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Un agent de la GRC en tunique rouge fait face à une salle remplie d'autres agents de la GRC en tunique rouge portant des Stetsons. Le mur derrière lui montre des affiches d'agents de police.

Dans ces questions-réponses, le comm. adj. Ches Parsons de la GRC nous parle de son traumatisme pour aider les autres (Série sur la santé et le mieux-être, partie 2)

Le commissaire adjoint de la GRC Ches Parsons souhaite parler de son traumatisme et de son rétablissement pour encourager les autres à obtenir l'aide dont ils ont besoin. Crédit : GRC

Le commissaire adjoint Ches Parsons a passé plus de 35 ans au sein de la GRC, que ce soit comme policier de première ligne ou dans des postes de haute direction. Le travail a aussi eu des effets néfastes sur sa santé mentale, y compris une longue lutte avec le trouble de stress post-traumatique (TSPT). Paul Northcott, rédacteur de la Gazette, s'est entretenu avec M. Parsons au sujet du traumatisme auquel il a fait face, de son rétablissement et de ce qu'il espère accomplir comme champion de la santé mentale de la GRC.

Parlez-moi un peu de votre parcours professionnel. Quel type de travail avez-vous fait?

J'ai passé près de 15 ans dans ce que nous appelons des affectations temporaires. Mes premières affectations étaient à Fort McMurray, en Alberta, puis je suis allé dans les Territoires du Nord-Ouest. J'ai travaillé au sein des services généraux dans la région d'Inuvik, puis dans l'équipe chargée du crime organisé et dans le Groupe tactique d'intervention (GTI) à Yellowknife pendant environ dix ans. En 2001, je suis venu à Ottawa dans le cadre de la réponse de la GRC aux attaques du 11 septembre.

J'ai travaillé à la sécurité nationale jusqu'en 2018, plus récemment comme directeur général, Sécurité nationale de la Police fédérale. Je suis ensuite rentré à Terre-Neuve-et-Labrador pour devenir commandant divisionnaire. En août 2021, je suis revenu à Ottawa pour occuper mon poste actuel de commandant de la Division nationale.

Parlez-moi du traumatisme auquel vous avez fait face pendant votre carrière?

Dans les premiers temps, j'ai été impliqué dans un certain nombre d'incidents violents. Il s'agissait souvent d'incidents évités de peu, que ce soit une attaque au couteau ou des tireurs actifs. Se faire tirer dessus avec des balles, se retrouver entouré de fragments et voir un collègue du GTI être abattu pendant un combat actif – tout cela est très difficile à assimiler.

Dans les cinq mois après mon arrivée à Fort McMurray, mon formateur s'est enlevé la vie. Deux autres agents qui étaient proches de moi se sont également suicidés. Personne à cette époque n'était formé ni sensibilisé, et il y avait tellement de stigmatisation liée à la maladie mentale. Personne n'osait dire quoi que ce soit.

Quand et comment avez-vous fait face à vos défis liés à la santé mentale?

Je suis très ouvert au sujet de mon TSPT et de la réussite de mon traitement. Les gens me demandent quel a été le moment déterminant. Dans mon cas, j'en avais simplement assez de vivre dans l'inconfort. En premier, j'ai essayé d'obtenir un traitement pour le TSPT, c'était autour de 2015. Un psychiatre de la GRC m'a dit que j'aurais les meilleurs soins possibles. Mais le traitement n'a jamais eu lieu et ça a été très difficile pour moi.

En 2018, j'ai finalement eu un traitement pour le TSPT et le traumatisme fondé sur toute cette violence et cette horreur que j'ai endurées. J'ai reçu une psychothérapie appelée intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires ou EMDR, et c'était miraculeux. J'ai aussi reçu un peu de thérapie cognitive.

Toutefois, lorsque j'ai terminé, je savais que les choses n'étaient pas entièrement rétablies et que je n'en avais pas fini avec la thérapie. L'EMDR et la thérapie cognitive sont habituellement offertes dans un format de soins externes, mais je pense que pour les personnes aux prises avec un véritable TSPT, elles ne peuvent vous amener que jusqu'à un certain point. Il vient un moment où vous devez avoir recours à des moyens un peu plus musclés.

Une personne aux prises avec le TSPT ne se souvient pas des événements, elle les revit. Alors, ce qui m'est arrivé pendant mes 15 premières années de service, je le revis tout le temps. Et le cerveau aux prises avec le TSPT se souvient de ces choses différemment, habituellement de façon beaucoup plus catastrophique. En février 2022, je suis parti pendant sept semaines à Edgewood, qui est un centre de traitement à Nanaimo, en Colombie-Britannique. Ils ont sorti la négativité que j'avais en moi. Même s'il est impossible d'oublier tout cela, les traumatismes n'ont plus le profond effet émotionnel et physique qu'ils ont déjà eu.

Pouvez-vous me parler de votre décision de demander de l'aide?

Ce sera toujours une décision difficile à prendre. La difficulté ne concerne pas la décision, mais les conséquences de celle-ci. Cela demeure stigmatisé et, lorsque l'on demande de l'aide à une étape avancée de son parcours professionnel, oui, il y a moins à perdre. Est-ce que j'aurais fait cela comme surintendant il y a 10 ans? Probablement pas.

Quelle a été la réaction des autres?

Certains ont envoyé des courriels, d'autres ont téléphoné, mais la plupart des gens n'ont rien dit.

C'est dans ce silence que l'on comprend la stigmatisation associée à ce problème. Parmi les personnes qui m'ont soutenu, la plupart portaient leurs propres démons. Ceux qui ont tendance à garder le contact vérifient déjà l'état des personnes qu'ils savent souffrantes. Notre jargon pour cela est la « surveillance entre coéquipiers ». Je surveille mes coéquipiers tous les jours et mes collègues s'assurent que je vais bien aussi.

Les agents de la police continuent de penser que s'ouvrir sur sa santé mentale ou demander de l'aide nuira à leur carrière ou à leur réputation. Qu'en pensez-vous?

Actuellement, à la GRC, il y a une bien plus grande sensibilisation concernant les effets de la maladie mentale, mais il y a encore énormément de stigmatisation à l'égard des personnes qui en parlent. Nous nous éloignons de la perception que la maladie mentale est un signe de faiblesse, mais nous n'en sommes pas encore très loin. La culture de la GRC est toujours un lieu où beaucoup de personnes souffrent, mais n'en parlent pas par peur des conséquences – qu'elles soient réelles ou perçues.

Vous êtes maintenant un champion de la santé mentale de la GRC. Que représente ce rôle pour vous?

Pour moi, c'est une opportunité. Nous nous efforçons de trouver des engagements pour les employés. Nous parlons aux équipes de gestion de la GRC de l'importance de parler du TSPT.

Cela signifie de se présenter, de parler aux gens et de dire aux personnes qui souffrent : « Regardez, vous pouvez aller mieux, vous pouvez revenir, et vous pouvez continuer de contribuer ». Aux personnes qui ne souffrent pas : « Vous devez comprendre que vos collègues ont le droit de recevoir un traitement et d'être traités équitablement ».

Je veux que la stigmatisation concernant la santé mentale soit entièrement supprimée et je veux que les membres soient respectés. Je veux que les blessures psychologiques soient reconnues comme les blessures honorables qu'elles sont.

Quel conseil sur la santé mentale donneriez-vous aux autres?

Vous devez défendre vos intérêts. Si vous ne vous sentez pas bien à cause d'un événement qui s'est produit au travail, vous devez parler de vos préoccupations. Il y a des conséquences à long terme lorsque vous camouflez votre traumatisme.

Et maintenant, ça va?

Je n'aime pas dire cela, mais je suis probablement plus sain que la plupart des gens. Rien ne me trouble. Je ne m'inquiète pas. Je ne me préoccupe pas des choses.

Je porte encore quelques ressentiments à l'égard de la GRC, car les choses ont été mal faites. Physiquement, je ne peux pas défaire les dommages du TSPT, mais je peux certainement maintenir ce qu'il reste de ma santé générale.

Si vous avez besoin d'aide ou connaissez quelqu'un qui a besoin d'aide, contactez l'une des ressources en santé mentale suivantes.

Ressources en santé mentale pour les Canadiens

Parlons suicide Canada : 1-833-456-4566

Ressources de santé mentale et lignes d'écoute téléphonique

Stratégies favorisant la santé mentale en milieu de travail

Ressources en matière de santé mentale pour les employés de la GRC

Santé mentale, mieux-être et soutien

Pour obtenir une copie de la Stratégie de la GRC sur le mieux-être des employés 2021-2024, veuillez envoyer une demande à RCMP.MentalHealthActionPlan-PlanActionSanteMentale.GRC@rcmp-grc.gc.ca.

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