Morse pour prouver qu'elle était apte à patrouiller dans les rues de Port Alberni, en Colombie-Britannique (C.-B.).
À peine quelques semaines après sa sortie de l'École de la GRC, la jeune membre de la Troupe 17, alors âgée de 21 ans, se retrouvait la gorge serrée dans les mains d'un suspect, prêt à lui arracher l'âme, à l'intérieur d'un comptoir de poisson-frites local.
Deux personnes avaient été projetées à travers la vitrine d'un magasin voisin parce qu'elles avaient refusé de donner de l'argent à un grand homme aux longs cheveux blonds. Comme le détachement était très occupé, Mme Morse a été dépêchée sur place toute seule. Dès qu'elle s'est approchée du suspect, resté attablé, et a touché son épaule pour l'inviter à sortir, ce dernier a bondi et l'a agressée.
Tout d'un coup, elle luttait pour sa vie. En appliquant les « techniques de combat au sol » qu'elle avait apprises à la Division Dépôt, elle a réussi à se dégager et à enfermer l'homme à l'arrière de son auto-patrouille.
« Disons que j'ai eu chaud, confie-t-elle. Ça m'a montrée que j'étais bien formée; tout était question d'instinct ». L'homme, connu du détachement, a écopé d'une peine d'emprisonnement de deux ans moins un jour.
Bien que l'incident n'ait pas été la meilleure façon de montrer ce dont elle était capable, Mme Morse (née Burns) savait qu'il s'agissait là d'un tournant dans sa vie de policière débutante. « Je crois fermement que cet incident m'a permis de me tailler une solide réputation auprès des autres policiers et de la collectivité en tant que policière compétente », souligne-t-elle.
Mme Morse a grandi dans un contexte familial difficile qui l'a poussée à quitter la maison à l'âge de 17 ans. En 1974, elle travaillait comme caissière de banque lorsque sa mère lui a annoncé que la GRC acceptait les candidatures de femmes. Elle voyait bien qu'elle stagnait à la banque – seuls les hommes étaient choisis pour la formation en vue d'un avancement.
De père policier au service de police de Calgary et déjà intéressée par le métier, elle a présenté une demande sans hésiter.
« Le processus s'est déroulé si vite que je me suis sentie comme emportée par le courant des évènements », raconte-t-elle, dans le confort du coin de détente de sa résidence de la région de Vancouver, décorée des nombreux souvenirs de sa carrière de 21 ans à la Gendarmerie. « Honnêtement, je n'avais aucune idée dans quoi je m'embarquais. »
Elle « s'embarquait » dans une carrière enrichissante qui, à ses dires, compte beaucoup pour elle et sa famille.
À Port Alberni, elle a fait la rencontre de Ron Morse, un de ses collègues, au cours d'une enquête sur une mort subite et s'est vite liée d'amitié avec lui. Lorsqu'il l'a demandée en mariage, elle n'a pas hésité à répondre « oui ».
Lorsque le couple a annoncé la grande nouvelle au chef de détachement, ce dernier en est resté « abasourdi ». En moins de 24 heures, un agent d'affectation de Victoria (C.-B.) arrivait pour trouver une solution à cette situation nouvelle.
« Ils ne savaient que faire de notre cas », déclare Mme Morse. Son mari et elle n'ont plus jamais travaillé ensemble, et à la Direction générale, à Ottawa, on s'est précipité de rédiger une politique régissant les relations entre membres dans l'avenir. En novembre 1975, le couple convolait en justes noces.
« Pour blaguer, nous racontons à nos enfants qu'on s'était donné notre premier rendez-vous dans une salle d'autopsie », dit-elle en riant. Marié depuis 39 ans, le couple a trois enfants.
Leur fille, qui prévoyait joindre les rangs de la GRC, a dû renoncer à son projet à cause d'une blessure. Aujourd'hui, elle est répartitrice du service 9-1-1 à Surrey (C.-B.), le plus grand détachement de la Gendarmerie.
Après sa retraite de la GRC, Mme Morse a dirigé pendant 19 ans les opérations de sécurité pour la Liquor Distribution Branch de la C.-B. Malgré tout, elle se sent davantage attachée à la GRC.
« J'ai connu de bons moments, de mauvais moments et des moments difficiles, mais j'ai eu une carrière absolument formidable à la GRC, et, si c'était à refaire, je la referais volontiers », lance-t-elle.
« La GRC a fait de moi qui je suis. »
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